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mardi 9 décembre 2014

Développement social ou développement économique?

Le billet qui suit a été rédigé dans le cadre d’une série de textes portant sur l’austérité, publié dans un bulletin syndical local (SPEC-CSN Sherbrooke). Cette réflexion sur les effets des compressions gouvernementales a amené le RSHCQ à se demander quelles en seraient les répercussions sur la population étudiante du programme Sciences humaines du réseau collégial. Nous savons qu’une portion significative des étudiantes et étudiants qui poursuivent des études dans ce programme sont parmi les plus vulnérables des collèges. Nous savons également que les ressources consenties à ce programme le placent d’emblée parmi les moins nantis. Nous pensons que les compressions actuelles risquent de l’affecter durement et de le fragiliser davantage. Aussi, nous vous demandons de nous faire connaitre comment les compressions actuelles et le sous-financement du réseau affectent directement le programme Sciences humaines dans votre collège. Nous vous reviendrons sur ce sujet en janvier.


Développement social ou développement économique?


Le contexte actuel, qualifié de période d’austérité, se justifie selon le gouvernement libéral par la dette trop élevée qui sera léguée à la prochaine génération et par l’idée de redonner aux entreprises la marge de manœuvre dont elles ont besoin pour relancer l’économie. Cette réduction de la dette et des dépenses publiques semble aussi avoir pour cible la réduction du rôle et de la taille de l’État dans la société québécoise. Elle vise probablement aussi à satisfaire les agences de notation pour éviter une décote de crédit qui augmenterait les taux d’intérêt à payer sur la dette. Cette approche conservatrice de la gestion des finances publiques pose en principe que les dépenses gouvernementales constituent une perte nette, un peu comme si on achetait une automobile ou de la nourriture. Pourtant, ces déboursements publics ont un effet multiplicateur positif reconnu. Ils créent de l’emploi et soutiennent l’économie, tel que le démontre la célèbre théorie keynésienne. Parmi les défenseurs d’une approche non interventionniste de l’État, on entend souvent dire que, pour partager la richesse, il faut d’abord la produire et que, le développement économique est une condition nécessaire à une société où chacun peut s’y faire une place, selon ses capacités et au mérite de ses efforts. Et si c’était le contraire? Si le développement social précédait le développement économique et si la création de la richesse devait absolument être accompagnée d’un excellent système d’éducation, obligatoire et accessible, en plus de mesures de réduction des inégalités sociales? Est-il possible de se développer économiquement sans la présence d’une population scolarisée?


Indicateurs du développement social et économique


La question de l’apport du système d’éducation au développement en amène plusieurs autres, dont celle du lien entre la scolarisation, l’entrepreneuriat et l’innovation (1); et celle du lien entre le développement économique et le développement social. Mais qu’est-ce que le développement social et est-il possible de se développer « socialement » sans avoir atteint un certain niveau de richesse? Pour mesurer le niveau de développement social, divers indicateurs ont été mis au point par différentes organisations. Il existe le coefficient de GINI (2), un indicateur synthétique des inégalités de revenus; le Gender Gap (3) qui se penche sur les inégalités de genre; la courbe de Lorenz (4), qui mesure le partage de la richesse et l’indice de développement humain (IDH) (5) qui tient compte de paramètres comme l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes, la santé, les soins envers les groupes plus vulnérables (personnes âgées, malades, handicapées...) et les libertés individuelles. Le Bhoutan a fait le choix étonnant de tenter de mesurer le bonheur national brut (BNB)(6). En gros, mesurer le développement social consiste à voir comment une société met en place les conditions favorables au développement du plein potentiel des individus en tant qu’être humain.(7)


