Dans les années 1990, à la suite de la disparition des comités provinciaux disciplinaires, des comités d’enseignantes et d’enseignants avaient été mis sur pied pour les programmes préuniversitaires et pour les disciplines de la formation générale. Ces réunions nationales avaient notamment pour avantage de maintenir une forme de suivi du réseau et de ne pas réinventer la roue dans chaque cégep. Une politique définissant les mécanismes de consultation et de partenariat du ministère a été rédigée pour définir ces structures nationales. Pour le programme Sciences humaines, cela a engendré des réunions annuelles, certes parfois critiquées, mais qui favorisaient des échanges entre cégeps et une vision globale du réseau. Dans la foulée des compressions actuelles, il semble que l’on ait décidé de limiter grandement les activités de ces comités. Il est très peu probable qu’il y ait une réunion du Comité d’enseignantes et d’enseignants des Sciences humaines cette année. Cela signifie aussi très probablement qu’il n’y aura plus de réunion annuelle. Ces rencontres seront vraisemblablement réservées aux périodes de révision nationale du programme. Une date probable, mais non confirmée, du début des travaux de révision du programme Sciences humaines est envisagée pour 2016-2017. Les travaux se termineraient, au plus tôt (hypothèse optimiste), à l’automne 2020. D’autres programmes préuniversitaires (Sciences de la nature, Sciences informatiques et mathématiques…) seront révisés avant le nôtre.
Peut-être que tous les programmes préuniversitaires n’ont pas besoin d’être suivis de façon très régulière. Cependant, en ce qui a trait au programme Sciences humaines, sa taille, sa lourdeur, sa complexité et la quantité très importante d’étudiantes et d’étudiants qui y sont inscrits constituent des caractéristiques uniques qui font qu’il mérite d’être suivi de façon plus étroite. En outre, les coordonnateurs et enseignants du programme réclament depuis longtemps une mise à jour de plusieurs libellés de compétences et une révision du programme lui-même. Des travaux ont aussi été demandés et réalisés dans le but de bonifier les libellés de plusieurs compétences du programme et malgré la grande satisfaction manifestée envers le résultat de ces travaux, ils ont été « tablettés ».
La présente situation découle sans doute de la réduction des budgets alloués à l’éducation. La planification actuelle du ministère peut possiblement être modifiée, mais il y a fort à parier que bien d’autres questions seront jugées prioritaires. Si cet agenda est maintenu, nous aurons vécu avec un programme rédigé en compétences, dans une perspective quasi expérimentale, qui aura perduré plus de 20 ans…
Pour veiller sur notre programme, le Réseau des sciences humaines (RSHCQ) devient, dans les circonstances, un outil encore plus pertinent et indispensable… Soutenez-le!
Claire Denis
Cégep de Sherbrooke
Responsable du Comité d’enseignantes et d’enseignants
Programme Sciences humaines
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mercredi 5 novembre 2014
La tâche d’un enseignant de Sciences humaines, c’est quoi ?
Le travail d’un enseignant comprend la préparation, la prestation en classe et la correction. En sciences humaines, la prestation en classe pour un enseignant est de 15 heures habituellement. Sont exclues les libérations de toutes sortes (syndicales, coordination, recherche ou autres) qui peuvent faire varier grandement la portion d’heures attribuées à la prestation en classe. Qu’en est-il du temps de préparation des cours et du temps accordé à la correction des productions écrites sommatives ou non?
Avant d’aborder cette question, voici quelques aspects méthodologiques pour permettre de mieux situer dans leur contexte les statistiques qui sont présentées ci-dessous. À l’hiver 2014, une enquête s’est déroulée auprès de onze cégeps provenant des six régions métropolitaines de recensement (RMR) au Québec. Un questionnaire autoadministré en ligne a été envoyé auprès des enseignants de Sciences humaines de ces cégeps. Au total, 84 répondants sur une population de 493 professeurs ont rempli le questionnaire. Le taux de réponse est de 17 %. Les techniques d’échantillonnage utilisées sont au jugé pour le choix des collèges et volontaire pour les répondants.
Cette enquête s’inscrit dans le cadre d’une recherche PAREA sur le rapport à l’écrit des enseignants de Sciences humaines. L’étude du rapport à l’écrit comporte quatre dimen-sions : conceptuelle, praxéologique, axiologique et affective. L’enquête a principalement exploré les conceptions et les pratiques professionnelles. C’est dans ce contexte des pra-tiques professionnelles que les questions de la préparation et de la correction ont émergé.
Dans le questionnaire, il était demandé au répondant de choisir le cours qu’il donne le plus souvent ou un de ceux qu’il enseignait à la session Hiver 2014. Une série de ques-tions étaient en lien avec le cours mentionné par l’enseignant, dont celles qui font l’objet de cet article, soit le temps de préparation et celui de la correction.
Voyons d’abord les résultats pour le temps moyen hebdomadaire accordé à la préparation du cours mentionné. Le tableau suivant montre la répartition par intervalle de temps. Cette question proposait un choix de réponses au répondant.
