lundi 27 février 2012

Que valent les Sciences humaines pour les bailleurs de fonds de la recherche universitaire? 7.8 %... scandaleux, insultant… et on accepte cela!








Pour ceux d’entre vous qui croient que les sciences humaines ont une grande importance pour le savoir de l’humanité, voyez quelle place lui est faite par l’université de la recherche… 

http://www.youtube.com/watch?v=eOU7am_A2Fc&feature=related


Si vous n’étiez pas convaincus que les sciences humaines doivent être défendues et promues… voici un argument massue pour illustrer le statut que l’on réserve à ces sciences… Les universités sont devenues de grosses écoles techniques où votre expertise n’a de l’intérêt que si l’entreprise privée peut faire de l’argent grâce à vous… Pourtant, la définition même de ce qu’est une université contient l’idée de savoir universel… de transmission et de développement des connaissances humaines. Une université digne de ce nom devrait veiller à accroître les connaissances dans tous les domaines du savoir. En outre, les défis fondamentaux de l’humanité ne sont pas reliés à des problèmes techniques… mais plutôt à des comportements trop humains sur les plans psychologique, politique et social. On continue de tabler sur l’idée que le progrès et la technologie arrangeront tout… alors que les nouvelles technologies ne contribuent que marginalement à relever les défis de notre temps (lorsqu’elles ne contribuent pas à les aggraver)... Nous avons besoin des sciences humaines plus que jamais!
Personnellement, je suis outrée devant cet état de situation inqualifiable… Il est assez choquant également de penser que, ceux et celles qui oseront étudier à grands frais dans des domaines dits « de recherche fondamentale » auront, à terme, des salaires moins élevés! Leurs études coûtent aussi cher… sont peu respectées et débouchent sur des emplois moins payants!!! Et on veut les faire payer davantage tout en continuant de financer grassement l’université de la recherche plus appliquée, plus payante à court terme, au détriment de l’université du savoir et de l’enseignement… À long terme, je demeure convaincue que nous nous tirons collectivement dans le pied, pas seulement parce que la science ne sert plus qu’à l’enrichissement de certains, mais surtout parce que les véritables innovations risquent de provenir de là où on ne les attend pas. De surcroit, lorsqu’on sait comment ces fonds de recherche sont utilisés… comment il existe peu de collaboration entre les acteurs œuvrant sur un même terrain de recherche, ce choix de société est d’autant plus désolant.

Y en a marre!

Claire Denis, cégep de Sherbrooke

lundi 20 février 2012

Nouvelles des activités du MELS reliées au programme Sciences humaines


Le MELS : pasde  révision du programme envisagée à court terme
Pour ceux qui souhaitent prendre l’habitude de s’intéresser au programme de Sciences humaines sur le plan provincial, voici quelques nouvelles des activités en cours de réalisation cette année. L’an dernier, comme tous les ans, le Comité-conseil pour ce programme a défini un mandat pour la responsable du Comité des enseignants, à réaliser avec le soutien du fonctionnaire responsable de ce programme. Le mandat planifié à l’origine par le MELS était chargé (voir p. 9 du compte rendu de la réunion du Comité-conseil du 29 avril 2011**). Une conjoncture particulière, liée aux prises de retraite et aux mouvements de personnel, a forcé des réajustements importants. Notamment, le projet d’une enquête sur les difficultés d’intégration aux études collégiales des étudiantes et étudiants en Sciences humaines, sur le plan de la lecture et de l’écriture, risque fort de se voir considérablement amputé, étant donné le peu de ressources que l’on compte y consentir. Le MELS vit également à l’heure des compressions budgétaires… (vieille rengaine et impression de déjà vu…).  Ce projet est encore en gestation et, à terme, si les compressions ne l’envoient pas aux poubelles de l’histoire, le MELS devrait faire appel à quelques professeurs, en provenance de cégeps volontaires, pour participer à sa réalisation. Également, un relevé des mesures exemplaires d’aide à la réussite destinées aux étudiantes et étudiants présentant des difficultés d’apprentissage a été  reporté sine die…