En ce qui a trait au développement économique, les indicateurs généralement utilisés sont : taux d’inflation, taux de chômage, balance des paiements, indicateurs boursiers, productivité des entreprises, produit intérieur brut… Ces indicateurs s’attardent plus à la croissance qu’au développement au sens plus large. De toute évidence, s’il faut choisir entre un développement strictement économique et le développement social, ce dernier apparait nettement plus pertinent. Le développement économique, tel qu’il est pratiqué généralement, a surtout pour objectif l’enrichissement d’une classe d’individus, souvent au détriment de la collectivité ou de l’environnement. Cette pratique généralisée défie simplement le bon sens. Et pourtant…


Une éducation accessible et valorisée: un ingrédient essentiel au développement social et économique


Pour recentrer l’idée de développement économique autour de celle du développement social, l’éducation de la population constitue l’une des données incontournables de l’équation. Joseph Stiglitz, prix « Nobel » (8) de l’économie, soutient que si l’ascenseur social américain est en panne, c’est essentiellement parce que son système d’éducation est trop élitiste et peu abordable pour la classe moyenne (9). Nombre de spécialistes avancent que l’éducation n’est pas une dépense, mais un investissement. Quelle est la principale différence entre une dépense et un investissement? Dit très simplement, ce sont les bénéfices attendus à la suite de cet investissement, le fameux « rendement sur l’investissement ». Pourquoi une société doit- elle investir en éducation pour se développer? Parce que, sans la présence d’une classe de gens scolarisée, intéressée et capable de mettre son savoir et ses habiletés au service de la collectivité, le développement économique contribuera probablement à générer ou à maintenir les inégalités. Aussi, si l’on souhaite conserver la maîtrise d’œuvre de son développement et éviter qu’il soit assujetti à une minorité ou à des intérêts extérieurs à cette collectivité, il faut une population scolarisée capable d’intervenir et de contribuer à ce développement. Par ailleurs, en ce qui concerne les rapports de genres, le lien entre le niveau de scolarisation des femmes, le niveau d’égalité entre les sexes (gender gap) et le développement social a été maintes fois démontré. L’éducation des filles en est même une composante essentielle (10).


Le Québec constitue un exemple patent des effets positifs d’un investissement massif en éducation. Dans les années 60, il présentait un retard social et économique important, particulièrement en ce qui a trait au niveau de scolarisation. De toute évidence, suite à l’investissement massif en éducation effectué à cette époque, le Québec se situe parmi les nations les plus développées du monde. Une génération plus tard, il récolte les bénéfices de son investissement. Même si la situation économique mondiale est plutôt morose, le fait d’avoir un système d’éducation développé devrait nous placer en bonne posture pour maintenir un niveau de vie intéressant. Évidemment, d’autres facteurs contribuent à ce positionnement favorable, dont nos programmes sociaux!


Des compressions incohérentes et incompréhensibles


Pourquoi des coupes aussi radicales à ce moment-ci alors que plusieurs spécialistes (11) jugent ces compressions contre-productives? Cette orientation reste incompréhensible en dehors d’une vision idéologique du rôle de l’État. Simon Tremblay-Pépin membre de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) avance même qu’il pourrait s’agir d’une sorte de calcul effectué par les plus riches de notre société (le 1 %) (12) pour maintenir son hégémonie (13). Il suggère que, depuis un certain temps, les riches n’ont plus besoin de la croissance économique pour continuer d’engranger des profits faramineux,(14) ce qui expliquerait possiblement les compressions actuelles, aussi radicales qu’insensées. La trappe austérité/stagnation à laquelle Éric Pineault, professeur à l’UQAM, fait référence (15) dans son analyse des choix actuels de politiques publiques a notamment pour effet de ne pas stimuler la croissance voire même de la paralyser... Étrange pour des gens qui se font élire en répétant que leurs interventions auront pour but premier l’économie et surtout la création d’emplois. Il semble que l’étranglement actuel de la classe moyenne fasse l’affaire des plus riches. En outre, ils refusent de redonner à la collectivité une part des immenses profits qu’ils accumulent, en utilisant les paradis fiscaux (16). Des milliards de dollars y sont détournés, ce qui prive les États d’une part importante des revenus dont ils auraient besoin pour s’acquitter de leurs obligations.