Nombre moyen d’heures par semaine accordé à la préparation Pourcentage de répondants
Moins de 3 heures 12,3 %
3 à 5 heures 51,9 %
6 à 9 heures 22,2 %
10 heures et plus 13,6 %
Il est facile de remarquer qu’un peu plus de la moitié des enseignants passent entre 3 à 5 heures par semaine à préparer le cours qu’ils ont mentionné. Le temps moyen de prépara-tion par semaine pour cet échantillon se chiffre à 5 heures 30 minutes. Pour approfondir ce point davantage, la possibilité d’un lien entre le nombre d’années d’enseignement du cours en question et l’intervalle du temps moyen accordé à la préparation a été explorée. Dans le sens commun, il est souvent admis qu’un enseignant qui donne le cours depuis plusieurs années passe moins de temps à le préparer. Le test du khi-deux a été appliqué pour vérifier cette affirmation généralement admise dans la communauté professorale. À ma grande surprise, la valeur réelle du khi-deux était inférieure à la valeur critique (khi-deux réel = 1,41, valeur critique = 5,99, p = 0,05). Donc, un enseignant qui donne le même cours depuis longtemps peut passer plusieurs heures par semaine à le préparer. Il vaut la peine de se rappeler qu’en sciences humaines, un enseignant se doit de suivre l’actualité et les nouvelles découvertes dans sa discipline pour rester à jour. Une partie importante de sa préparation de son cours est consacrée à la lecture de ces faits d’actualité et des autres aspects plus théoriques. À cela, il faut ajouter la préparation des consignes et du contenu des exercices, devoirs, travaux, examens et autres formes d’évaluations sommatives ou non.
À présent, examinons une partie importante du travail d’un enseignant, la correction de productions écrites sommatives ou non. Le tableau suivant présente les résultats obtenus à la question sur le nombre moyen d’heures consacrées par semaine à cet aspect du travail de l’enseignant pour un groupe d’étudiants.
Nombre moyen d’heures par semaine
consacrées à la correction des productions écrites
pour un groupe d’étudiants Pourcentage de répondants
Moins de 3 heures 27,7 %
3 à 5 heures 44,6 %
6 à 9 heures 15,7 %
10 heures et plus 12,0 %
Encore ici, presque la moitié des enseignants consacrent entre 3 à 5 heures par semaine en moyenne à corriger les productions écrites d’un groupe d’élèves. Le temps moyen pour la correction est de 4 heures 41 minutes pour un groupe d’étudiants.
Alors, la tâche d’un enseignant c’est quoi ?
• Pour l’enseignant avec une seule préparation, la tâche se résume à 15 heures de pres-tation en classe, 5 heures et demie pour la préparation et un peu plus de 23 heures de correction (4 heures 41 minutes à 5 groupes). Au total, c’est près de 43 heures et de-mie en moyenne.
• Pour l’enseignant avec deux préparations, la tâche augmente, 15 heures de prestation en classe, 11 heures pour la préparation (5 heures trente minutes pour chaque cours) et un peu plus de 23 heures de correction (4 heures 41 minutes à 5 groupes). Au total, c’est près de 49 heures.
• Pour l’enseignant avec trois préparations, le nombre d’heures de travail à sa tâche dépasse de loin les 50 heures.
Il va de soi que les chiffres présentés précédemment sont des moyennes donc le temps de préparation et le temps accordé à la correction varie grandement d’une semaine à l’autre. Par contre, les enseignants qui ont participé à l’enquête ont estimé les aspects de leur tra-vail sur une moyenne de temps. Qu’en dites-vous? Est-ce que ces résultats représentent votre réalité comme enseignant en Sciences humaines?
Poussons la réflexion un peu plus loin. À côté de la tâche enseignante, il y a plusieurs aspects dont je n’ai pas fait mention : l’encadrement des étudiants, la participation à di-vers comités sans avoir obtenu une libération, les projets de mobilité étudiante pour les-quels aucun dégagement n’est accordé, les projets d’innovation pédagogique ou de re-cherche (par exemple, PAREA) dont il faut remplir les formulaires avant d’obtenir un 0,2 ou plus de libération. À tout cela, il faut également ajouter les formations suivies (Per-forma, diplôme de second cycle, certificat ou microprogramme de 1er, 2ème ou 3ème cycle). Il se peut que j’en oublie considérant la grande variété d’activités auxquelles un ensei-gnant peut participer.
Ginette Bousquet, M. Sc.
Professeure et chercheure
Cégep de Sherbrooke
vendredi 31 mai 2013
Une pétition circule en ligne pour le maintien de l'intitulé Arts et lettres.
Appel au ministre Pierre Duchesne: maintien de l'intitulé "Arts et lettres" dans les cégeps du Québec |
Il semble bien qu'il y ait encore beaucoup de grogne sur le changement de nom du programme d'Arts et lettres.
À l'initiative du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, une pétition circule en ligne pour soutenir l'idée de préserver intact le nom du programme. À ce jour, 850 personnes l'ont signée.
Nous vous invitons à consulter le site à l'adresse suivante:
http://www.avaaz.org/fr/petition/Appel_au_ministre_Pierre_Duchesne_maintien_de_lintitule_Arts_et_lettres_dans_le_cegeps_du_Quebec//?launch
Nous vous suggérons même de signer la pétition.
RSHCQ
Un cours sur le Québec ? Faut en parler !
Bonjour,
![]() |
Pierre Duchesne propose l'ajout d'un cours sur le Québec |
Comme vous le savez, il y a présentement un projet porté par le Ministre Duchesne, concernant l'ajout d'un cours sur le Québec.
Une discussion concernant ce projet sera à l’ordre du jour de l’assemblée générale du 12 juin, lors de la journée d'étude du RSHCQ. Je vous propose trois liens pour vous permettre d'évaluer le point de vue de ceux qui défendent cette idée. Bien que le cœur de la proposition tente de répondre au problème de la mauvaise connaissance de l’histoire du Québec, vous pourrez constater que le cours proposé pourrait être offert, du moins partiellement, par d’autres disciplines des sciences humaines. L’opérationnalisation du projet n’est pas avancée, mais il semble que ce serait un cours complémentaire qui serait touché. Il faudra aussi éventuellement réfléchir aux effets de ce cours sur le programme Sciences humaines.