En dehors de cela, un rapport sur la façon dont le programme prend en charge les visées de la formation collégiale est en construction. En 2007, lors des travaux d'actualisation de la formation générale, un groupe, composé de professionnels du Ministère et d'enseignants du collégial, a mené une réflexion pour tenter de discerner la spécificité de la formation à l’ordre collégial. Ces réflexions ont abouti à une vision élargie de l'approche programme. Trois visées de la formation collégiale et cinq compétences communes ont ainsi été définies. Il est prévu que tous les programmes des cégeps devront démontrer que ces visées collégiales sont effectivement prises en charge dans le cadre des cours de la formation spécifique. La réponse à cette commande a fait grincer quelques dents…

Bref,  le travail sur notre programme national s’effectue selon ce que le Comité-conseil estime opportun de réaliser à un moment donné. Il ne semble pas y avoir de révision du programme envisagée à court terme. Cependant, les libellés de plusieurs compétences ont été retravaillés. La compétence associée au cours d’Histoire de la civilisation occidentale a été modifiée de même que les compétences 22N, 22R, 22S et 22U (initiation, approfondissement, application et enrichissement). Vous auriez intérêt, dans votre collège, à vous en inspirer, si vous devez retravailler vos cours. Ces nouveaux libellés restent optionnels, puisqu’ils n’ont pas obtenu la sanction ministérielle, mais nous avons été autorisés à les utiliser. Vous les trouverez dans un des rapports rattachés au compte rendu de la réunion du Comité-Conseil du 29 avril dernier (voir la liste des rapports ci-dessous).  
 
Si vous souhaitez en connaître plus sur les activités du MELS en lien avec le programme Sciences humaines, une collègue du Cégep Gérald-Godin m’a fait parvenir une liste de liens pour consulter différents rapports produits depuis 2008. Cette liste est reproduite ci-dessous. Voici d’abord  un lien pour retracer tous les travaux présentés au Comité-conseil des Sciences humaines au fil des ans :
 
Claire Denis
Responsable du Comité des enseignants pour le programme Sciences humaines.

jeudi 16 février 2012

L'INTÉGRATION KA ÇA DONNE!

Edgar Morin
"Connaître et penser, ce n'est pas arriver à une vérité absolument certaine, c'est dialoguer avec l'incertitude.

…toute connaissance est une reconstruction/traduction par un esprit/cerveau dans une culture et un temps donné. "(Edgar Morin)





Selon le Petit Robert, le terme intégration signifie, entre autre, l' incorporation de nouveaux éléments à un système. Si l'on applique cette définition au cours d'Intégration on pourrait alors le définir ainsi: incorporer un ensemble de concepts déjà assimilés à un autre ensemble de concepts également assimilés. La nouveauté se situe au niveau des relations pouvant être établies entre les ensembles de concepts. Intégrer prend ici plus particulièrement le sens de réaliser une série plus où moins complexe d'opérations telles que d'établir des liens, d'assimiler, d'unifier, et de comparer, des concepts. Intégration dans le sens également d'avoir atteint un niveau de compétence dans le champ des sciences humaines; compétence qui peut se traduire par un certain nombre de savoirs, de savoir être et de savoirs faire. Une compétence est un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être qui sont activés lors de la planification et de l'exécution d'une tâche donnée.

Le cours d'Intégration est une occasion unique pour l'étudiant de poser une réflexion sur ses connaissances, de développer son jugement critique, d'affiner ses processus cognitifs (analyse, synthèse, pensée divergente, convergente, etc..) et de cultiver certaines attitudes lui permettant de reconsidérer ses perceptions, d'atteindre un niveau de confiance de flexibilité et d'ouverture dans son expression orale et écrite. Comme le souligne si bien Jankélévitch :

"Toute ma vérité ici-bas n'est-elle pas de me sentir exister dans l'estime, l'opinion et la confiance des autres"

Et cette vérité ne réside-t-elle pas dans une sentiment de compétence s'appuyant sur la capacité de remanier une réalité de façon économique par l'entremise de savoirs, de savoirs faire et de savoirs-être. Vérité permettant à l'étudiant de ne plus aborder les situations comme des catastrophes imprévisibles ou des frustrations insupportables mais comme des moments de ruptures, de remise en ordre du réel qui font de la vie un aventure unique pour chacun de nous.

La notion de savoir-être implique des dimensions telles que l'expression, les attitudes, et la métacognition .

L'expression, premier niveau du savoir-être, (être en mesure de se manifester et de "sentir exister dans l'estime, l'opinion et la confiance des autres") suppose un espace intérieur de sensations, c'est à dire un lieu de re/présentation de ces sensations (perception). Lorsque cet espace de représentation disparaît, l'individu peut se retrouver en état de psychose ou "d'acting out". L'expression a comme point d'encrage le rythme et donne accès au regroupement.

