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mercredi 5 novembre 2014

Le Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme préuniversitaire Sciences humaines survivra-t-il aux compressions budgétaires?

Dans les années 1990, à la suite de la disparition des comités provinciaux disciplinaires, des comités d’enseignantes et d’enseignants avaient été mis sur pied pour les programmes préuniversitaires et pour les disciplines de la formation générale. Ces réunions nationales avaient notamment pour avantage de maintenir une forme de suivi du réseau et de ne pas réinventer la roue dans chaque cégep. Une politique définissant les mécanismes de consultation et de partenariat du ministère a été rédigée pour définir ces structures nationales. Pour le programme Sciences humaines, cela a engendré des réunions annuelles, certes parfois critiquées, mais qui favorisaient des échanges entre cégeps et une vision globale du réseau. Dans la foulée des compressions actuelles, il semble que l’on ait décidé de limiter grandement les activités de ces comités. Il est très peu probable qu’il y ait une réunion du Comité d’enseignantes et d’enseignants des Sciences humaines cette année. Cela signifie aussi très probablement qu’il n’y aura plus de réunion annuelle. Ces rencontres seront vraisemblablement réservées aux périodes de révision nationale du programme. Une date probable, mais non confirmée, du début des travaux de révision du programme Sciences humaines est envisagée pour 2016-2017. Les travaux se termineraient, au plus tôt (hypothèse optimiste), à l’automne 2020. D’autres programmes préuniversitaires (Sciences de la nature, Sciences informatiques et mathématiques…) seront révisés avant le nôtre.

Peut-être que tous les programmes préuniversitaires n’ont pas besoin d’être suivis de façon très régulière. Cependant, en ce qui a trait au programme Sciences humaines, sa taille, sa lourdeur, sa complexité et la quantité très importante d’étudiantes et d’étudiants qui y sont inscrits constituent des caractéristiques uniques qui font qu’il mérite d’être suivi de façon plus étroite. En outre, les coordonnateurs et enseignants du programme réclament depuis longtemps une mise à jour de plusieurs libellés de compétences et une révision du programme lui-même. Des travaux ont aussi été demandés et réalisés dans le but de bonifier les libellés de plusieurs compétences du programme et malgré la grande satisfaction manifestée envers le résultat de ces travaux, ils ont été « tablettés ».
La présente situation découle sans doute de la réduction des budgets alloués à l’éducation. La planification actuelle du ministère peut possiblement être modifiée, mais il y a fort à parier que bien d’autres questions seront jugées prioritaires. Si cet agenda est maintenu, nous aurons vécu avec un programme rédigé en compétences, dans une perspective quasi expérimentale, qui aura perduré plus de 20 ans…


Pour veiller sur notre programme, le Réseau des sciences humaines (RSHCQ) devient, dans les circonstances, un outil encore plus pertinent et indispensable… Soutenez-le!

Claire Denis
Cégep de Sherbrooke
Responsable du Comité d’enseignantes et d’enseignants
Programme Sciences humaines


La tâche d’un enseignant de Sciences humaines, c’est quoi ?


Le travail d’un enseignant comprend la préparation, la prestation en classe et la correction. En sciences humaines, la prestation en classe pour un enseignant est de 15 heures habituellement. Sont exclues les libérations de toutes sortes (syndicales, coordination, recherche ou autres) qui peuvent faire varier grandement la portion d’heures attribuées à la prestation en classe. Qu’en est-il du temps de préparation des cours et du temps accordé à la correction des productions écrites sommatives ou non?

Avant d’aborder cette question, voici quelques aspects méthodologiques pour permettre de mieux situer dans leur contexte les statistiques qui sont présentées ci-dessous. À l’hiver 2014, une enquête s’est déroulée auprès de onze cégeps provenant des six régions métropolitaines de recensement (RMR) au Québec. Un questionnaire autoadministré en ligne a été envoyé auprès des enseignants de Sciences humaines de ces cégeps. Au total, 84 répondants sur une population de 493 professeurs ont rempli le questionnaire. Le taux de réponse est de 17 %. Les techniques d’échantillonnage utilisées sont au jugé pour le choix des collèges et volontaire pour les répondants.

Cette enquête s’inscrit dans le cadre d’une recherche PAREA sur le rapport à l’écrit des enseignants de Sciences humaines. L’étude du rapport à l’écrit comporte quatre dimen-sions : conceptuelle, praxéologique, axiologique et affective. L’enquête a principalement exploré les conceptions et les pratiques professionnelles. C’est dans ce contexte des pra-tiques professionnelles que les questions de la préparation et de la correction ont émergé.
Dans le questionnaire, il était demandé au répondant de choisir le cours qu’il donne le plus souvent ou un de ceux qu’il enseignait à la session Hiver 2014. Une série de ques-tions étaient en lien avec le cours mentionné par l’enseignant, dont celles qui font l’objet de cet article, soit le temps de préparation et celui de la correction.

Voyons d’abord les résultats pour le temps moyen hebdomadaire accordé à la préparation du cours mentionné. Le tableau suivant montre la répartition par intervalle de temps. Cette question proposait un choix de réponses au répondant.

Nombre moyen d’heures par semaine accordé à la préparation Pourcentage de répondants
Moins de 3 heures 12,3 %
3 à 5 heures 51,9 %
6 à 9 heures 22,2 %
10 heures et plus 13,6 %

Il est facile de remarquer qu’un peu plus de la moitié des enseignants passent entre 3 à 5 heures par semaine à préparer le cours qu’ils ont mentionné. Le temps moyen de prépara-tion par semaine pour cet échantillon se chiffre à 5 heures 30 minutes. Pour approfondir ce point davantage, la possibilité d’un lien entre le nombre d’années d’enseignement du cours en question et l’intervalle du temps moyen accordé à la préparation a été explorée. Dans le sens commun, il est souvent admis qu’un enseignant qui donne le cours depuis plusieurs années passe moins de temps à le préparer. Le test du khi-deux a été appliqué pour vérifier cette affirmation généralement admise dans la communauté professorale. À ma grande surprise, la valeur réelle du khi-deux était inférieure à la valeur critique (khi-deux réel = 1,41, valeur critique = 5,99, p = 0,05). Donc, un enseignant qui donne le même cours depuis longtemps peut passer plusieurs heures par semaine à le préparer. Il vaut la peine de se rappeler qu’en sciences humaines, un enseignant se doit de suivre l’actualité et les nouvelles découvertes dans sa discipline pour rester à jour. Une partie importante de sa préparation de son cours est consacrée à la lecture de ces faits d’actualité et des autres aspects plus théoriques. À cela, il faut ajouter la préparation des consignes et du contenu des exercices, devoirs, travaux, examens et autres formes d’évaluations sommatives ou non.

