jeudi 26 avril 2012

Refonte du programme Arts et lettres; le comité des enseignants des sciences humaines se prononce

Voici la résolution votée par les profs présents à la réunion du Comité des enseignants des sciences humaines tenue à Québec le vendredi 20 avril :

Programme «Culture et communication» en remplacement
du programme Arts et lettres
  • Attendu que les libellés de compétence tels que rédigés dans la proposition actuelle du nouveau programme Arts et lettres empiètent sur des disciplines de sciences humaines;
  • Attendu que le nouveau programme Culture et communication, tel que proposé, risque d’engendrer des conflits locaux, vu les différentes interprétations qu’on peut donner à ces compétences;

  • Attendu l’importance de veiller à la qualité de l’enseignement disciplinaire;
 Le comité des enseignants des sciences humaines propose que le Ministère revoie les libellés de compétences et le titre du programme (Culture et communication), tel qu’on peut les lire dans le projet de nouveau programme, pour éviter toute confusion sur les disciplines appelées à enseigner les compétences de ce programme.

Proposé par Louis Lafrenière
appuyé par plusieurs profs...

***

Seront-ils écoutés?

mardi 24 avril 2012

De l'éducation; un point de vue finlandais!

En Finlande, un petit pays prospère de Scandinavie, on a à coeur l'éducation des petits. Ils ont organisé là-bas un système très original financé par l'État. Pour avoir une idée de ce qu'ils font là-bas, nous vous invitons à visionner ce reportage - surtout à partir de la 31ième minute :


Par ailleurs, pour nourrir votre réflexion sur les droits de scolarité,  nous vous invitons à consulter l'analyse suivante publiée dans le Devoir.


Et si jamais le coeur vous en dit, vous pouvez signer la pétition en ligne sur le site de l'Assemblée Nationale :



  

dimanche 22 avril 2012

Annulation de la journée d'étude du RSHCQ

Le mouvement étudiant ne s'étiole pas! Le bras de fer avec le gouvernement Charest se continue. Malheureusement la  judiciarisation de la grève étudiante émimenment politique a jeté de l'huile sur le feu. Les scénarios de dénouement de crise deviennent de plus en plus flous. 
Annulation de la journée d'étude
Devant l'incertidude quant au dénouement du conflit, devant l'incertitude d'un retour en classe «compliqué», le Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ) a le regret de vous informer qu'il doit annuler la journée d'étude qui devait se tenir le 25 mai. Partie remise! 

La journée d'étude est reportée - possiblement à l'automne. Évidemment, nous vous tiendrons au courant des prochains développements.

Bonne fin de session!

L'exécutif du RSHCQ

mardi 17 avril 2012

Plus d'information à propos de la refonte du programme d'Arts et Lettres

Pour ceux et celles qui s'intéressent à la fabrique et à la mise en oeuvre éventuelle du nouveau programme d'Arts et Lettres, nous vous invitons à aller visiter les sites suivants:


  • un blogue intéressant des acteurs (profs et coordonnateurs) impliqués dans le processus de refonte:
  • les compte-rendu du Comité-conseil du programme d'études préuniversitaires Arts et lettres. Le compte-rendu du 3 février est intéressant.

Bonne lecture.

lundi 16 avril 2012

Version anglaise du nouveau programme Culture et Communication

For ours fellow workers in english cegep, here's the english version :
CULTURE AND COMMUNICATION .
PRE-UNIVERSITY PROGRAM
500.XX

dimanche 15 avril 2012

Le nouveau programme d'Arts et Lettres; turbulences en vue dans les collèges?


Vendredi (13 avril), se tenait au Collège François-Xavier-Garneau la rencontre annuelle du comité des enseignants en sciences humaines. À cette occasion, on nous a présenté le nouveau programme d’Arts et Lettres dont le nouveau nom pourrait être «Culture et communication». Ce programme a été révisé afin qu’il corresponde aux nouveaux standards de présentation des programmes collégiaux du ministère. Ainsi, on y voit plus facilement la place de la formation générale. Cette nouvelle mouture du programme a déjà été approuvée par le comité-conseil du programme (Arts et Lettres) et leur comité des enseignants. Il est, à l’heure actuelle, en consultation auprès des collèges.



Dans les documents que vous trouverez ici, vous pourrez voir ce que les universités souhaitaient voir comme profil des diplômés de ce programme. Grosso modo, elles aimeraient avoir un programme de Sciences humaines. Dans l’autre document, vous trouverez les compétences qui sont suggérées.

Nous vous proposons de lire ces deux documents et, si votre collège offre le programme, d’en discuter avec vos collègues de ce programme. Nous attendons donc vos commentaires dans les prochains jours et dans les prochaines semaines.