Le ministre rencontrera probablement les professeurs d’histoire à ce sujet la semaine prochaine. Nous saurons bientôt s’il peut nous rencontrer à l’assemblée générale du 12 juin. Le ministère est en mode consultation, ce qui nous laisse la chance de nous positionner sur le sujet et de choisir éventuellement d’appuyer ou non ce projet.
Il est important de participer à cette réunion. Si vous ne pouvez participer à l'ensemble des activités de la journée, devenez membre et inscrivez-vous à l’assemblée générale en remplissant le formulaire d’inscription disponible sur le blogue http://rshcq.blogspot.ca/ Vos frais pourront probablement être remboursés par les fonds de perfectionnement de votre collège. Ce projet va inévitablement rebondir au Comité d'enseignants, tôt ou tard...
Sites à consulter sur la question du cours sur le Québec :
http://www.fondationlionelgroulx.org/Un-cours-sur-le-Quebec.html
http://www.fondationlionelgroulx.org/IMG/pdf/je-ne-me-souviens-plus.pdf
http://www.journeedespatriotes.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=9957
S.V.P. : Faites circuler cette information parmi les collègues des sciences humaines.
Merci!
Sites à consulter sur la question du cours sur le Québec :
http://www.fondationlionelgroulx.org/Un-cours-sur-le-Quebec.html
http://www.fondationlionelgroulx.org/IMG/pdf/je-ne-me-souviens-plus.pdf
http://www.journeedespatriotes.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=9957
S.V.P. : Faites circuler cette information parmi les collègues des sciences humaines.
Merci!
lundi 27 mai 2013
Les professeurs des sciences humaines s’y sont opposés en vain…
24 mai 2013 | Claire Denis - Pour l’exécutif du Réseau des sciences humaines des collèges du Québec |
Depuis un an déjà, les professeurs de sciences humaines du réseau collégial québécois manifestent leur opposition aux changements de nom et de compétences proposés pour le programme arts et lettres. Il est assez inusité que des enseignants tentent d’intervenir dans le processus de refonte d’un programme qui n’est pas le leur. C’est par l’entremise du Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme sciences humaines et par le Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ) que les objections concernant les changements proposés ont été soulevées. Les professeurs de sciences humaines se sont d’abord interrogés sur la pertinence de faire disparaître les termes arts et lettres de la palette de programme des cégeps. Ils ont aussi eu l’impression que l’orientation donnée à ce nouveau programme aura pour effet d’envahir leur terrain, tant sur le plan des expertises conceptuelles sollicitées que celui des méthodologies scientifiques empruntées. Dans le projet initial, le profil attendu par les universités et quelques-unes des compétences proposées auraient tout aussi bien pu se retrouver dans un programme de sciences humaines, ce qui a agacé des professeurs en provenance de plusieurs disciplines.
Mise en marché
C’est le choix du nom culture et communication qui constitue l’irritant principal. Ni la culture ni les communications n’appartiennent en propre au domaine des arts, des lettres ou des langues… En plus de générer de la confusion, ce nouveau nom semble relever davantage d’un processus de mise en marché d’un programme, dans une perspective de concurrence, que d’une réelle réflexion sur les distinctions à faire dans la formation des jeunes qui fréquentent le préuniversitaire. En dehors de l’opposition venue des sciences humaines, les rédacteurs du nouveau programme ont dit avoir reçu des commentaires plutôt positifs sur leur projet et rencontré peu de résistances. Il est malaisé de saisir ce qui a mené les professeurs reliés à ce programme à accepter de faire disparaître un nom qui les caractérisait bien, particulièrement en ce qui a trait au domaine des lettres, qui y perdra en visibilité. Or, cet important domaine de la pensée humaine mérite une place bien en vue. Une appellation, un nom, une marque, ce n’est pas anodin : c’est une vitrine, une identité. En marketing, c’est un fait connu… Les professeurs de français défendent généralement avec vigueur la littérature dans la formation générale des collégiens, qu’ils aient accepté cela est un peu étonnant. En sont-ils pleinement conscients ou en ont-ils été informés adéquatement ?
Il existe un autre problème que l’on peut soulever autour de ce choix. Avec ce nom calqué sur un programme d’études universitaires existant, comment justifier le fait que la très grande majorité des professeurs qui oeuvreront dans ce nouveau programme ne soient pas spécifiquement formés dans le domaine des communications ? Aurait-on fait le choix de s’identifier à quelque chose qui est « à la mode » sans en avoir mesuré toute la portée ? Pour ce qui est du ministère qui a sanctionné cette décision, il faudrait que l’on s’interroge sur le rôle de notre système d’éducation et sur cette forte tendance au niveau des études supérieures à se mouler aux domaines plus appliqués. Il serait probablement plus judicieux de résister à ces courants et de garder le cap, notamment pour protéger des domaines moins « populaires » et favoriser leur épanouissement. Les institutions d’enseignement restent parfois le seul rempart pour préserver certains savoirs de l’humanité ; cela reste l’une des grandes responsabilités dévolues à notre système d’éducation, particulièrement au niveau de l’enseignement supérieur.
samedi 23 février 2013
Les sciences humaines en un an : est-ce oublier l’essentiel?

Ferais-je le même choix aujourd’hui? Faire un
DEC en deux ans ou plutôt m’inscrire dans un collège où je pourrais faire mon
DEC en moins de temps. Je réponds sans hésitation, la même chose, et voici
pourquoi.
Premièrement, la plupart des récits sur les
études collégiales dont j’ai eu la chance d’être témoin au cours de ma vie ont
toujours été composés d’un aspect scolaire (apprendre, s’instruire, s’éduquer),
et d’un aspect d’expériences de vie. Dirais-je même d’un aspect important sur le
passage de l’adolescence à l’âge adulte? Selon moi, les études collégiales sont
importantes tant pour les apprentissages qui sont sanctionnés par un diplôme
que pour les apprentissages informels qui y sont réalisés.