Le rythme est probablement la première manifestation de l'expression et de la coordination (le mouvement, le balancement, la danse etc.). Sans régulation il devient étourdissement, douleur, cri; cependant, avec la régulation, c'est à dire avec la capacité de l'organiser, de le structurer, il se nuance, il se définit, il crée des mélodies, des airs, des façons de faire et d'être différentes de celles des autres. Chacun possède son propre rythme, intimement lié à l'expression et à l'émotion. On sait à quel point un changement de rythme de vie peut affecter l'expression et à quel point l'émotion peut affecter le rythme (cardiaque, respiratoire). C'est notre capacité d'organiser (regroupement) notre rythme qui nous mènera vers l'expression.

Le regroupement est une fonction permettant des opérations logiques et analogiques telles que l'inclusion, l'exclusion, la comparaison, la généralisation, et la métaphore. Penser est en quelque sorte avoir la capacité de regrouper des rythmes Avec l'arrivée du regroupement, l'expression peut être anticipée, imaginée, synthétisée, remodelée et crée.

L'expression est le fondement de l'identité; c'est la capacité de se manifester, de se dire, de s'aménager un espace intérieur de réflexion, et de la partager avec les autres. Elle permet de moduler notre corps, nos émotions, notre discours.; elle permet également développer un savoir être en relation avec soi, avec les autres et avec le monde. Les moyens pour y parvenir peuvent être nombreux mais nous situerons les notre davantage au niveau de l'introspection et du partage de l'information entre étudiants. Il est cependant important de souligner que sans l'intégration de certaines attitudes, l'expression peut se figer ou être totalement inconvenante..

L'attitude se réfère à une disponibilité de l'esprit permettant l'atteinte de certains buts tels que la flexibilité, l'ouverture d'esprit, la confiance, la curiosité. L'attitude est une disposition que possède l'individu à choisir tel ou tel type de comportement en relation avec le souvenir agréable ou non d'une expérience passée. L'attitude est un facteur important de la motivation; elle est en grande partie responsable de l'activation de la motivation. Les attitudes que nous avons énumérées seront fortement encouragées, soulignées, et elles feront l'objet de réflexions propre au développement de la métacognition.

La métacognition suppose un espace de représentation intérieur, permettant de se re/présenter les processus mis en jeu lors d'une résolution de problèmes. Elle a pour but d'élargir le champ de conscience de l'apprenant et donc sa capacité à réutiliser ce qu'il sait dans des contextes différents. La métacognition se traduit par les opérations mentales mises en oeuvre lors d'un apprentissage; c'est en quelque sorte un savoir sur son savoir qui permet la modélisation d'une compétence. Nous présenterons certains moyens permettant de développer la métacognition.

Nous avons donc envisagé différents procédés permettant à l'étudiant d'étendre des savoirs- être. Parmi ceux-ci, nous privilégions la tenue d'un journal de bord, s'ouvrant sur un récit d'apprentissage. Le récit d'apprentissage permet à l'étudiant de toucher aux trois dimensions des savoirs être: l'expression, les attitudes, et la métacognition. Lors de cet exercice, l'étudiant doit se remémorer un apprentissage qui lui a été très significatif expliquer en quoi il l'a été (les facteurs facilitants) ainsi que les conséquences intrinsèques et extrinsèques de cet apprentissage. L'étudiant comparera les conditions et les moyens facilitateurs qui ont mené à cet apprentissage à sa situation d'étudiant. Il pourrait être également intéressant d'ouvrir une discussion lors de laquelle les étudiants pourraient relater leurs expériences et en faire part aux autres. Un exercice de synthèse permettrait de cerner les aspects importants d'un apprentissage significatif.

Le journal de bord, devrait être un outil de base, un confident dans lequel l'étudiant projette ses attentes, ses réflexions, ses frustrations, ses critiques. Il servirait de réflexion suite à des discussions de groupes.

Le développement d'un savoir-être implique un certain degré de motivation, un montage et un rodage. La motivation comporte un engagement émotif et cognitif de la part des intéressés. Elle est la bougie d'allumage de tout le processus et son activation ne peut que se faire par l'étudiant. Bien sûr que nous pouvons créer les conditions optimales pour cette activation et c'est ici qu'intervient le montage: c'est en quelque sorte le cadre, l'environnement, la logistique. La capacité de créer un sentiment d'appartenance où chaque individu y trouvera sa place est une condition essentielle au développement de la compétence et de l'estime de soi.