Les mesures d’austérité constituent-elles le bon remède pour améliorer le problème d’endettement du Québec? On peut se permettre d’en douter. D’autres pistes de travail existent, mais elles ne semblent pas faire l’affaire des riches et des puissants. Le développement d’une société a sans doute besoin d’une saine croissance économique pour favoriser l’amélioration des conditions de vie, mais cette croissance n’a pas de raison d’être en soi. Pour prendre tout son sens, elle doit avoir pour cible principale le développement social et le bien commun, sinon elle ne sert qu’à aggraver les inégalités et les problèmes de l’humanité.


________________


(1) Voir cette innovation surprenante, résultat du génie québécois : http://www.lyko.ca/. Un niveau de scolarisation élevé est nécessaire à la créativité et pas juste en génie…

(2) Utilisé par la Banque mondiale http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI
(3) Développé par le World Economic Forum en 2006 http://www.weforum.org/issues/global-gender-gap
(4) La courbe de Lorenz expliquée : http://www.lesbonsprofs.com/notion/ses/savoir-faire/la-courbe-de-lorenz-et-le-coefficient-de-gini
(5) Mis au point par les Nations Unies http://hdr.undp.org/fr/data
(6) Le BNB une mesure originale. http://www.agirparlaculture.be/index.php/alternative-culturelle/54-le-bhoutan-la-recherche-du-bonheur-comme-modele-de-developpement
(7) Paul Bernard et al. Comment mesurer le développement social. CQRS 2002, p.13. [http://www.frqsc.gouv.qc.ca/upload/editeur/Rapportfinal_PaulBernard(1).pdf) ] (consulté le 15 octobre 2014).
(8) Bien que ce prix remis par la Banque de Suède soit critiqué, il demeure une reconnaissance internationale de l’apport d’un théoricien à cette discipline.
(9) Voir cette conférence de J. Stiglitz en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=cZC1HVRz450
Il a aussi fait la démonstration à maintes reprises que les politiques d’austérité ne fonctionnent pas. http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201409/29/01-4804704-lausterite-a-echoue.php
Il qualifie également l’austérité d’idée toxique.
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(10) Lire l’avant-propos de cet Atlas mondial des genres en éducation, publié par l’UNESCO en 2012 : http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002155/215582f.pdf
(11) P. Krugman tout comme J. Stiglitz en sont. Étrange que deux récipiendaires de prix “Nobel” ne soient pas entendus par ceux-là même qui se réclament de cette science : http://www.captaineconomics.fr/-paul-krugman-austerite-inflation-deflation-trappe-liquidite
(12) Connaissez-les mieux : http://money.cnn.com/2011/10/20/news/economy/occupy_wall_street_income/
(13) Il a formulé cette hypothèse dans le cadre d’une conférence présentée à l’Université de Sherbrooke le 15 octobre dernier.
(14) Grâce au système financier qui permet entre autres de spéculer sur des titres et des économies à la baisse…
(15) Voir cet extrait d’une conférence fort édifiante…
https://www.youtube.com/watch?v=Zzh7fE_vjgw&feature=player_detailpage
(16) Voir à ce sujet le la thèse édifiante de Alain Denault : Paradis fiscaux: la filière canadienne Barbade, Caïmans, Bahamas, Nouvelle-Écosse, Ontario…, 2014, Écosociété



Claire Denis

Cégep de Sherbrooke


mercredi 5 novembre 2014

Le Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme préuniversitaire Sciences humaines survivra-t-il aux compressions budgétaires?