À présent, examinons une partie importante du travail d’un enseignant, la correction de productions écrites sommatives ou non. Le tableau suivant présente les résultats obtenus à la question sur le nombre moyen d’heures consacrées par semaine à cet aspect du travail de l’enseignant pour un groupe d’étudiants.

Nombre moyen d’heures par semaine
consacrées à la correction des productions écrites
pour un groupe d’étudiants Pourcentage de répondants

Moins de 3 heures 27,7 %
3 à 5 heures 44,6 %
6 à 9 heures 15,7 %
10 heures et plus 12,0 %


Encore ici, presque la moitié des enseignants consacrent entre 3 à 5 heures par semaine en moyenne à corriger les productions écrites d’un groupe d’élèves. Le temps moyen pour la correction est de 4 heures 41 minutes pour un groupe d’étudiants.

Alors, la tâche d’un enseignant c’est quoi ?

• Pour l’enseignant avec une seule préparation, la tâche se résume à 15 heures de pres-tation en classe, 5 heures et demie pour la préparation et un peu plus de 23 heures de correction (4 heures 41 minutes à 5 groupes). Au total, c’est près de 43 heures et de-mie en moyenne.

• Pour l’enseignant avec deux préparations, la tâche augmente, 15 heures de prestation en classe, 11 heures pour la préparation (5 heures trente minutes pour chaque cours) et un peu plus de 23 heures de correction (4 heures 41 minutes à 5 groupes). Au total, c’est près de 49 heures.

• Pour l’enseignant avec trois préparations, le nombre d’heures de travail à sa tâche dépasse de loin les 50 heures.

Il va de soi que les chiffres présentés précédemment sont des moyennes donc le temps de préparation et le temps accordé à la correction varie grandement d’une semaine à l’autre. Par contre, les enseignants qui ont participé à l’enquête ont estimé les aspects de leur tra-vail sur une moyenne de temps. Qu’en dites-vous? Est-ce que ces résultats représentent votre réalité comme enseignant en Sciences humaines?

Poussons la réflexion un peu plus loin. À côté de la tâche enseignante, il y a plusieurs aspects dont je n’ai pas fait mention : l’encadrement des étudiants, la participation à di-vers comités sans avoir obtenu une libération, les projets de mobilité étudiante pour les-quels aucun dégagement n’est accordé, les projets d’innovation pédagogique ou de re-cherche (par exemple, PAREA) dont il faut remplir les formulaires avant d’obtenir un 0,2 ou plus de libération. À tout cela, il faut également ajouter les formations suivies (Per-forma, diplôme de second cycle, certificat ou microprogramme de 1er, 2ème ou 3ème cycle). Il se peut que j’en oublie considérant la grande variété d’activités auxquelles un ensei-gnant peut participer.

Ginette Bousquet, M. Sc.
Professeure et chercheure
Cégep de Sherbrooke

vendredi 31 mai 2013

Une pétition circule en ligne pour le maintien de l'intitulé Arts et lettres.


Appel au ministre Pierre Duchesne: maintien de l'intitulé "Arts et lettres" dans les cégeps du Québec

 


Il semble bien qu'il y ait encore beaucoup de grogne sur le changement de nom du programme d'Arts et lettres.

À l'initiative du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, une pétition circule en ligne pour soutenir l'idée de préserver intact le nom du programme. À ce jour, 850 personnes l'ont signée.

Nous vous invitons à consulter le site à l'adresse suivante:

http://www.avaaz.org/fr/petition/Appel_au_ministre_Pierre_Duchesne_maintien_de_lintitule_Arts_et_lettres_dans_le_cegeps_du_Quebec//?launch

Nous vous suggérons même de signer la pétition.

RSHCQ

Un cours sur le Québec ? Faut en parler !

Bonjour,
Pierre Duchesne propose l'ajout d'un cours sur le Québec
Comme vous le savez, il y a présentement un projet porté par le Ministre  Duchesne, concernant l'ajout d'un cours sur le Québec.
 
Une discussion concernant ce projet sera à l’ordre du jour de l’assemblée générale du 12 juin, lors de la journée d'étude du RSHCQ. Je vous propose trois liens pour vous permettre d'évaluer le point de vue de ceux qui défendent cette idée. Bien que le cœur de la proposition tente de répondre au problème de la mauvaise connaissance de l’histoire du Québec, vous pourrez constater que le cours proposé pourrait être offert, du moins partiellement, par d’autres disciplines des sciences humaines. L’opérationnalisation du projet n’est pas avancée, mais il semble que ce serait un cours complémentaire qui serait touché. Il faudra aussi éventuellement réfléchir aux effets de ce cours sur le programme Sciences humaines.
 
Le ministre rencontrera probablement les professeurs d’histoire à ce sujet la semaine prochaine. Nous saurons bientôt s’il peut nous rencontrer à l’assemblée générale du 12 juin. Le ministère est en mode consultation, ce qui nous laisse la chance de nous positionner sur le sujet et de choisir éventuellement d’appuyer ou non ce projet.
 
Il est important de participer à cette réunion. Si vous ne pouvez participer à l'ensemble des activités de la journée, devenez membre et inscrivez-vous à l’assemblée générale en remplissant le formulaire d’inscription disponible sur le blogue http://rshcq.blogspot.ca/ Vos frais pourront probablement être remboursés par les fonds de perfectionnement de votre collège. Ce projet va inévitablement rebondir au Comité d'enseignants, tôt ou tard...