Le 13 avril dernier, les personnes présentes lors de la réunion du comité des enseignants ont pris position face au programme révisé et a demandé à nos chargés de dossier au ministère de faire connaître notre position à la Direction de l’enseignement collégial.


lundi 2 avril 2012

La motivation!

Un petit vidéo intéressant sur le phénomène de la motivation. Nous ne sommes pas aussi manipulables que ce qu'on en dit!

En anglais seulement :  http://www.youtube.com/watch?v=cMQXNwAI-eE

lundi 26 mars 2012

PROFS CONTRE LA HAUSSE!

Vous trouverez à cette adresse un blogue complet de profs contre la hausse des droits de scolarité

http://profscontrelahausse.org/

À consulter pour se faire une tête.
Profs contre la hausse

L’ÉCOLE DANS LA RUE – CÉGEP ÉDOUARD MONTPETIT

Dans un geste destiné à signifier sans équivoque leur soutien au mouvement contre la hausse de droits de scolarité et aux étudiants de leur Cégep en grève depuis plus trois semaines, les enseignants d’Édouard-Montpetit organisent une occupation pacifique de la rue De Gentilly, où ils installeront une salle de classe à ciel ouvert en bordure de leur institution.

Pour cet événement tenu sur la voie publique afin de symboliser leur attachement aux principes d’une école accessible, gratuite et ouverte à tous, les enseignants convient étudiants, collègues et citoyens à participer en grand nombre à un cours et une discussion sur l’avenir et les enjeux de l’éducation publique au Québec. Il s’agira notamment de rappeler que la grève actuelle des étudiants, loin de se limiter à la seule revendication de l’amélioration de l’accessibilité aux études supérieures pour la jeunesse, sert aussi de catalyseur au désir largement répandu dans la population québécoise d’offrir une résistance à la désintégration sociale qu’entraînent les politiques clientélistes et discriminatoires promues par le Gouvernement libéral.

Cette classe hors-les-murs, à laquelle participeront notamment les auteurs Alain Denault et Éric Martin, fins analystes des attaques subies par les services publics au Québec et dans le monde, aura lieu mercredi le 28 mars 2012 à 12h00. Cette manifestation à saveur pédagogique et politique, tenue avec la collaboration des services policiers de la Ville de Longueuil, se terminera par un petit barbecue en plein-air.

Contact :
Sébastien Bage, enseignant au département de cinéma du Cégep Édouard-Montpetit,
514-8442301
450-679-2631, poste 5760


dimanche 25 mars 2012

La pédagogie de la soumission. Démocratie, néolibéralisme et hausse des droits de scolarité.

Extraits d’une conférence prononcée pour l’Association Étudiante du Cégep de Sherbrooke, le 31 janvier 2012.
Qu’est-ce que l’éducation ? Quel type d’éducation voulons-nous nous offrir ? Quel mode d’accès à l’éducation privilégions-nous ? Voilà des questions fondamentales et pourtant éludées par de nombreux tenants de la hausse des droits de scolarité. À l’analyse, on comprend pourquoi : sans doute seraient-ils bien en peine de justifier leur conception anti-démocratique de la société. 

La promesse démocratique et les élites

C’est un fait historique aussi indéniable que mal connu : les élites ont toujours détesté la démocratie. Et avec raison.


Moins une réalité tangible qu’un principe, une exigence, voire une promesse, la démocratie est une critique en acte d’un ordre social inlassablement oligarchique, fondé sur le pouvoir de quelques-uns. La promesse démocratique, c’est la possibilité pour n’importe qui de participer au débat concernant les finalités collectives du partage des responsabilités et des pouvoirs, et cela, indépendamment de sa place, de son rôle, de sa fonction dans les diverses hiérarchies qui, toujours, organisent les sociétés.
Que quelqu’un se manifeste, non en tant que ceci ou en tant que cela, selon sa place dans l’ordre social, selon sa naissance, ses titres, ses compétences, mais en tant que n’importe qui ? Les élites de toute nature n’ont jamais pu tolérer cette insolence.

La détestation néolibérale de la démocratie

La détestation de la démocratie par les élites a porté plusieurs noms. Aujourd’hui, elle se nomme « néolibéralisme ». Plus qu’un ensemble disparate de propositions à caractère économique (libre-échange, déréglementation, privatisation, tarification des services publics, etc.), le néolibéralisme reconduit d’abord et avant tout une certaine conception de l’être humain réduit au statut d’individu, surgit de nulle part, auto-fondé et auto-créé, qui ne doit rien aux autres ni à personne, et qui doit être encouragé à faire valoir ses intérêts personnels privés.
Dans l’esprit néolibéral, nous ne sommes conséquemment jamais n’importe qui. Nous ne sommes jamais des citoyens et des citoyennes. Nous ne sommes que cet individu-ci, doté de ses intérêts propres, situé quelque part dans un ordre social donné – des chefs d’entreprise ou des travailleurs, des clients ou des vendeurs, des contribuables ou des consommateurs.