Il ne reste plus par la suite qu'à effectuer le rodage et ajuster nos interventions, nos orientations et nos évaluations en fonction de nos réflexions et des feed-back des étudiants.

Nous sommes conscient de l'importance pour un étudiant de développer une compétence par le biais de savoirs, de savoir-faire et de savoirs-être; de développer par le fait même un sentiment de compétence, s'appuyant sur une motivation à l'accomplissement élevée, et sur une capacité d'expression personnelle dans le respect de soi et des autres. Apprendre à nos étudiants à développer un savoir en relation avec soi, les autres et le monde. Savoir être en mesure de recevoir l'Autre, de partager un espace intérieur de sensation, un espace intérieur de représentation, être en mesure se re/présenter les connaissances par le biais de la symbolisation et la conceptualisation.

Charles Martin

Prof de Psychologie et coordonnateur du Département des Sciences humaines du Cégep de Lévis Lauzon

dimanche 12 février 2012

À mettre dans votre agenda : une journée d’étude du RSHCQ sera tenue le vendredi 25 mai

Bilan provisoire de la première année d’existence du RSHCQ
À mettre dans votre agenda : une journée d’étude du RSHCQ sera tenue  le vendredi 25 mai

Le Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ) est une association volontaire très jeune fondée le 24 mai 2011. Dès sa fondation, le RSHCQ a toujours tenté de poursuivre les objectifs suivants :



  1. Procurer aux membres un lieu de valorisation, de défense et de promotion des sciences humaines dans les cégeps, au ministère et auprès du grand public.
  2. Favoriser et promouvoir, dans le contexte de l'enseignement des sciences humaines dans les collèges, un processus éducatif de qualité.
  3. Faciliter les échanges entre ses membres et servir de liaison.
  4. Assurer une représentation auprès des organismes publics et du grand public.
Pour poursuivre ces objectifs, le premier exécutif de l’association s’est doté d’un plan stratégique en trois points :
  1.  Bâtir une liste d’envoi (mailing-list) de tous les profs enseignant au sein du programme de sciences humaines. Évidemment, cette liste n’est pas complète mais elle est tout de même très volumineuse. De plus, elle touche à presque tous les collèges québécois où le programme de schum est offert. Nous tentons continuellement de la mettre à jour et d’accroître notre présence dans tous les collèges.
  2. Communiquer à partir d’un blogue avec les enseignants. Nous alimentons donc le blogue d’un contenu portant spécifiquement sur le programme comme tel. Nous faisons bien attention de ne pas empiéter sur les contenus disciplinaires pour ne pas nuire aux associations. Nous considérons que cet outil de communication nous donne une excellente vitrine. D’ailleurs, nous avons en moyenne entre 1200 et 1600 visites par mois.
  3. Susciter le dialogue entre enseignants. Vos commentaires et vos billets sont publiés systématiquement. Et nous constatons aujourd’hui une amorce d’échange. Mais notre plein potentiel n’est certainement pas atteint.
Nous considérons que nous avons atteint les trois objectifs que nous nous étions fixés dans notre plan. Nous en sommes à analyser la situation. Deux constats s’imposent à nous.