Sites à consulter sur la question du cours sur le Québec :
http://www.fondationlionelgroulx.org/Un-cours-sur-le-Quebec.html
http://www.fondationlionelgroulx.org/IMG/pdf/je-ne-me-souviens-plus.pdf
http://www.journeedespatriotes.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=9957

S.V.P. : Faites circuler cette information parmi les collègues des sciences humaines.
Merci!

lundi 27 mai 2013

Les professeurs des sciences humaines s’y sont opposés en vain…

24 mai 2013 | Claire Denis - Pour l’exécutif du Réseau des sciences humaines des collèges du Québec |
 
Depuis un an déjà, les professeurs de sciences humaines du réseau collégial québécois manifestent leur opposition aux changements de nom et de compétences proposés pour le programme arts et lettres. Il est assez inusité que des enseignants tentent d’intervenir dans le processus de refonte d’un programme qui n’est pas le leur. C’est par l’entremise du Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme sciences humaines et par le Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ) que les objections concernant les changements proposés ont été soulevées. Les professeurs de sciences humaines se sont d’abord interrogés sur la pertinence de faire disparaître les termes arts et lettres de la palette de programme des cégeps. Ils ont aussi eu l’impression que l’orientation donnée à ce nouveau programme aura pour effet d’envahir leur terrain, tant sur le plan des expertises conceptuelles sollicitées que celui des méthodologies scientifiques empruntées. Dans le projet initial, le profil attendu par les universités et quelques-unes des compétences proposées auraient tout aussi bien pu se retrouver dans un programme de sciences humaines, ce qui a agacé des professeurs en provenance de plusieurs disciplines.

Mise en marché

C’est le choix du nom culture et communication qui constitue l’irritant principal. Ni la culture ni les communications n’appartiennent en propre au domaine des arts, des lettres ou des langues… En plus de générer de la confusion, ce nouveau nom semble relever davantage d’un processus de mise en marché d’un programme, dans une perspective de concurrence, que d’une réelle réflexion sur les distinctions à faire dans la formation des jeunes qui fréquentent le préuniversitaire. En dehors de l’opposition venue des sciences humaines, les rédacteurs du nouveau programme ont dit avoir reçu des commentaires plutôt positifs sur leur projet et rencontré peu de résistances. Il est malaisé de saisir ce qui a mené les professeurs reliés à ce programme à accepter de faire disparaître un nom qui les caractérisait bien, particulièrement en ce qui a trait au domaine des lettres, qui y perdra en visibilité. Or, cet important domaine de la pensée humaine mérite une place bien en vue. Une appellation, un nom, une marque, ce n’est pas anodin : c’est une vitrine, une identité. En marketing, c’est un fait connu… Les professeurs de français défendent généralement avec vigueur la littérature dans la formation générale des collégiens, qu’ils aient accepté cela est un peu étonnant. En sont-ils pleinement conscients ou en ont-ils été informés adéquatement ?

Il existe un autre problème que l’on peut soulever autour de ce choix. Avec ce nom calqué sur un programme d’études universitaires existant, comment justifier le fait que la très grande majorité des professeurs qui oeuvreront dans ce nouveau programme ne soient pas spécifiquement formés dans le domaine des communications ? Aurait-on fait le choix de s’identifier à quelque chose qui est « à la mode » sans en avoir mesuré toute la portée ? Pour ce qui est du ministère qui a sanctionné cette décision, il faudrait que l’on s’interroge sur le rôle de notre système d’éducation et sur cette forte tendance au niveau des études supérieures à se mouler aux domaines plus appliqués. Il serait probablement plus judicieux de résister à ces courants et de garder le cap, notamment pour protéger des domaines moins « populaires » et favoriser leur épanouissement. Les institutions d’enseignement restent parfois le seul rempart pour préserver certains savoirs de l’humanité ; cela reste l’une des grandes responsabilités dévolues à notre système d’éducation, particulièrement au niveau de l’enseignement supérieur.

samedi 23 février 2013

Les sciences humaines en un an : est-ce oublier l’essentiel?

Il y a déjà plusieurs années, une enseignante d’université m’avait proposé de poursuivre mes études universitaires sans devoir passer par le collégial. Bien que cette occasion se soit présentée à moi, je n’ai pas hésité à choisir les études collégiales d’abord et les études universitaires, ensuite. Plusieurs me diraient que ma mère qui enseignait au collégial a eu un rôle important à jouer dans cette décision. Je répondrais : « fort probablement, et heureusement… » Apprendre n’est pas une mince affaire et cela demande des efforts importants et constants de la part d’un étudiant, et ce, même s’il a de la facilité au secondaire. À la lecture d’un communiqué de presse et de la grille de cours du programme en sciences humaines qui sera proposé au Collège Mérici dès l’été prochain, plusieurs questions surgissent en moi.
 