Deuxièmement, après avoir lu la grille de
cours composée d’heures restreintes et compris le caractère intensif d’un programme
sur un an, pouvons-nous concevoir qu’un étudiant, aussi brillant soit-il,
retirât tous les apprentissages de qualité auxquels il pourrait s’attendre?
Imaginons un instant que cet étudiant n’arrive pas avec la même maturité à
l’université. Est-ce que le caractère intensif de ce programme garantit qu’un
transfert adéquat des apprentissages sera réalisé? Est-ce qu’un développement
suffisant des compétences (savoirs, savoir-faire et savoir-être) est
envisageable? Est-ce qu’une fois sur le marché du travail ces étudiants seront
pénalisés, car ils auront une année de scolarité en moins? Seront-ils préparés
adéquatement au métier d’étudiant à l’université?
D’autres questions subsistent par rapport aux
enseignants : Est-ce que les enseignants seront précaires seulement?
Est-ce que ceux-ci seront davantage des pourvoyeurs d’exercices (pondération
1-2-3)? Comment les tâches seront-elles
faites? Combien d’enseignants accepteront ses conditions? Combien de
préparations différentes pourront-ils assumer?
En fait, il faut noter que la plupart des
programmes intensifs universitaires ont souvent une composante de transfert des
apprentissages prévue dans leur grille de cours. Dans la plupart des cas, ce
rôle est joué par plusieurs stages pratiques qui permettent aux étudiants de
confronter leurs apprentissages plus théoriques et formels aux apprentissages
plus pratiques et informels. Peut-être, est-ce l’élément essentiel pour qu’un
programme intensif fonctionne?
De plus, plusieurs enseignants restent
impliqués dans un rôle de soutien ou d’accompagnement pour les étudiants qui
sont en stage et d’autres se consacrent à leur rôle de chercheur.
Enfin, j’ai bien réussi tout au long de mes
études secondaires, collégiales et universitaires et j’ai côtoyé d’autres personnes
qui réussissaient très bien aussi. Pour moi, il est clair que ce programme
intensif ne m’aurait pas tenté et je pense également que mes collègues de
classe de l’époque n’y auraient pas plus trouvé leur compte.
Bref, je me demande qui est cet étudiant prêt
à payer un fort prix, partant pour étudier jour et nuit, à l’aise de financer
ses études sans avoir le temps de travailler, conscient du fait qu’il devra
sacrifier sa vie sociale et capable de réussir l’ensemble de ses cours… Il n’est
fort probablement, ni un étudiant potentiel d’un programme préuniversitaire en
sciences humaines, ni un étudiant potentiel d’un programme en sciences de la
nature. En fait, cet étudiant ressemble à une exception que nous avons rarement
rencontrée dans notre vie.
Je conclurais en disant que peu importe qui
nous sommes, il faut se donner le temps d’apprendre, et que pour un étudiant
préuniversitaire au collégial, il n’aura qu’une seule occasion de vivre ses
deux belles années au collégial.
Jonathan Fontaine
Chef de projets et responsable du programme de Sciences humaines
(300.A0)
Cégep @ distance
vendredi 16 novembre 2012
Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?
Quel avenir pour le programme des sciences humaines
?
Les
sciences humaines et l’avenir de leur enseignement inquiètent. Partout dans le monde, on s’interroge. Par
exemple, au Royaume-Uni, l'Académie des sciences sociales a lancé une campagne
de financement pour faire une promotion de valorisation des sciences sociales
(http://www.campaignforsocialscience.org.uk
). Aux États-Unis, à la demande du Sénat et de la Chambre des Représentants,
l'Académie américaine des Arts et des Sciences a mis sur pied en 2010 la
Commission sur les Humanités et les Sciences Sociales pour analyser l’avenir de
ces disciplines. (http://www.humanitiescommission.org)
En France, le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) a entrepris une
démarche sur l’avenir des sciences humaines et sociales. (http://www.ciep.fr/ries/ries49.php
).
Je
crois que partout où on s’interroge, on
constate que les sciences humaines forment un vaste champ de «connaissances molles»
dont on ne sait pas trop quoi en faire. Je dirais ici que quatre visions
s’affrontent :
1.
Les sciences humaines sont un patrimoine
important de connaissances académiques ; il faut le transmettre afin de former
des érudits…
2.
Les sciences
humaines se positionnent comme la conscience critique qui pose son regard sur
la société contemporaine ; il faut former des analystes au regard critique.
3.
Les sciences
humaines constituent le cadre de la culture générale que chaque homme devrait
posséder pour devenir un bon citoyen.
4.
Les sciences
humaines forment une espèce d’ingénierie sociale au service de la collectivité.
Cette instrumentalisation des sciences humaines amène la formation de techniciens
dans divers métiers spécialisés.
Au
Québec, on n’échappe pas à ces visions. Elles façonnent nos contenus de cours,
déterminent notre pédagogie. Au niveau secondaire, avec le renouveau pédagogique,
on a carrément tablé pour la vision de la culture générale et de la formation
du bon citoyen. Il faut saluer cette décision.
Au
niveau collégial, le programme des sciences humaines vise à :
rendre l'étudiant ou l'étudiante apte à poursuivre des études
universitaires dans les grands domaines des sciences humaines, du droit, des
sciences de l’éducation et des sciences de l’administration, par une formation scientifique basée sur
l’acquisition et l’intégration de connaissances et de méthodes de diverses
disciplines des sciences humaines.
Ainsi donc, le programme doit
d’abord et avant tout transmettre le patrimoine important de connaissances
académiques des sciences humaines. Il n’est pas là pour former des analystes à
l’esprit critique ou encore des « ingénieurs sociaux ». Laissons les
universités jongler avec ces visions.