1)      Nous avons eu jusqu’à maintenant une participation honnête de votre part. Nous recevons des commentaires toutes les semaines. Nous avons des profs qui nous ont soumis des billets forts pertinents d’ailleurs. Mais nous cherchons à faire croître votre participation. Pourquoi? Parce que vous êtes sans l’ombre d’un doute les yeux et les oreilles les plus alertes pour mesurer les forces et les faiblesses du  programme. Et, depuis la parution du blogue, nous avons constaté que le programme de schum n’était pas géré de la même façon d’un collège à l’autre. Nous avons parfois l’impression que nous vivons sur des planètes différentes. Vos commentaires nous surprennent beaucoup en ce sens. On en est venu à la conclusion que la réalité-collège se fragmentait de plus en plus. Nous voulons certainement creuser davantage cette conclusion préliminaire. Est-ce vraiment le cas?
2)      Pour répondre à cette question de façon plus formelle et objective, nous avons décidé d’organiser une journée d’étude. Nous avons choisi la date du vendredi 25 mai, soit exactement un an après la fondation officielle du Réseau. Nous voyons dans l’organisation de cette journée une opportunité extraordinaire d’échanger ensemble sur l’état de notre programme. Nous voudrions développer cette  journée d’étude autour de trois axes de discussions :
1.      Dans votre collège, quels sont vos rapports avec la formation générale?
·         Obtenez-vous une coopération adéquate de la part des disciplines de la formation générale? Vous consultent-elles? Êtes-vous obligé de tenir compte des acquis de la formation générale dans votre épreuve synthèse de programme? Etc.
2.      Dans votre collège, comment organisez-vous les cours transdisciplinaires?
·         Qui donne les cours de Méthodes quantitatives? DIASH est-il chez vous le cours porteur de l’ÉSP? IPMSH est-il donné par une discipline particulière? Voyez-vous réellement toutes les méthodes de recherche durant le cours? Dans quelle séquence présentez-vous les cours transdisciplinaires dans les grilles horaires? Etc.
3.      Comment sont déployés vos cours complémentaires dans vos collèges?
·         Les disciplines des sciences humaines offrent-elles des cours complémentaires? Les étudiants de sciences humaines ont-ils le droit de suivre des cours complémentaires issus des sciences humaines? Les cours complémentaires ont-ils vraiment leur place dans le programme de sciences humaines, compte tenu du fait qu’il s’agit d’un programme déjà passablement éclaté? Etc.
La logistique de cette journée d’étude est encore à bâtir. Nous avons pensé la tenir dans la région de Montréal. Y a-t-il un collège volontaire pour offrir gratuitement ses locaux? Comme nous n’avons pas encore de membres en bonne et due forme, nos finances sont à zéro. Notre trésorier administre 0 cenne! Il n’a pas encore fait d’erreur de calcul ;) Sérieusement, nous tiendrons aussi durant cette journée notre assemblée générale. Il sera temps de voir comment bâtir un membership avec une cotisation raisonnable. Nous en profiterons aussi pour faire le point sur les relations que nous voulons entretenir avec les associations disciplinaires. Ensemble, nous serons plus fort que chacun de son côté.
Nous vous reviendrons rapidement avec une invitation formelle et un plan détaillé de la rencontre.
Entretemps, faites-nous part de vos préoccupations. N’hésitez pas à nous proposer des sujets de discussion. Commentez nos billets. N’ayez pas peur de participer. Plus vous participerez, plus nous serons dynamiques. Plus nous aurons la capacité d’agir sur notre programme.
Bien à vous.
Michel Huot, sociologie, CBA