Ferais-je le même choix aujourd’hui? Faire un DEC en deux ans ou plutôt m’inscrire dans un collège où je pourrais faire mon DEC en moins de temps. Je réponds sans hésitation, la même chose, et voici pourquoi.
Premièrement, la plupart des récits sur les études collégiales dont j’ai eu la chance d’être témoin au cours de ma vie ont toujours été composés d’un aspect scolaire (apprendre, s’instruire, s’éduquer), et d’un aspect d’expériences de vie. Dirais-je même d’un aspect important sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte? Selon moi, les études collégiales sont importantes tant pour les apprentissages qui sont sanctionnés par un diplôme que pour les apprentissages informels qui y sont réalisés.
Deuxièmement, après avoir lu la grille de cours composée d’heures restreintes et compris le caractère intensif d’un programme sur un an, pouvons-nous concevoir qu’un étudiant, aussi brillant soit-il, retirât tous les apprentissages de qualité auxquels il pourrait s’attendre? Imaginons un instant que cet étudiant n’arrive pas avec la même maturité à l’université. Est-ce que le caractère intensif de ce programme garantit qu’un transfert adéquat des apprentissages sera réalisé? Est-ce qu’un développement suffisant des compétences (savoirs, savoir-faire et savoir-être) est envisageable? Est-ce qu’une fois sur le marché du travail ces étudiants seront pénalisés, car ils auront une année de scolarité en moins? Seront-ils préparés adéquatement au métier d’étudiant à l’université?
D’autres questions subsistent par rapport aux enseignants : Est-ce que les enseignants seront précaires seulement? Est-ce que ceux-ci seront davantage des pourvoyeurs d’exercices (pondération 1-2-3)?  Comment les tâches seront-elles faites? Combien d’enseignants accepteront ses conditions? Combien de préparations différentes pourront-ils assumer?
En fait, il faut noter que la plupart des programmes intensifs universitaires ont souvent une composante de transfert des apprentissages prévue dans leur grille de cours. Dans la plupart des cas, ce rôle est joué par plusieurs stages pratiques qui permettent aux étudiants de confronter leurs apprentissages plus théoriques et formels aux apprentissages plus pratiques et informels. Peut-être, est-ce l’élément essentiel pour qu’un programme intensif fonctionne?
De plus, plusieurs enseignants restent impliqués dans un rôle de soutien ou d’accompagnement pour les étudiants qui sont en stage et d’autres se consacrent à leur rôle de chercheur.
Enfin, j’ai bien réussi tout au long de mes études secondaires, collégiales et universitaires et j’ai côtoyé d’autres personnes qui réussissaient très bien aussi. Pour moi, il est clair que ce programme intensif ne m’aurait pas tenté et je pense également que mes collègues de classe de l’époque n’y auraient pas plus trouvé leur compte.
Bref, je me demande qui est cet étudiant prêt à payer un fort prix, partant pour étudier jour et nuit, à l’aise de financer ses études sans avoir le temps de travailler, conscient du fait qu’il devra sacrifier sa vie sociale et capable de réussir l’ensemble de ses cours… Il n’est fort probablement, ni un étudiant potentiel d’un programme préuniversitaire en sciences humaines, ni un étudiant potentiel d’un programme en sciences de la nature. En fait, cet étudiant ressemble à une exception que nous avons rarement rencontrée dans notre vie.
Je conclurais en disant que peu importe qui nous sommes, il faut se donner le temps d’apprendre, et que pour un étudiant préuniversitaire au collégial, il n’aura qu’une seule occasion de vivre ses deux belles années au collégial.  
Jonathan Fontaine
Chef de projets et responsable du programme de Sciences humaines (300.A0)
Cégep @ distance

vendredi 16 novembre 2012

Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?


Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?

Les sciences humaines et l’avenir de leur enseignement inquiètent.  Partout dans le monde, on s’interroge. Par exemple, au Royaume-Uni, l'Académie des sciences sociales a lancé une campagne de financement pour faire une promotion de valorisation des sciences sociales (http://www.campaignforsocialscience.org.uk ). Aux États-Unis, à la demande du Sénat et de la Chambre des Représentants, l'Académie américaine des Arts et des Sciences a mis sur pied en 2010 la Commission sur les Humanités et les Sciences Sociales pour analyser l’avenir de ces disciplines. (http://www.humanitiescommission.org) En France, le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) a entrepris une démarche sur l’avenir des sciences humaines et sociales. (http://www.ciep.fr/ries/ries49.php ).

Je crois que partout où on s’interroge,  on constate que les sciences humaines forment un vaste champ de «connaissances molles» dont on ne sait pas trop quoi en faire. Je dirais ici que quatre visions s’affrontent :

1.      Les sciences humaines sont un patrimoine important de connaissances académiques ; il faut le transmettre afin de former des érudits…

2.     Les sciences humaines se positionnent comme la conscience critique qui pose son regard sur la société contemporaine ; il faut former des analystes au regard critique.

3.     Les sciences humaines constituent le cadre de la culture générale que chaque homme devrait posséder pour devenir un bon citoyen.

4.     Les sciences humaines forment une espèce d’ingénierie sociale au service de la collectivité. Cette instrumentalisation des sciences humaines amène la formation de techniciens dans divers métiers spécialisés.

Au Québec, on n’échappe pas à ces visions. Elles façonnent nos contenus de cours, déterminent notre pédagogie. Au niveau secondaire, avec le renouveau pédagogique, on a carrément tablé pour la vision de la culture générale et de la formation du bon citoyen. Il faut saluer cette décision.
Au niveau collégial, le programme des sciences humaines vise à :

rendre l'étudiant ou l'étudiante apte à poursuivre des études universitaires dans les grands domaines des sciences humaines, du droit, des sciences de l’éducation et des sciences de l’administration, par une formation scientifique basée sur l’acquisition et l’intégration de connaissances et de méthodes de diverses disciplines des sciences humaines.
Ainsi donc, le programme doit d’abord et avant tout transmettre le patrimoine important de connaissances académiques des sciences humaines. Il n’est pas là pour former des analystes à l’esprit critique ou encore des « ingénieurs sociaux ». Laissons les universités jongler avec ces visions.

Transmettre le patrimoine des sciences humaines est une tâche colossale. Cela implique qu’on bâtisse un programme qui embrasse très large. Il faut d’abord initier les étudiants aux théories, aux lois générées par les diverses disciplines : économie, géographie, histoire, politique, psychologie, sociologie, etc… Est-ce bien réaliste ? Il faut aussi initier les étudiants à l’esprit scientifique et aux méthodes que cela implique. Et finalement, il faut marier les deux, connaissances théoriques et méthodes scientifiques. Ce sont carrément les travaux d’Hercule, reconnaissons-le.

Le programme de sciences humaines tel que déployé dans nos collèges parvient-il à ses fins ? À la sortie du collège, nos étudiants peuvent-ils expliquer quelques théories ? Ont-ils développé leur esprit scientifique ? Avons-nous les outils pour mesurer ces phénomènes ? Ces questions se posent…

Avant de répondre à ces questions, il faut d’abord regarder les conditions objectives dans lesquelles le programme de sciences humaines est offert. Je dirais qu’en premier lieu, il faut s’intéresser à qui on offre le programme. Nos étudiants ! Combien sont réellement motivés ? Combien sont là de passage – en attendant de trouver leur voie ?