Transmettre le patrimoine des
sciences humaines est une tâche colossale. Cela implique qu’on bâtisse un
programme qui embrasse très large. Il faut d’abord initier les étudiants aux théories,
aux lois générées par les diverses disciplines : économie, géographie,
histoire, politique, psychologie, sociologie, etc… Est-ce bien réaliste ? Il
faut aussi initier les étudiants à l’esprit scientifique et aux méthodes que
cela implique. Et finalement, il faut marier les deux, connaissances théoriques
et méthodes scientifiques. Ce sont carrément les travaux d’Hercule,
reconnaissons-le.
Le programme de sciences humaines
tel que déployé dans nos collèges parvient-il à ses fins ? À la sortie du
collège, nos étudiants peuvent-ils expliquer quelques théories ? Ont-ils
développé leur esprit scientifique ? Avons-nous les outils pour mesurer ces
phénomènes ? Ces questions se posent…
Avant de répondre à ces questions,
il faut d’abord regarder les conditions objectives dans lesquelles le programme
de sciences humaines est offert. Je dirais qu’en premier lieu, il faut
s’intéresser à qui on offre le programme. Nos étudiants ! Combien sont
réellement motivés ? Combien sont là de passage – en attendant de trouver leur
voie ?
En fait, bien que la « fonction
manifeste » des sciences humaines soit de transmettre un patrimoine important
de connaissances académiques, j’ai parfois l’impression que le programme sert
aussi de carrefour aux indécis, aux non décidés pas assez forts pour aller en
sciences nature, aux «drop in», etc… J’ai parfois l’impression que le programme
de sciences humaines a aussi une « fonction latente » importante dans le réseau
collégial : accueillir des clientèles diverses atterries en sciences
humaines «par défaut».
À la Commission de l’évaluation de
l’enseignement collégial (CEEC), on a reconnu l’éclectisme de la clientèle du
programme et son impact sur sa qualité:
Les élèves qui s’inscrivent en Sciences humaines
au collégial arrivent avec des résultats au secondaire très variables, ils
n’ont pas développé les mêmes habitudes de travail scolaire, ni la même
motivation à l’égard des études, plusieurs ont une bonne idée de leur
orientation future et de nombreux autres sont incertains de cette orientation, quand
ils ne choisissent pas le programme par défaut. Cette diversité dans la
préparation et l’orientation des élèves se reflète sur le taux de diplomation
et sur la qualité du programme.[1]
Étant donné la place particulière des
sciences humaines dans notre système d’éducation et dans la société, avons-nous les conditions pour attirer de
bons étudiants et bien servir ceux que nous avons (notamment ceux qui
choisissent ce programme par défaut…) ? Étudier en sciences humaines au cégep,
est-ce encore une voie attrayante et pertinente? Être professeur en sciences
humaines, est-ce mission impossible?
Lors d’une journée d’études qui
pourrait se tenir en janvier, nous aborderons ces questions. Pour de plus
amples informations, prochainement sur le blogue, vous pourrez prendre
connaissance du programme de la journée.
[1] Commission de
l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC). L’évaluation du programme de Sciences humaines au
collégial, [ En ligne
], 27 octobre 1997, http://www.ceec.gouv.qc.ca/fr/gen/CommuniqueTexte/ComScHumaines.pdf,
(page consulté le 15 novembre 2012)
dimanche 4 novembre 2012
Arts et lettres en Culture et communication; un camouflet au programme de Sciences humaines
Arts et lettres en Culture et communication;
un camouflet au programme de sciences humaines
Tout le monde le moindrement informé dans le petit monde collégial le sait : le programme d’Arts et lettres est en révision et un projet quasiment final a été déposé. Il est tard pour réagir puisque selon l’échéancier déterminé par le MELS, le programme réformé aurait dû être adopté cet automne.[1] Mais il est encore temps, du moins espérons-le.
Le processus de révision du programme a suivi son cours normal. On a demandé aux universités quelles étaient leurs attentes. On a consulté les acteurs impliqués dans le programme. Le Comité-conseil du programme d’Arts et lettres a dû être impliqué à toutes les étapes du processus... À la suite de ces consultations, et après des discussions probablement animées, on a fini par bâtir le projet de réforme qu’on connaît. Ainsi, Arts et lettres deviendrait Culture et communication![2]
Pour avoir passé par là en sciences humaines, on sait que les attentes des universités ont un poids très importants dans la décision de réformer un programme pré-universitaire. Regardons donc les attentes des universités, attentes très légitimes évidemment. De prime abord, on constate qu’elles concernent beaucoup les sciences humaines. Ainsi, lorsqu’on consulte le document sur le Profil attendu par les universités chez les diplômées et diplômés d’Arts et lettres, on lit dès le premier point l’attente suivante :
La personne diplômée est apte à exploiter des connaissances générales et des éléments de culture en lien avec les disciplines du programme Arts et lettres (histoire, géographie, littérature, politique, actualité, arts, philosophie, anthropologie, etc.)[3]
Allô?! Histoire, géographie, politique, anthropologie, n’est-ce pas là des disciplines des sciences humaines ? Combien de cours d’histoire les étudiants d’Arts et lettres suivent-ils dans leur programme ? Combien de cours de géo, de politique, d’anthropologie ?
Ou bien on a l’intention d’intégrer dans le programme Culture et communication de vrais cours de sciences humaines, ou bien on se moque des sciences humaines. Ou bien, on a erré!
Dans le deuxième point, on lit ceci : «La personne diplômée est apte à exploiter des connaissances disciplinaires spécifiques de base liées aux domaines des arts, des lettres et langues, des sciences de l’éducation et des sciences humaines.»[4]
Une fois de plus, on sollicite les sciences humaines! Super! Ou bien on a l’intention d’intégrer dans le programme Culture et communication de vrais cours de sciences humaines, ou bien on se moque des sciences humaines. Ou bien, on a erré!