Dans les années 1990, à la suite de la disparition des comités provinciaux disciplinaires, des comités d’enseignantes et d’enseignants avaient été mis sur pied pour les programmes préuniversitaires et pour les disciplines de la formation générale. Ces réunions nationales avaient notamment pour avantage de maintenir une forme de suivi du réseau et de ne pas réinventer la roue dans chaque cégep. Une politique définissant les mécanismes de consultation et de partenariat du ministère a été rédigée pour définir ces structures nationales. Pour le programme Sciences humaines, cela a engendré des réunions annuelles, certes parfois critiquées, mais qui favorisaient des échanges entre cégeps et une vision globale du réseau. Dans la foulée des compressions actuelles, il semble que l’on ait décidé de limiter grandement les activités de ces comités. Il est très peu probable qu’il y ait une réunion du Comité d’enseignantes et d’enseignants des Sciences humaines cette année. Cela signifie aussi très probablement qu’il n’y aura plus de réunion annuelle. Ces rencontres seront vraisemblablement réservées aux périodes de révision nationale du programme. Une date probable, mais non confirmée, du début des travaux de révision du programme Sciences humaines est envisagée pour 2016-2017. Les travaux se termineraient, au plus tôt (hypothèse optimiste), à l’automne 2020. D’autres programmes préuniversitaires (Sciences de la nature, Sciences informatiques et mathématiques…) seront révisés avant le nôtre.

Peut-être que tous les programmes préuniversitaires n’ont pas besoin d’être suivis de façon très régulière. Cependant, en ce qui a trait au programme Sciences humaines, sa taille, sa lourdeur, sa complexité et la quantité très importante d’étudiantes et d’étudiants qui y sont inscrits constituent des caractéristiques uniques qui font qu’il mérite d’être suivi de façon plus étroite. En outre, les coordonnateurs et enseignants du programme réclament depuis longtemps une mise à jour de plusieurs libellés de compétences et une révision du programme lui-même. Des travaux ont aussi été demandés et réalisés dans le but de bonifier les libellés de plusieurs compétences du programme et malgré la grande satisfaction manifestée envers le résultat de ces travaux, ils ont été « tablettés ».
La présente situation découle sans doute de la réduction des budgets alloués à l’éducation. La planification actuelle du ministère peut possiblement être modifiée, mais il y a fort à parier que bien d’autres questions seront jugées prioritaires. Si cet agenda est maintenu, nous aurons vécu avec un programme rédigé en compétences, dans une perspective quasi expérimentale, qui aura perduré plus de 20 ans…


Pour veiller sur notre programme, le Réseau des sciences humaines (RSHCQ) devient, dans les circonstances, un outil encore plus pertinent et indispensable… Soutenez-le!

Claire Denis
Cégep de Sherbrooke
Responsable du Comité d’enseignantes et d’enseignants
Programme Sciences humaines


mercredi 5 février 2014

La consultation dans les collèges à propos du cours sur le Québec contemporain.

Au terme de la journée d'études du 16 janvier dernier, le RSHCQ a pu observer de plus près comment se déroule le processus de consultation dans divers collèges au sujet de l'objectif et standard quant au cours sur le Québec contemporain.

- Dans quelques cégeps, tous les départements sont consultés, puis leurs avis sont dirigés vers un sous-comité de la Commission des études.

- Dans d'autres cégeps, on consulte en priorité les professeurs de sciences humaines, mais aussi le comité de la formation générale; leurs avis sont ensuite présentés à la Commission des études.

- Certains cégeps mènent la consultation en catimini: à la mi-janvier, des professeurs de sciences humaines n'avaient pas encore reçu le courriel du ministère, datant du 13 décembre, et qui lançait la consultation, axée sur 4-5 questions.

- Bien entendu, dans bien des cégeps, des assemblées syndicales comptent se prononcer, mais vont-elles discuter seulement des aspects touchant le retrait d'un complémentaire ?, son impact sur les autres disciplines ?... ou débattre aussi de la pertinence d'un tel cours ?, de l'énoncé de la compétence ? des disciplines aptes à traiter du Québec contemporain ?...