En fait, bien que la « fonction manifeste » des sciences humaines soit de transmettre un patrimoine important de connaissances académiques, j’ai parfois l’impression que le programme sert aussi de carrefour aux indécis, aux non décidés pas assez forts pour aller en sciences nature, aux «drop in», etc… J’ai parfois l’impression que le programme de sciences humaines a aussi une « fonction latente » importante dans le réseau collégial : accueillir des clientèles diverses atterries en sciences humaines «par défaut».

À la Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC), on a reconnu l’éclectisme de la clientèle du programme  et son impact sur sa qualité:

Les élèves qui s’inscrivent en Sciences humaines au collégial arrivent avec des résultats au secondaire très variables, ils n’ont pas développé les mêmes habitudes de travail scolaire, ni la même motivation à l’égard des études, plusieurs ont une bonne idée de leur orientation future et de nombreux autres sont incertains de cette orientation, quand ils ne choisissent pas le programme par défaut. Cette diversité dans la préparation et l’orientation des élèves se reflète sur le taux de diplomation et sur la qualité du programme.[1]

Étant donné la place particulière des sciences humaines dans notre système d’éducation et dans la société,  avons-nous les conditions pour attirer de bons étudiants et bien servir ceux que nous avons (notamment ceux qui choisissent ce programme par défaut…) ? Étudier en sciences humaines au cégep, est-ce encore une voie attrayante et pertinente? Être professeur en sciences humaines, est-ce mission impossible?   

Lors d’une journée d’études qui pourrait se tenir en janvier, nous aborderons ces questions. Pour de plus amples informations, prochainement sur le blogue, vous pourrez prendre connaissance du programme de la journée.



[1]     Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC). L’évaluation du programme de Sciences humaines au collégial,  [ En ligne ], 27 octobre 1997,   http://www.ceec.gouv.qc.ca/fr/gen/CommuniqueTexte/ComScHumaines.pdf, (page consulté le 15 novembre 2012)

dimanche 4 novembre 2012

Arts et lettres en Culture et communication; un camouflet au programme de Sciences humaines


Arts et lettres en Culture et communication;
un camouflet au programme de sciences humaines

Tout le monde le moindrement informé dans le petit monde collégial le sait : le programme d’Arts et lettres est en révision et un  projet quasiment final a été déposé. Il est tard pour réagir puisque selon l’échéancier déterminé par le MELS, le programme réformé aurait dû être adopté cet automne.[1] Mais il est encore temps, du moins espérons-le.
Le processus de révision du programme a suivi son cours normal. On a demandé aux universités quelles étaient leurs attentes. On a consulté les acteurs impliqués dans le programme. Le Comité-conseil du programme d’Arts et lettres a dû être impliqué à toutes les étapes du processus... À la suite de ces consultations, et après des discussions probablement animées, on a fini par bâtir le projet de réforme qu’on connaît. Ainsi, Arts et lettres deviendrait Culture et communication![2]
Pour avoir passé par là en sciences humaines, on sait que les attentes des universités ont un poids très importants dans la décision de réformer un programme pré-universitaire. Regardons donc les attentes des universités, attentes très légitimes évidemment. De prime abord, on constate qu’elles concernent beaucoup les sciences humaines. Ainsi, lorsqu’on consulte le document sur le Profil attendu par les universités chez les diplômées et diplômés d’Arts et lettres, on lit dès le premier point l’attente suivante :
 
La personne diplômée est apte à exploiter des connaissances générales et des éléments de culture en lien avec les disciplines du programme Arts et lettres (histoire, géographie, littérature, politique, actualité, arts, philosophie, anthropologie, etc.)[3]

Allô?! Histoire, géographie, politique, anthropologie, n’est-ce pas là des disciplines des sciences humaines ?  Combien de cours d’histoire les étudiants d’Arts et lettres suivent-ils dans leur programme ? Combien de cours de géo, de politique, d’anthropologie ?
Ou bien on a l’intention d’intégrer dans le programme Culture et communication de vrais cours de sciences humaines, ou bien on se moque des sciences humaines.  Ou bien, on a erré!
Dans le deuxième point, on lit ceci : «La personne diplômée est apte à exploiter des connaissances disciplinaires spécifiques de base liées aux domaines des arts, des lettres et langues, des sciences de l’éducation et des sciences humaines.»[4]
Une fois de plus, on sollicite les sciences humaines! Super! Ou bien on a l’intention d’intégrer dans le programme Culture et communication de vrais cours de sciences humaines, ou bien on se moque des sciences humaines.  Ou bien, on a erré!
Choses certaines cependant, les universités semblent être vraiment préoccupées par le fait que les étudiants qui arrivent dans leurs facultés devraient avoir des notions de base en sciences humaines. Cela devrait faire partie de leur bagage culturel.
Vérifions maintenant comment se traduisent ces attentes des universités dans les Objectifs et standards du programme révisé. Verra-t-on l’apport important des sciences humaines apparaitre dans le programme réformé ? Je ne suis pas sûr! 
On sait d’abord que les étudiants de Culture et communication pourront peut-être suivre quelques cours complémentaires en  sciences humaines. Je dis peut-être car nous savons que les cours complémentaires en sciences humaines sont noyés dans une mer de six domaines d’études différents.
En ce qui a trait à la formation spécifique du programme, on a formulé 5 objectifs communs au programme :
XX00 : Expliquer les caractéristiques essentielles d’un champ culturel dans une perspective sociohistorique.
XX01 : Appliquer des méthodes permettant l’étude en culture et communication.
XX02 : Critiquer des objets culturels.
XX03 : Analyser des enjeux historiques et nationaux en culture et communication.
XX04 : Démontrer l’intégration personnelle d’acquis en culture et communication.[5]
Les compétences 00 et 03 s’apparentent à mes yeux à des sciences humaines. En fait, on est en plein dans le champ des sciences humaines! On a juste à regarder les critères de performance de chacune de ces compétences pour se rendre à l’évidence…

01
·        Utilisation appropriée de concepts et de méthodes propres à l’analyse sociohistorique et socioculturelle.
03
·        Utilisation appropriée de concepts et de méthodes propres à l’analyse sociohistorique et socioculturelle.
·        Identification appropriée du processus de légitimation culturelle. [6]