mercredi 8 février 2012

Une réflexion perspicace sur la fonction de l'éducation!

Un petit «youtube» de 12 minutes qui fait réfléchir! Partout en Occident, les systèmes d'éducation publique sont sous pression. Comment les réformer? Dans quel but? Des enjeux fondamentaux sous-tendent ces réformes. À regarder.

La traduction française ici:


L'original en anglais ici:

lundi 6 février 2012

L’approche programme en Sciences humaines : ça sert à quoi?

D’abord un peu d’histoire…
Depuis la naissance des cégeps, les départements d’enseignement ont constitué le mode organisationnel privilégié dans les cégeps. D’un côté, il y a les programmes techniques qui s’articulent autour d’un département maître d’œuvre du programme et de l’autre, les programmes préuniversitaires, composés dans la plupart des cégeps d’un nombre variable de départements d’enseignement. En Sciences humaines, ces départements sont constitués d’une seule discipline ou en regroupent quelques-unes, lorsque le nombre de professeurs est insuffisant.  Dans les petits cégeps, lorsqu’il y a un département de Sciences humaines, il rassemble la plupart des disciplines de la formation spécifique, un peu comme dans les programmes techniques. À ces départements disciplinaires se greffe la formation générale, elle aussi articulée en différents départements : français, philosophie, éducation physique et anglais. La formation complémentaire, issue de divers départements, complète ce tableau. 
Le choix du mode organisationnel départemental institué à l’origine des cégeps était un calque du  modèle universitaire. Or, cette manière de construire les programmes d’enseignement dans les collèges a eu quelques effets pervers, surtout au préuniversitaire. C’est probablement le programme Sciences humaines qui a été le plus affecté par cette situation. Voici quelques problèmes fréquemment soulevés, en ce qui a trait à l’organisation des cégeps en départements d’enseignement.
L’intégration de la formation générale et complémentaire au programme d’enseignement
La formation générale (F.G.) constitue une portion importante des programmes d’enseignement. Elle est souvent citée comme l’élément qui donne la couleur aux cégeps et qui traduit le mieux la spécificité de cette institution. En Sciences humaines, elle constitue environ 45 % de la formation.  Conséquemment, c’est une dimension quantitativement très importante de ce parcours collégial. Les reproches adressés historiquement à la formation générale portaient principalement sur sa tendance à fonctionner parallèlement aux programmes d’étude. En outre, certains programmes techniques ont reproché à la F.G. les taux d’échec de leurs étudiants.  D’autres encore auraient apprécié davantage de soutien et de collaboration de la part de la F.G. ou des cours qui colleraient mieux à leur programme. L’idée d’adapter les cours aux différents programmes a été mal reçue par plusieurs professeurs de F.G. Ils y voyaient une atteinte à leur autonomie professionnelle et aussi un risque de dénaturer le sens de la F.G. Ils étaient réticents à adapter leurs cours aux attentes particulières des programmes, car cela aurait notamment pour effet d’alourdir et de compliquer grandement leur tâche.  En ce qui a trait à Sciences humaines, certains se plaignaient du recoupement entre les contenus disciplinaires de sciences humaines et ceux des cours de philosophie, notamment. Bref, une formation générale importante dans tous les programmes, mais qui a fini par ressembler quelque peu à une école dans une école... 
Un programme qui présente un problème de sens pour les étudiantes et étudiants
Lorsque l’on se place du point de vue d’un étudiant ou d’une étudiante en Sciences humaines et que l’on examine son horaire, on risque de voir apparaître une succession de cours avec peu de liens entre eux… Un programme qui n’a de sens que pour les plus « intellectuels» d’entre eux, les « bollés » qui s’intéressent à tout ou presque. Or, nous savons pertinemment qu’une portion significative de nos étudiants ne manifeste pas un intérêt spontané pour le travail intellectuel… C’est à nous de tenter de les gagner à la chose... En outre, en formation spécifique, tout comme en F.G., les cours présentent un fil conducteur ténu. Chacune des disciplines de sciences humaines comporte un bagage théorique important et bien distinct. Comment les amener à faire des liens entre la psychologie, l’économie, la géographie? Ajoutez à cela les cours complémentaires obligatoires, où on leur propose des choix qui ne les intéressent pas toujours, la formation en Sciences humaines est si diversifiée qu’on pourrait presque la qualifier d’éclatée…  En fait, ce sont les professeurs de français qui sont généralement les plus présents dans notre programme... et parfois les professeurs de mathématiques dans le profil administration ou encore dans les profils « avec maths » qui subsistent… Les cours de psychologie sont parfois au même nombre que les cours de français.  Par ailleurs, l’une des critiques formulées fréquemment par les étudiantes et étudiants en Sciences humaines : un programme trop général, pas assez concret. Nos étudiants s’inscrivent dans un programme et non pas dans un département en particulier, comme à l’université. Heureusement, dans les profils, on arrive parfois à augmenter quelque peu la cohérence du programme… Tous ces cours en provenance de disciplines et de départements différents sont assurément une excellente chose pour obtenir une vision large de plusieurs champs disciplinaires et aussi pour la culture générale de ceux qui en bénéficient… Or, cette façon d’organiser le programme en fait-elle un parcours cohérent, efficace et stimulant? 