Dans tous les cas, il faut d'abord et avant tout que les sciences humaines soient entendues quand il est question d'évaluer l'objectif et standard (la compétence, les disciplines pouvant enseigner le cours, l'objet d'étude, etc.), à la fois par la direction, mais aussi par les autres départements.

Pour terminer, vous êtes invités à partager, sur le blogue du RSHCQ, vos premières impressions et observations quant au déroulement de cette consultation dans votre collège.


RSHCQ


mercredi 8 janvier 2014

Cours en études québécoises ou cours d’histoire du Québec en formation générale ? Options et enjeux à soupeser...


Cours en études québécoises ou cours d’histoire du Québec en formation générale ? Options et enjeux à soupeser...

L’arrivée d’un cours portant sur le Québec contemporain, qu’il adopte un caractère strictement historique ou une perspective faisant appel à d’autres champs disciplinaires,  engendrera des avantages et des écueils, quelle que soit l’option qui sera retenue.  Le choix qui résultera des consultations qui s’amorcent aura nécessairement des impacts sur les programmes et sur la composition du personnel.  Pour ceux qui connaissent bien la configuration et le fonctionnement des cégeps,  les enjeux autour de ce changement se discernent aisément. Ce billet vise à présenter les plus importants et à proposer des pistes de réflexion adaptées à la réalité des sciences humaines.  Mais d’abord, il est utile d’examiner brièvement la raison d’être de ce cours, les motifs invoqués pour justifier  ce changement au curriculum des cégeps.

 Selon certains analystes, c’est tout simplement la présence d’un gouvernement souverainiste qui expliquerait ce soudain intérêt pour un cours d’histoire nationale. Pour d’autres, dont je fais  partie, les lacunes sur le plan des connaissances et de la compréhension du Québec actuel sont manifestes. En ce qui me concerne, je mesure session après session, par un exercice concret, l’ampleur de ce déficit que j’oserais qualifier de culturel et identitaire.  Or, bien que l’histoire en constitue un aspect important, on ne peut réduire cette lacune à une mauvaise connaissance de l’histoire du Québec. Le Ministère aurait d’ailleurs pu consacrer davantage de temps à mieux documenter et à justifier cette modification significative au Règlement sur le régime des études collégiales (RREC).  En admettant d’emblée le bien-fondé de ce constat et la pertinence d’y remédier, la question qui en découle n’est plus uniquement de savoir si un cours d’histoire constitue le remède à ce déficit. C’est clairement une solution intéressante et pertinente. Toutefois, en toute objectivité, il faut également se demander si c’est la seule solution à ce malaise. À l’évidence, on peut admettre qu’un cours du type « études québécoises », « sciences sociales »  ou « humanités» constituerait tout autant une réponse adéquate au problème soulevé. On peut donc affirmer d’entrée jeu que les deux options sont viables, bien qu’aucune ne résoudra entièrement le problème. En l’occurrence, elles comportent toutes deux des enjeux et des écueils significatifs à soupeser. En voici quelques-uns.