Voilà donc… Il y a là matière à introduire dans ce programme réformé au moins un cours d’histoire et un cours de sociologie. Ce serait bien cela de pris! Est-ce prévu? Je ne crois pas que ce soit l’intention des acteurs de ce programme d’introduire des cours de sciences humaines. Pourtant, il me semble que ça devrait être le cas.
Maintenant, comme professeur œuvrant dans le programme de Sciences humaines,  je me sens coincé. Introduira-t-on véritablement des cours de sciences humaines dans le programme de Culture et communication? Je le souhaite ardemment – au moins autant que les universités!
Et s’ils introduisent vraiment des cours de sciences humaines dans ce programme, seront-ils donnés par des profs patentés ayant  le diplôme dans la discipline? Je ne crois pas – non plus.  Pourtant, on ne fait pas donner des cours de génie civil par des profs spécialistes en travail social! Et on ne fait pas donner des cours propres au travail social par des ingénieurs! Alors, pourquoi les cours de sciences humaines devraient être enseignés par des spécialistes de la littérature?
Par respect pour les disciplines de sciences humaines,  je crois qu’il faut réagir à ce projet. S’ils n’introduisent pas de cours de sciences humaines dans le programme «Culture et communication», ce sera quasiment un détournement de réforme. Les universités s’y attendent! Et s’ils en introduisent (ce qui me surprendrait!), il faudra veiller à ce qu’ils soient donnés par des profs réputés compétents pour le faire. Sinon, c’est irrespectueux!
J’espère simplement que le programme intitulé «Culture et communication»  n’est pas uniquement un exercice de marketing fait dans le but d’attirer une clientèle qui se dirige traditionnellement en sciences humaines. Ce serait se moquer des sciences humaines… et on aurait erré!!!

Michel Huot, secrétaire du RSHCQ



[1] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Travaux de révision  du programme d’études préuniversitaires  arts et lettres (500.a1), année 2012, [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/ens-sup/ens-coll/COMITE/3fev2012.pdf (Page consultée le 31octobre 2012)
[2] Note : Que voilà un beau profil du programme de sciences humaines!
[3] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT,  Profil attendu par les universités chez les diplômées et diplômés d’Arts et lettres, Québec, 2012.
[4] IBIDEM
[5] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Culture et communication -programme d’études préuniversitaires - 500.xx (PROJET), Québec, 2012, p. 13.
[6] IDEM., p. 17 et 21.

lundi 29 octobre 2012

Arts et Lettres ou Culture et Comminication???


Le programme Culture et communication  alias  Arts et lettres : le changement de nom se concrétise…

Concernant le projet de refonte du programme Arts et lettres, à la suite d’une consultation assez large, il semble que la version définitive du nouveau programme sera prête pour les Fêtes. Pour l’instant, au MELS, une équipe travaille à rajuster la version préliminaire de ce programme qui tiendra compte de certains commentaires émanant du réseau. Le titre Culture et communication (500.xx) ne fait pas l’unanimité, mais on maintient le cap pour l’instant, malgré les critiques soulevées. En ce qui a trait aux effets que ce choix aura sur le programme Sciences humaines, cela reste à voir. Cependant, les programmes universitaires en communication font largement appel aux sciences humaines, dans leur démarche scientifique notamment. Il est clair que le choix des concepteurs du nouveau programme, qui valorise la nouveauté, ne respecte pas les compétences des sciences humaines et empiète, à sa face même, sur notre champ d’études.  
 
 
Le printemps dernier, une lettre[1] a été adressée à la Direction des études collégiales pour présenter le point de vue du comité d’enseignants et d’enseignantes des sciences humaines.  Également, des pressions ont été faites sur les directions des études, dans plusieurs collèges, par les coordinations de programme de Sciences  humaines --- parfois aussi par les coordinations d’Arts et lettres qui ne sont pas en accord avec ce changement--- pour tenter de faire modifier le titre proposé du programme et le libellé de quelques compétences. Il n’est pas trop tard pour effectuer de nouvelles pressions sur votre direction des études, pour faire valoir le sentiment d’empiètement sur les compétences de sciences humaines et le risque de conflit qui pourrait en découler… Sans monter aux barricades, reste que, encore une fois, les sciences humaines se font dépouiller sans que cela ne choque personne… Que dire également de la disparition des Lettres de l’offre de programmes au niveau collégial??? Restera le petit programme Sciences, lettres et arts pour représenter ce vaste champ d’études… Y a de quoi s’interroger et s’indigner…   
 
 
N’hésitez pas à signifier votre désaccord et à exiger une intervention auprès du MELS. Il faut signifier clairement, possiblement par l’entremise de votre comité de programme ou en amenant le sujet à votre Commission des études, que les professeurs des Sciences humaines n’apprécient pas la situation et s’opposent à cette orientation! Éventuellement, dans nos cégeps respectifs, pourquoi ne mettrions-nous pas sur pied des profils Communication en Sciences humaines? Cela montrerait peut-être le côté absurde de la situation?  Si nous ne disposons que de peu de pouvoir pour influencer le processus de révision d’un programme, surtout lorsque ce n’est pas le nôtre, nous avons, à tout le moins, le pouvoir de ne pas nous laisser damer le pion sans rien dire!  
 
Claire Denis 
Cégep de Sherbrooke
Responsable du Comité d’enseignants et d’enseignantes du programme préuniversitaire
Sciences humaines
 
P.S.: Pour ceux qui veulent suivre cette refonte du  programme d'Arts et Lettres, voici de bonnes  adresses pour alimenter votre réflexion :
 


[1]  Si vous souhaitez une copie de cette lettre, demandez à votre coordonnateur de programme qui est habituellement celui ou celle qui représente votre collège au Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme Sciences humaines. Vous pouvez également communiquer avec moi pour en obtenir une copie.  

mardi 17 avril 2012

Plus d'information à propos de la refonte du programme d'Arts et Lettres

Pour ceux et celles qui s'intéressent à la fabrique et à la mise en oeuvre éventuelle du nouveau programme d'Arts et Lettres, nous vous invitons à aller visiter les sites suivants:


  • un blogue intéressant des acteurs (profs et coordonnateurs) impliqués dans le processus de refonte:
  • les compte-rendu du Comité-conseil du programme d'études préuniversitaires Arts et lettres. Le compte-rendu du 3 février est intéressant.