Une source de conflits d’identité et de tensions
La conception disciplinaire de l’enseignement collégial a fait en sorte que les professeurs s’identifient d’abord à leur département d’enseignement et surtout, à leur discipline de formation. Cette situation, assez compréhensible, a pour conséquence de laisser le programme des Sciences humaines orphelin… surtout dans les gros cégeps… On a un boulot grâce à lui, mais on ne développe pas un sentiment d’appartenance très fort envers lui… sans compter diverses tensions susceptibles de se produire entre départements pour l’obtention des cours transdisciplinaires, par exemple.
Un programme au leadership diffus
Dans les programmes techniques, les professeurs sont largement responsables de veiller à la qualité de la formation et au suivi du programme. Au préuniversitaire, dans les cégeps où l’on retrouve plusieurs départements, quelle instance est chargée de veiller à la santé et au développement du programme? Est-ce uniquement une responsabilité de la direction alors que, dans les programmes techniques, cette responsabilité est largement assumée pas les enseignants eux-mêmes? Qui prend la direction de la pédagogie, de veiller à rendre les programmes cohérents, pertinents, intéressants, attrayants pour les étudiantes et étudiants? Dans le modèle départemental conçu à l’origine, ces responsabilités professionnelles risquaient fort de tomber dans quelques interstices...
Les remèdes apportés au fil des ans…
Pour tenter de rendre plus cohérente la formation collégiale, au fil des ans, diverses idées ont été avancées ou mises à l’essai : des cours de français, d’anglais et de philosophie propres au programme, l’approche programme, les comités de programme… Ces idées n’ont pas fait un consensus spontané et n’ont pas été forcément bien accueillies. Lorsque l’on a proposé l’idée d’une approche programme, le modus vivendi construit autour des départements s’en trouvait ébranlé. La compréhension que l’on avait des cégeps et des programmes également. On craignait notamment de voir la F.G. subordonnée aux impératifs des programmes et qu’elle soit obligée d’adapter ses cours à chacun des programmes. Les départements perdaient une partie de leur pouvoir au profit des programmes.
Les comités de programme ont été institués pour tenter de concrétiser l’approche programme. Cette idée rencontre encore aujourd’hui de la résistance et les départements demeurent la pierre angulaire des programmes, surtout dans les gros cégeps. Au plan syndical, la résistance s’est organisée autour de demandes de ressources additionnelles pour actualiser les mandats confiés à ces comités. Cela fait environ 10 ans que les comités de programme existent et un nombre significatif de professeurs n’en voient toujours pas très bien l’utilité, les perçoivent comme des réunions ennuyeuses ou les ignorent tout simplement… Il est probable que les ressources peu importantes qu’on y a consenties expliquent partiellement cet état de fait.  Force est de constater que, au quotidien, l’approche programme est demeurée une vue de l’esprit, particulièrement dans les gros cégeps. L’intégration de la formation générale au programme reste difficile et les échanges entre les départements demeurent occasionnels, peu structurés ou inexistants en dehors des comités de programme. Il est notamment complexe d’intégrer l’approche programme au quotidien. Le risque pour Sciences humaines, c’est de demeurer un programme avec un leadership faible où les véritables problèmes rencontrés par le personnel enseignant ou par les étudiantes et étudiants restent traités à la pièce, sans vison d’ensemble… La main gauche ignore ce que fait la droite et chacun réinvente le bouton à quatre trous… Les comités de programme demeurent mal compris, l’approche programme mal intégrée, alors qu’ils sont essentiels pour permettre une concertation significative. Quelques cégeps dynamiques, petits ou articulés en de solides profils, semblent réussir à contourner cette difficulté structurelle. Par exemple, dans mon cégep, une équipe de pédagogie concertée a fait en sorte que des professeurs de plusieurs disciplines travaillaient ensemble pour superviser les apprentissages de leurs étudiantes et étudiants à une même session. Cette expérience, tenue à bout de bras par quelques professeurs, a malheureusement fini par s’étioler. Un autre cégep a expérimenté une forme d’organisation où les professeurs de la formation générale et ceux de la formation spécifique partagent les mêmes bureaux… Ces initiatives restent souvent méconnues ou instables et auraient avantage à être mieux soutenues ou diffusées.
Le programme des Sciences humaines a besoin, tant au niveau local qu’au niveau provincial, de revoir ses pratiques et de réfléchir aux nombreux défis qui s’annoncent : la diminution des inscriptions, les besoins de nos étudiantes et étudiants, les conditions d’exercice de la profession, la qualité de la formation, la cohérence de nos interventions, le rayonnement du programme… Un programme cohérent et motivant contribuera à maintenir son attrait et à améliorer son image… Des jeunes qui choisissent les sciences humaines par goût et parce qu’ils sont convaincus d’y obtenir une formation de grande qualité, voilà certes l’une des clés pour réfléchir à la situation. Une approche programme intégrée dans la pratique quotidienne des cégeps, doublée d’une concertation en réseau, pour nous enrichir mutuellement et pour veiller à la santé du programme et des cégeps pourraient constituer des pistes de travail pour la suite de l’histoire…

Claire Denis
Cégep de Sherbrooke