 Dans le cas d’un cours avec une approche strictement consacrée à l’histoire du Québec contemporain, les professeurs d’histoire y gagneront nettement sur le plan du rayonnement de leur discipline et sur le plan des emplois que cela générera. Par contre, il y aura clairement des effets pervers à cette option.  D’abord, les cégeps qui offrent déjà un cours d’histoire du Québec en Sciences humaines ou en complémentaire les abandonneront. Ensuite, la disparition d’un cours complémentaire risque de générer des mises en disponibilité (MED) et il est clair que les cours transdisciplinaires serviront de tampon pour en résorber les effets. Les professeurs d’histoire risquent donc de se voir exclu, du moins pour un temps, du bassin des cours transdisciplinaires.  En outre, il est probable aussi que certains d’entre eux finissent par enseigner le même cours indéfiniment... Par ailleurs, diverses questions autour de la cohérence des programmes et de leur gestion se poseront. Ainsi, on peut penser  que l’ajout d’un cours d’histoire obligatoire en formation générale affectera, le cas échéant, le caractère obligatoire du cours de civilisation occidentale en Sciences humaines. Il est à prévoir que l’on plaide pour une éventuelle modification du statut de ce cours. Que dire aussi de l’impact d’une croissance importante et soudaine du nombre de professeurs d’histoire sur ses relations avec les autres disciplines ou départements du programme Sciences humaines? Des déséquilibres sont à prévoir avec les tensions qui les accompagneront inévitablement. D’un autre point de vue, comment se déroulera l’intégration de ce cours à la formation générale? Quel accueil lui réservera-t-on? Que dire aussi de la disponibilité de ressources compétentes qu’il faudra dénicher sur une très brève période? Une embauche massive dans le cadre des conventions collectives actuelles risque fort d’avoir quelques effets pervers... En définitive, les gains attendus pour la discipline histoire seront peut-être moins intéressants qu’on ne l’anticipe.

L’autre option, souhaitée par plusieurs professeurs en sciences humaines, prendrait la forme d’un cours offert par plusieurs disciplines (un peu comme la 22N en Sciences humaines) ou encore du type « humanités » comme dans les collèges anglophones. Ce modèle aurait notamment l’avantage d’atténuer les effets négatifs sur les disciplines et le personnel. Au regard de nos gestionnaires, c’est très probablement le choix le moins couteux à envisager.  Or il y a aussi des écueils à prévoir autour de cette option. Si ce cours est jugé important, il lui faudra atteindre l’objectif et le standard attendus. Est-ce que toutes les disciplines peuvent honnêtement le concevoir sans présenter un contenu trop spécialisé ou encore, tordre l’objectif initial (mal défini, on en convient) jusqu’à en perdre le sens et à la pertinence? Également, il ne faut pas oublier que nos étudiantes et étudiants ont des programmes très chargés, lourds et qu’ils sont déjà assez rébarbatifs à la formation générale, surtout dans les programmes techniques. Ce cours obligatoire doit apporter quelque chose de plus et de différent de ce qu’ils auront vu au secondaire. Si l’aspect historique est nécessaire à la compréhension du Québec contemporain, comme le libellé actuel de compétence le propose,  il faudra que les personnes sélectionnées pour l’enseigner aient les compétences requises. Localement, il sera absolument nécessaire de veiller à ce que les cours qui seront bâtis demeurent pertinents et rencontrent la cible (à mieux définir, il faut le répéter...). Que les personnes qui obtiennent le privilège de l’enseigner fassent la preuve qu’ils sont capables d’en respecter l’esprit.  Cela implique une gestion décentralisée bien encadrée, avec une équipe de direction et un comité de la formation générale bien au fait des intentions du cours. De ce point de vue, un cours offert par une seule discipline ou par un nombre restreint de disciplines risquerait peut-être moins de s’éloigner de ses visées.

 D’autres enjeux, également source de tensions significatives, sont à anticiper. En l’occurrence, la disparition d’un cours complémentaire aura des effets sur le personnel de plusieurs programmes et, dans certains collèges, sur des professeurs de la formation générale. En fait, tous ceux dont la tâche est constituée de cours complémentaires. Avec un seul cours complémentaire restant, on pourrait imaginer qu’il soit redonné aux programmes et que chacun d’entre eux en fasse ce qu’ils jugeront pertinent. Présentement, dans plusieurs cégeps, les cours complémentaires sont servis à toutes les sauces : centre d’aide, formation d’appoint, cours de préparation à l’international... Ils servent aussi à stabiliser du personnel.  En leur accordant cette latitude, cela redonnerait de l’oxygène aux programmes qui se plaignent de surcharge et atténuerait significativement les effets négatifs associés aux tâches.   En Sciences humaines, il pourrait être utilisé, selon les profils, pour resserrer la formation, tout en y conservant un cours au choix, à l’intérieur du programme, au besoin.  C’est un pensez-y-bien... 