Bonne lecture.

dimanche 15 avril 2012

Le nouveau programme d'Arts et Lettres; turbulences en vue dans les collèges?


Vendredi (13 avril), se tenait au Collège François-Xavier-Garneau la rencontre annuelle du comité des enseignants en sciences humaines. À cette occasion, on nous a présenté le nouveau programme d’Arts et Lettres dont le nouveau nom pourrait être «Culture et communication». Ce programme a été révisé afin qu’il corresponde aux nouveaux standards de présentation des programmes collégiaux du ministère. Ainsi, on y voit plus facilement la place de la formation générale. Cette nouvelle mouture du programme a déjà été approuvée par le comité-conseil du programme (Arts et Lettres) et leur comité des enseignants. Il est, à l’heure actuelle, en consultation auprès des collèges.



Dans les documents que vous trouverez ici, vous pourrez voir ce que les universités souhaitaient voir comme profil des diplômés de ce programme. Grosso modo, elles aimeraient avoir un programme de Sciences humaines. Dans l’autre document, vous trouverez les compétences qui sont suggérées.

Nous vous proposons de lire ces deux documents et, si votre collège offre le programme, d’en discuter avec vos collègues de ce programme. Nous attendons donc vos commentaires dans les prochains jours et dans les prochaines semaines.


Le 13 avril dernier, les personnes présentes lors de la réunion du comité des enseignants ont pris position face au programme révisé et a demandé à nos chargés de dossier au ministère de faire connaître notre position à la Direction de l’enseignement collégial.


lundi 12 mars 2012

Les cours Transdisciplinaires, une suite à l’article du 30 janvier 2012

Je voudrais élargir la réflexion à l’égard des trois cours transdisciplinaires en sciences humaines, MQ, IPMSH et DIASH[1]. Le 30 janvier est paru un article sur IPMSH et DIASH.  Plusieurs commentaires sont parus à la suite de cet article.
Cette réflexion que j’apporte exprime mon opinion basée sur une expérience à enseigner et à appliquer, de 20 ans dans le cours de MQ et de plus de 12 ans pour les deux autres cours, IPMSH et DIASH. Ce sont des cours que j’enseigne régulièrement et que je considère essentiel dans le programme. Chaque cours a son utilité propre. L’application du contenu de chaque cours doit être mise au premier plan dans l’enseignement et l’apprentissage de ce contenu.
Pour situer le lecteur[2], au Cégep de Sherbrooke, le cours de MQ est offert en première année (à l’automne pour une moitié des étudiants et à l’hiver, pour l’autre moitié de la cohorte annuelle), le cours d’IPMSH se donne à la troisième session et enfin, le cours de DIASH, à la dernière session. Ce cours est également le cours porteur de l’Épreuve-synthèse de programme.  C’est la séquence que nous retrouvons dans le curriculum du programme à ce cégep.

Cours de MQ

Débutons d’abord par le cours de MQ. Ce cours existe depuis l’automne 1991 au Cégep de Sherbrooke. C’est un cours d’application de méthodes quantitatives reliées à des contextes de sciences humaines.  Ce cours est nécessaire et utile pour tout étudiant en sciences humaines.  À tous les jours, nous sommes confrontés à des données chiffrées sous diverses formes dans les médias (version papier ou électronique).  Il est important de comprendre la signification de ces données pour connaître leurs implications dans nos vies et parfois, dans certaines décisions gouvernementales ou autres, être capable de faire preuve de jugement critique.
L’application est essentielle dans ce cours mais j’irai plus loin dans ma réflexion, dans chaque cours du programme à toutes les fois où des données chiffrées sont utilisées dans les exemples apportés par les professeurs des disciplines (géographie, sociologie, économique, politique, etc.).  Si l’enseignant disciplinaire n’utilise jamais de données chiffrées, le cours de MQ reste pour l’élève un cours n’ayant aucune utilité, complètement à part du programme.  Je trouve cela très dommage.  Pour les professeurs qui enseignent ce cours, il est facile de mettre en application les notions présentées.
À l’automne 1991, j’ai eu la chance de donner le cours et j’ai mis mes étudiants en contexte d’application : jumelage avec un professeur de géographie pour l’analyse et la création d’un indice d’aménagement. Par la suite, plusieurs autres applications ont eu lieu à divers niveaux : implication locale (Service d’orientation, Service du socioculturel, Comité Environnement) ou régionale (arrondissement 05 de la Ville de Sherbrooke, Université de Sherbrooke, etc.).

Il ya plusieurs organismes communautaires qui n’ont pas les moyens financiers d’engager un responsable d’enquête pour sonder les besoins de leur clientèle. Je considère que ce cours peut servir à combler ce besoin.  Les étudiants n’ont pas à établir nécessairement un questionnaire ou une problématique comme dans le cours d’IPMSH.  D’ailleurs, l’organisme connaît bien ses problématiques et peut déjà établir ses besoins en termes de questionnaires. Pour un organisme, ce qui peut être plus long concerne la saisie, le traitement et l’analyse statistique.  Ces étapes correspondent à l’application des éléments de compétence 2 et 3 de ce cours.  Il peut arriver que la phase collecte de données paraisse longue mais, si l’organisme dispose d’une équipe de bénévoles, cette étape peut se réaliser grâce à leurs efforts, tout dépendant de la technique d’échantillonnage utilisée.

Cours d’IPMSH
Passons au cours d’IPMSH. Une des visées du cours est de faire le processus complet d’une recherche, de l’idée du thème de recherche jusqu’à sa diffusion.  Encore, ici, les aspects pratiques doivent prévaloir. Il faut garder en tête que ce cours se veut une initiation pratique aux méthodes dans les  sciences humaines. Le cours ne vise pas à faire de l’étudiant un spécialiste d’un domaine précis des sciences humaines mais plutôt permettre un survol des différentes techniques qui existent. Selon ce qui revient le plus souvent dans les volumes d’IPMSH, ces techniques sont l’observation, l’entrevue, le questionnaire, l’analyse de contenu, l’analyse statistique (ou de séries chiffrées) et l’expérimentation.  Idéalement, l’étudiant devrait les mettre en application non pas obligatoirement dans une recherche complète mais simplement ce que je nomme en faire une application partielle.  Par exemple, mettre l’étudiant en situation d’observation participante.  Je m’explique.  Je fais cette activité avec des gens de la francisation, les étudiants vont participer aux activités du groupe de francisation sans connaître à l’avance les activités prévues. Je les mets dans un contexte où chacun joue le rôle d’un anthropologue.  L’étudiant participe à ce qui se passe et ensuite au retour, il note ses observations par rapport à certaines dimensions.  Par la suite, je fais suivre cette activité par l’application d’une analyse de contenu des observations notées.