De l’un à l’autre, la conclusion est claire : la politique néolibérale n’a pas pour principe la participation populaire, mais la protection des droits individuels privés. C’est l’État de droit. Au nom des finalités poursuivies par les oligarchies de l’argent, l’encouragement et la protection de la liberté individuelle d’entreprendre, la participation démocratique doit être limitée – c’était le mot d’ordre de l’économiste autrichien Friedrich Von Hayek, lequel affectionnait particulièrement ce qu’il nommait la « dictature libérale » de Pinochet !

Une pédagogie de la soumission : un type d’éducation

La hausse des droits de scolarité, qu’est-ce d’autre qu’une des modalités de l’inscription dans la société de cette conception néolibérale de l’être humain et de l’organisation sociale ; une des modalités à la fois de limitation de la démocratie et de production d’un être humain parfaitement adéquat à la logique du néolibéralisme ?

Pour les néolibéraux, il ne suffit plus de réorienter les interventions de l’État pour leur faire servir d’autres finalités que la démocratisation de la société. Il faut aussi, en même temps, façonner des individus incapables de formuler des exigences de démocratisation, des individus formés à se concevoir eux-mêmes sur le modèle de l’entreprise, modelés eux-mêmes par les valeurs de l’entreprenariat. Bref, il faut mettre en place ce que nous pouvons bien nommer une pédagogie de la soumission.
Pour cela, il faut transformer l’éducation et ses finalités. C’est ce que l’on nomme l’économie du savoir : transformer les institutions scolaires en organisations qui délivrent un produit, l’éducation comme marchandise ; transformer les producteurs mêmes de ce « produit » en entrepreneurs du savoir à commercialiser ; enfin, transformer le rapport entre les organisations du savoir, les producteurs du savoir et le monde économique. On retrouve là la fameuse et répétitive formule de l’arrimage du monde de l’éducation et du marché du travail. Du coup, la mission de démocratisation de l’éducation dont se réclament par ailleurs nos institutions perd son sens.
La démocratisation de l’éducation ne peut signifier autre chose que l’accès élargi à une formation qui fournit aux individus les conditions d’une participation autonome au monde, indépendamment de leur place dans l’organisation sociale et économique – en tant que travailleurs ou travailleuses, par exemple. C’est ce « indépendamment de leur place » qui est remis en cause. C’est la démocratie

Une pédagogie de la soumission : un mode d’accès à l’éducation

La mise en place d’une pédagogie de la soumission, c’est aussi l’inscription au cœur même des modalités d’accès à l’éducation du mécanisme central du fonctionnement de la société néolibérale : l’endettement ou la menace d’endettement.
On dit que l’éducation est un bien qui profite à l’individu-consommateur de ce bien, que celui-ci devrait payer pour le consommer et ainsi considérer son endettement comme un investissement sur soi. Tout cela est très juste… du point de vue qui fait de l’individu un acteur économique réduit à ses intérêts personnels privés. Du point de vue de la promesse démocratique, cependant, l’endettement ne sert d’aucune façon à l’individu en tant que citoyen.

Non seulement l’endettement entretient le cycle économique par lequel se produisent et se reproduisent les inégalités de richesse, mais aussi, l’endettement ou la menace d’endettement constitue précisément ce qui confine les individus dans un mode de vie conforme avec la logique du remboursement de leur dette (orientation contrainte de leurs décisions en matière de choix de vie personnels, scolaires, professionnels ; attachement et docilité au travail, etc.) C’est un processus de normalisation des comportements, un processus d’ajustement de la moralité individuelle à la rationalité néolibérale : l’obligation de faire des choix en fonction des seuls critères de rendement et dans son propre intérêt immédiat. Avec ce que cela implique de rupture des liens de solidarité et avec ce que cela implique de stress, d’insatisfaction à l’égard de sa vie, de sentiment d’impuissance – toutes choses qui sont à la base des principaux problèmes sociaux.

En cela, la transformation de l’éducation et de ses finalités selon une conception néolibérale de la société est un véritable apprentissage de la non-démocratie. Une véritable pédagogie de la soumission.

Une lutte pour la démocratie

La lutte contre la hausse des droits de scolarité est donc plus qu’une lutte contre la hausse des droits de scolarité : c’est une lutte pour la démocratie. Et pour ce qui la rend possible. Une lutte pour un certain type d’éducation et pour un certain mode d’accès à l’éducation qui permettent non pas la reproduction des oligarchies en place et de l’ordre économique qui les porte, mais la formation d’individus de plus en plus aptes à la participation sociale et politique. Cette idée, les élites la détestent, comme toujours.

Jean-François Fortier

Professeur de sociologie

Cégep de Sherbrooke