Choses certaines cependant, les universités semblent être vraiment préoccupées par le fait que les étudiants qui arrivent dans leurs facultés devraient avoir des notions de base en sciences humaines. Cela devrait faire partie de leur bagage culturel.
Vérifions maintenant comment se traduisent ces attentes des universités dans les Objectifs et standards du programme révisé. Verra-t-on l’apport important des sciences humaines apparaitre dans le programme réformé ? Je ne suis pas sûr!
On sait d’abord que les étudiants de Culture et communication pourront peut-être suivre quelques cours complémentaires en sciences humaines. Je dis peut-être car nous savons que les cours complémentaires en sciences humaines sont noyés dans une mer de six domaines d’études différents.
En ce qui a trait à la formation spécifique du programme, on a formulé 5 objectifs communs au programme :
XX00 : Expliquer les caractéristiques essentielles d’un champ culturel dans une perspective sociohistorique.
XX01 : Appliquer des méthodes permettant l’étude en culture et communication.
XX02 : Critiquer des objets culturels.
XX03 : Analyser des enjeux historiques et nationaux en culture et communication.
XX04 : Démontrer l’intégration personnelle d’acquis en culture et communication.[5]
Les compétences 00 et 03 s’apparentent à mes yeux à des sciences humaines. En fait, on est en plein dans le champ des sciences humaines! On a juste à regarder les critères de performance de chacune de ces compétences pour se rendre à l’évidence…
01 | · Utilisation appropriée de concepts et de méthodes propres à l’analyse sociohistorique et socioculturelle. |
03 | · Utilisation appropriée de concepts et de méthodes propres à l’analyse sociohistorique et socioculturelle. · Identification appropriée du processus de légitimation culturelle. [6] |
Voilà donc… Il y a là matière à introduire dans ce programme réformé au moins un cours d’histoire et un cours de sociologie. Ce serait bien cela de pris! Est-ce prévu? Je ne crois pas que ce soit l’intention des acteurs de ce programme d’introduire des cours de sciences humaines. Pourtant, il me semble que ça devrait être le cas.
Maintenant, comme professeur œuvrant dans le programme de Sciences humaines, je me sens coincé. Introduira-t-on véritablement des cours de sciences humaines dans le programme de Culture et communication? Je le souhaite ardemment – au moins autant que les universités!
Et s’ils introduisent vraiment des cours de sciences humaines dans ce programme, seront-ils donnés par des profs patentés ayant le diplôme dans la discipline? Je ne crois pas – non plus. Pourtant, on ne fait pas donner des cours de génie civil par des profs spécialistes en travail social! Et on ne fait pas donner des cours propres au travail social par des ingénieurs! Alors, pourquoi les cours de sciences humaines devraient être enseignés par des spécialistes de la littérature?
Par respect pour les disciplines de sciences humaines, je crois qu’il faut réagir à ce projet. S’ils n’introduisent pas de cours de sciences humaines dans le programme «Culture et communication», ce sera quasiment un détournement de réforme. Les universités s’y attendent! Et s’ils en introduisent (ce qui me surprendrait!), il faudra veiller à ce qu’ils soient donnés par des profs réputés compétents pour le faire. Sinon, c’est irrespectueux!
J’espère simplement que le programme intitulé «Culture et communication» n’est pas uniquement un exercice de marketing fait dans le but d’attirer une clientèle qui se dirige traditionnellement en sciences humaines. Ce serait se moquer des sciences humaines… et on aurait erré!!!
Michel Huot, secrétaire du RSHCQ
[1] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Travaux de révision du programme d’études préuniversitaires arts et lettres (500.a1), année 2012, [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/ens-sup/ens-coll/COMITE/3fev2012.pdf (Page consultée le 31octobre 2012)
[3] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Profil attendu par les universités chez les diplômées et diplômés d’Arts et lettres, Québec, 2012.
[5] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Culture et communication -programme d’études préuniversitaires - 500.xx (PROJET), Québec, 2012, p. 13.
[6] IDEM., p. 17 et 21.
lundi 29 octobre 2012
Arts et Lettres ou Culture et Comminication???
Le programme Culture
et communication alias Arts et lettres : le changement de nom se
concrétise…
Concernant
le projet de refonte du programme Arts et lettres, à la suite d’une
consultation assez large, il semble que la version définitive du nouveau programme
sera prête pour les Fêtes. Pour l’instant, au MELS, une équipe travaille à rajuster
la version préliminaire de ce programme qui tiendra compte de certains commentaires
émanant du réseau. Le titre Culture et
communication (500.xx) ne fait pas l’unanimité, mais on maintient le cap
pour l’instant, malgré les critiques soulevées. En ce qui a trait aux effets
que ce choix aura sur le programme Sciences humaines, cela reste à voir. Cependant,
les programmes universitaires en communication font largement appel aux
sciences humaines, dans leur démarche scientifique notamment. Il est clair que le
choix des concepteurs du nouveau programme, qui valorise la nouveauté, ne
respecte pas les compétences des sciences humaines et empiète, à sa face même,
sur notre champ d’études.