À l’université, lorsque l’étudiant sera dans son programme terminal, il devra suivre un cours de statistiques, de méthodes quantitatives et/ou de méthodologie dont le contenu, les méthodes et techniques seront directement en lien avec sa spécialisation. Ce n’est pas la visée du cours d’IPMSH.

Cours de DIASH
Pour le cours de DIASH, l’image qui me vient à l’esprit est l’équivalent d’un étudiant en techniques qui a un stage.  L’étudiant a à démontrer qu’il possède les compétences inhérentes à sa technique.  Dans les programmes préuniversitaires, la finalité est la préparation à l’université. L’étudiant doit donc démontrer qu’il possède les compétences (connaissances, habiletés et attitudes) pour réussir des études universitaires.  Mais quelles sont ces compétences me direz-vous ? C’est un autre débat fort intéressant dont je soumets quelques idées à la fin de ce texte d’opinion.


Selon moi, le cours de DIASH doit se faire seul pour le projet d’intégration. De plus, j’affirme que ce cours devrait avoir comme résultat la lettre R (pour réussite) ou E (pour échec) et non pas une note.  Un étudiant qui obtient 60 % en DIASH n’a pas atteint les compétences nécessaires pour l’université.  Il lui manque des éléments de compétences essentiels, au moins les 2/5 dans ce cas-ci. C’est comme un chirurgien qui opère un patient. Il doit couper pour ouvrir, faire l’opération et recoudre.  Pour être compétent, il doit maîtriser les trois actes professionnels. Sinon, il manque quelque chose à sa fonction.

Toujours concernant le cours de DIASH, à mon collège, il y a deux types de projets possibles : un projet de recherche empirique ou un projet appliqué.  Selon le plan cadre, pour que le projet d’intégration soit accepté, l’étudiant doit effectuer des liens entre au moins trois disciplines du programme et démontrer la pertinence du projet en fonction de son orientation ou encore de l’utilité sociale de ce dernier.  Le projet de recherche empirique consiste à la production d’un rapport écrit.  Des étudiants nomment parfois ce cours IPMSH 2.  Pour les projets appliqués, l’étudiant doit aller dans un milieu de pratique, aller rencontrer un spécialiste du domaine et bien d’autres choses. Souvent un projet appliqué va permettre à l’étudiant de confirmer ou d’infirmer son choix vocationnel.  Il n’en fait pas un spécialiste mais avec le support (obligatoire) d’une personne-ressource (un spécialiste reconnu dans le domaine), le projet appliqué lui permet de baigner dans son futur milieu professionnel. 

Voici deux exemples de projets appliqués qui ont eu lieu à l’automne 2011, session où j’avais trois groupes en DIASH.  Prenons le cas d’une étudiante qui se dirigeait en orthopédagogie.  L’étudiante a conçu un guide pratique s’adressant aux parents d’enfants nécessitant les services d’un orthopédagogue.  Elle a réalisé son guide et l’a fait évaluer par une orthopédagogue qui travaille à l’enseignement primaire et donne de la formation aux parents.  Ce projet a permis de confirmer l’orientation de cette étudiante.  Un autre cas est celui d’une étudiante qui voulait poursuivre des études universitaires en orientation.  Elle a produit un jeu de mémoire ayant pour but de faire prendre conscience aux jeunes filles qu’il existe plusieurs métiers qui s’offrent à elles et qui sont intéressants.  Elle a présenté son jeu devant trois classes de filles de secondaire V, elle a recueilli leurs opinions.  Au préalable, elle avait soumis son jeu de mémoire à la conseillère d’orientation de l’école en question.  À la fin du projet, cette étudiante a modifié son choix d’orientation, elle a décidé de poursuivre des études dans le domaine des relations de travail plutôt que comme conseillère d’orientation.

À présent, je reviens aux compétences utiles pour l’université. Selon moi, ces compétences s’expriment surtout en termes d’habiletés et d’attitudes.  La liste que je vous présente est celle issue du plan cadre de DIASH 2002 au Cégep de Sherbrooke.  Les habiletés et attitudes sont : la recherche d’information, l’utilisation des outils de communication par internet, l’utilisation d’un logiciel de présentation, la capacité d’analyse et de synthèse, la capacité de formuler un raisonnement cohérent, la capacité d’appliquer des savoirs à l’analyse de situations, la gestion du temps, la pensée et le jugement critique, la capacité de réfléchir sur sa pratique, l’autonomie, la créativité, le sens de l’éthique, la capacité à recevoir la critique, la maîtrise du français écrit, la capacité d’expression orale en français et la capacité à comprendre un texte en anglais.

Cette liste ne prétend pas être exhaustive. Aucune mention n’est faite des connaissances (savoirs) utiles pour l’université.  Ces connaissances acquises varient d’un profil à l’autre dans le programme de sciences humaines et celles attendues par les programmes universitaires vont dans le même sens.
Pour terminer, je considère que le cours de DIASH devrait nous permettre de mesurer le degré d’atteinte (sur une échelle qualitative) ou non de chaque élément précédent, qu’il soit rattaché au bilan, au transfert ou à la métacognition.

Ginette Bousquet, M.Sc.
Professeure de géographie et de méthodologie
Cégep de Sherbrooke


[1] MQ signifie Méthodes quantitatives en sciences humaines; IPMSH, Initiation pratique à la méthodologie en sciences humaines ; DIASH, Démarche d’intégration des acquis en sciences humaines.
[2] Le masculin inclut également le féminin dans ce texte.