Le
printemps dernier, une lettre[1] a
été adressée à la Direction des études collégiales pour présenter le point de
vue du comité d’enseignants et d’enseignantes des sciences humaines. Également, des pressions ont été faites sur
les directions des études, dans plusieurs collèges, par les coordinations de
programme de Sciences humaines ---
parfois aussi par les coordinations d’Arts et lettres qui ne sont pas en accord
avec ce changement--- pour tenter de faire modifier le titre proposé du programme
et le libellé de quelques compétences. Il n’est pas trop tard pour effectuer de
nouvelles pressions sur votre direction des études, pour faire valoir le
sentiment d’empiètement sur les compétences de sciences humaines et le risque
de conflit qui pourrait en découler… Sans monter aux barricades, reste que,
encore une fois, les sciences humaines se font dépouiller sans que cela ne
choque personne… Que dire également de la disparition des Lettres de l’offre de programmes au niveau collégial??? Restera le
petit programme Sciences, lettres et arts
pour représenter ce vaste champ d’études… Y a de quoi s’interroger et s’indigner…
N’hésitez
pas à signifier votre désaccord et à exiger une intervention auprès du MELS. Il
faut signifier clairement, possiblement par l’entremise de votre comité de
programme ou en amenant le sujet à votre Commission des études, que les
professeurs des Sciences humaines n’apprécient pas la situation et s’opposent à
cette orientation! Éventuellement, dans nos cégeps respectifs, pourquoi ne mettrions-nous
pas sur pied des profils Communication en
Sciences humaines? Cela montrerait peut-être le côté absurde de la
situation? Si nous ne disposons que de peu
de pouvoir pour influencer le processus de révision d’un programme, surtout lorsque
ce n’est pas le nôtre, nous avons, à tout le moins, le pouvoir de ne pas nous
laisser damer le pion sans rien dire!
Claire Denis
Cégep de Sherbrooke
Responsable du Comité
d’enseignants et d’enseignantes du programme préuniversitaire
Sciences humaines
P.S.: Pour ceux qui veulent suivre cette refonte du programme d'Arts et Lettres, voici de bonnes adresses pour alimenter votre réflexion :
[1] Si vous
souhaitez une copie de cette lettre, demandez à votre coordonnateur de
programme qui est habituellement celui ou celle qui représente votre collège au
Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme Sciences humaines. Vous
pouvez également communiquer avec moi pour en obtenir une copie.
mardi 17 avril 2012
Plus d'information à propos de la refonte du programme d'Arts et Lettres
Pour ceux et celles qui s'intéressent à la fabrique et à la mise en oeuvre éventuelle du nouveau programme d'Arts et Lettres, nous vous invitons à aller visiter les sites suivants:
- un blogue intéressant des acteurs (profs et coordonnateurs) impliqués dans le processus de refonte:
- les compte-rendu du Comité-conseil du programme d'études préuniversitaires Arts et lettres. Le compte-rendu du 3 février est intéressant.
Bonne lecture.
dimanche 15 avril 2012
Le nouveau programme d'Arts et Lettres; turbulences en vue dans les collèges?

Dans les documents que vous trouverez ici, vous pourrez voir
ce que les universités souhaitaient voir comme profil des diplômés de ce
programme. Grosso modo, elles
aimeraient avoir un programme de Sciences humaines. Dans l’autre document, vous
trouverez les compétences qui sont suggérées.
Nous vous proposons de lire ces deux documents et, si votre
collège offre le programme, d’en discuter avec vos collègues de ce programme.
Nous attendons donc vos commentaires dans les prochains jours et dans les
prochaines semaines.
Le 13 avril dernier, les personnes présentes lors de la
réunion du comité des enseignants ont pris position face au programme révisé et
a demandé à nos chargés de dossier au ministère de faire connaître notre
position à la Direction de l’enseignement collégial.
lundi 12 mars 2012
Les cours Transdisciplinaires, une suite à l’article du 30 janvier 2012
Je voudrais élargir la réflexion à
l’égard des trois cours transdisciplinaires en sciences humaines, MQ, IPMSH et
DIASH[1].
Le 30 janvier est paru un article sur IPMSH et DIASH. Plusieurs commentaires sont parus à la suite
de cet article.
Cette réflexion que j’apporte exprime
mon opinion basée sur une expérience à enseigner et à appliquer, de 20 ans dans
le cours de MQ et de plus de 12 ans pour les deux autres cours, IPMSH et DIASH.
Ce sont des cours que j’enseigne régulièrement et que je considère essentiel
dans le programme. Chaque cours a son utilité propre. L’application du contenu
de chaque cours doit être mise au premier plan dans l’enseignement et
l’apprentissage de ce contenu.
Pour situer le lecteur[2],
au Cégep de Sherbrooke, le cours de MQ est offert en première année (à
l’automne pour une moitié des étudiants et à l’hiver, pour l’autre moitié de la
cohorte annuelle), le cours d’IPMSH se donne à la troisième session et enfin,
le cours de DIASH, à la dernière session. Ce cours est également le cours
porteur de l’Épreuve-synthèse de programme.
C’est la séquence que nous retrouvons dans le curriculum du programme à
ce cégep.
Cours de MQ

L’application est essentielle dans ce
cours mais j’irai plus loin dans ma réflexion, dans chaque cours du programme à
toutes les fois où des données chiffrées sont utilisées dans les exemples
apportés par les professeurs des disciplines (géographie, sociologie,
économique, politique, etc.). Si
l’enseignant disciplinaire n’utilise jamais de données chiffrées, le cours de
MQ reste pour l’élève un cours n’ayant aucune utilité, complètement à part du
programme. Je trouve cela très
dommage. Pour les professeurs qui
enseignent ce cours, il est facile de mettre en application les notions
présentées.
À l’automne 1991, j’ai eu la chance de
donner le cours et j’ai mis mes étudiants en contexte d’application : jumelage
avec un professeur de géographie pour l’analyse et la création d’un indice
d’aménagement. Par la suite, plusieurs autres applications ont eu lieu à divers
niveaux : implication locale (Service d’orientation, Service du
socioculturel, Comité Environnement) ou régionale (arrondissement 05 de la Ville
de Sherbrooke, Université de Sherbrooke, etc.).
Il ya plusieurs organismes
communautaires qui n’ont pas les moyens financiers d’engager un responsable
d’enquête pour sonder les besoins de leur clientèle. Je considère que ce cours
peut servir à combler ce besoin. Les
étudiants n’ont pas à établir nécessairement un questionnaire ou une
problématique comme dans le cours d’IPMSH.
D’ailleurs, l’organisme connaît bien ses problématiques et peut déjà
établir ses besoins en termes de questionnaires. Pour un organisme, ce qui peut
être plus long concerne la saisie, le traitement et l’analyse statistique. Ces étapes correspondent à l’application des
éléments de compétence 2 et 3 de ce cours.
Il peut arriver que la phase collecte de données paraisse longue mais,
si l’organisme dispose d’une équipe de bénévoles, cette étape peut se réaliser
grâce à leurs efforts, tout dépendant de la technique d’échantillonnage
utilisée.
Cours d’IPMSH

À l’université, lorsque l’étudiant sera
dans son programme terminal, il devra suivre un cours de statistiques, de
méthodes quantitatives et/ou de méthodologie dont le contenu, les méthodes et
techniques seront directement en lien avec sa spécialisation. Ce n’est pas la
visée du cours d’IPMSH.
Cours de DIASH

Selon moi, le cours de DIASH doit se
faire seul pour le projet d’intégration. De plus, j’affirme que ce cours
devrait avoir comme résultat la lettre R (pour réussite) ou E (pour échec) et
non pas une note. Un étudiant qui
obtient 60 % en DIASH n’a pas atteint les compétences nécessaires pour l’université. Il lui manque des éléments de compétences
essentiels, au moins les 2/5 dans ce cas-ci. C’est comme un chirurgien qui
opère un patient. Il doit couper pour ouvrir, faire l’opération et recoudre. Pour être compétent, il doit maîtriser les
trois actes professionnels. Sinon, il manque quelque chose à sa fonction.
Toujours concernant le cours de DIASH, à
mon collège, il y a deux types de projets possibles : un projet de
recherche empirique ou un projet appliqué.
Selon le plan cadre, pour que le projet d’intégration soit accepté,
l’étudiant doit effectuer des liens entre au moins trois disciplines du
programme et démontrer la pertinence du projet en fonction de son orientation
ou encore de l’utilité sociale de ce dernier. Le projet de recherche
empirique consiste à la production d’un rapport écrit. Des étudiants nomment parfois ce cours IPMSH
2. Pour les projets appliqués,
l’étudiant doit aller dans un milieu de pratique, aller rencontrer un
spécialiste du domaine et bien d’autres choses. Souvent un projet appliqué va
permettre à l’étudiant de confirmer ou d’infirmer son choix vocationnel. Il n’en fait pas un spécialiste mais avec le
support (obligatoire) d’une personne-ressource (un spécialiste reconnu dans le
domaine), le projet appliqué lui permet de baigner dans son futur milieu
professionnel.
Voici deux exemples de projets appliqués
qui ont eu lieu à l’automne 2011, session où j’avais trois groupes en
DIASH. Prenons le cas d’une étudiante
qui se dirigeait en orthopédagogie.
L’étudiante a conçu un guide pratique s’adressant aux parents d’enfants
nécessitant les services d’un orthopédagogue.
Elle a réalisé son guide et l’a fait évaluer par une orthopédagogue qui travaille
à l’enseignement primaire et donne de la formation aux parents. Ce projet a permis de confirmer l’orientation
de cette étudiante. Un autre cas est
celui d’une étudiante qui voulait poursuivre des études universitaires en orientation. Elle a produit un jeu de mémoire ayant pour
but de faire prendre conscience aux jeunes filles qu’il existe plusieurs
métiers qui s’offrent à elles et qui sont intéressants. Elle a présenté son jeu devant trois classes
de filles de secondaire V, elle a recueilli leurs opinions. Au préalable, elle avait soumis son jeu de
mémoire à la conseillère d’orientation de l’école en question. À la fin du projet, cette étudiante a modifié
son choix d’orientation, elle a décidé de poursuivre des études dans le domaine
des relations de travail plutôt que comme conseillère d’orientation.
À présent, je reviens aux compétences
utiles pour l’université. Selon moi, ces compétences s’expriment surtout en
termes d’habiletés et d’attitudes. La
liste que je vous présente est celle issue du plan cadre de DIASH 2002 au Cégep
de Sherbrooke. Les habiletés et
attitudes sont : la recherche d’information, l’utilisation des outils de
communication par internet, l’utilisation d’un logiciel de présentation, la capacité
d’analyse et de synthèse, la capacité de formuler un raisonnement cohérent, la
capacité d’appliquer des savoirs à l’analyse de situations, la gestion du temps,
la pensée et le jugement critique, la capacité de réfléchir sur sa pratique,
l’autonomie, la créativité, le sens de l’éthique, la capacité à recevoir la
critique, la maîtrise du français écrit, la capacité d’expression orale en
français et la capacité à comprendre un texte en anglais.
Cette liste ne prétend pas être exhaustive. Aucune
mention n’est faite des connaissances (savoirs) utiles pour l’université. Ces connaissances acquises varient d’un
profil à l’autre dans le programme de sciences humaines et celles attendues par
les programmes universitaires vont dans le même sens.
Pour terminer, je considère que le cours
de DIASH devrait nous permettre de mesurer le degré d’atteinte (sur une échelle
qualitative) ou non de chaque élément précédent, qu’il soit rattaché au bilan,
au transfert ou à la métacognition.
Ginette Bousquet, M.Sc.
Professeure de géographie et de
méthodologie
Cégep de Sherbrooke
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