 En terminant, si l’on estime que ce cours constitue une amélioration de la culture générale de nos étudiantes et étudiants, peu importe la décision qui sera prise, il semble que nous aurions avantage à soutenir son arrivée. Si l’on insiste uniquement sur les avantages ou les inconvénients reliés aux tâches, on perd un peu de vue la question de fond. Bon nombre de nos collègues ne sont pas convaincus de la pertinence de ce cours, alors la partie n’est pas gagnée. Il est encore possible que tout cela tombe. Lors de la journée d’étude du 16 janvier, ces options seront discutées, avec l’espoir de dégager quelques consensus et de mieux nous préparer aux consultations locales.  

 Bon débat!

 Claire Denis
Présidente du RSHCQ


Journée d’étude 16 janvier 2014 au Collège Ahuntsic


Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ)


Journée d’étude 16 janvier 2014 au Collège Ahuntsic

Local : Café étudiant (entrée la plus près : 9055 St-Hubert, métro Crémazie, sortie nord).

Coût : 40$  non membres

            15$  membres

Thématique : La place des sciences humaines en formation générale dans les cégeps.

Objectif : Préparer la consultation sur l’objectif et le standard du nouveau cours Québec en nous donnant un discours et une stratégie commune pour y participer.


Déroulement de la journée


9 h              Accueil

9 h 30         Mot de bienvenue

9 h 40         Conférences d’ouverture  Gilles Laporte et Maurice Angers

10 h 20       Questions et discussions

10 h 50       Pause

11 h 10                Identification des enjeux en lien avec le processus de consultation autour de l’arrivée d’un cours sur le Québec en formation générale : enjeux politiques, enjeux stratégiques, enjeux de tâches, enjeux approche « humanités » ...

                           

11 h 45       Diner

13 h            Ateliers (genre Café du monde)

A.   La pertinence d’un cours sur le Québec en formation générale

B.   Le libellé de la compétence

C.   Les enjeux reliés aux tâches

D.   Les enjeux reliés à la formation générale complémentaire 

E.    Les enjeux stratégiques (coordination de l’action, si possible)

14 h 30       Pause

14 h 45       Mise en commun des discussions en ateliers

15 h 30       Actions pour la suite  

16 h            Fin de la journée      
    

lundi 9 décembre 2013

De grâce au Ministère, rendez public les travaux élaborés jusque-là en coulisse.

Depuis le début du processus qui conduira peut-être à la mise au monde d’un cours d’histoire ou de sciences humaines sur le Québec à la formation générale, j’ai l’impression que tout se fait en coulisse. On dirait que le spectacle n’est pas commencé! On ne nous dit rien! Il y a bien Le Devoir qui suivent l’affaire mais il y a peu à dire. Sur les sites internet reliés aux cégeps, silence radio. Il n’y a pas de développement.

Pour rassurer tout le monde, voilà ce que l’on sait :

• On sait que le Ministre veut un cours d’histoire du Québec à la formation générale.
• On sait qu’il veut que ça se fasse à coût zéro.
• On sait que ce cours remplacera un cours complémentaire.
• On sait qu’un groupe de travail a été formé pour élaborer un «objectif et standard» du cours.
• On sait que le groupe s’est rencontré à deux reprises.
• On sait qu’il est prévu que le groupe de travail se revoit en avril 2014.
• On sait que le Comité-conseil de la formation générale a reçu «l’œuvre» du groupe de travail.
• On sait que la FNEEQ a bien accueilli la démarche d’introduire un cours obligatoire d’histoire contemporaine du Québec dans la formation générale.
• On sait que la FNEEQ a demandé aux syndicats membres de faire une évaluation locale des incidences éventuelles sur la tache suite à l’implantation d’un tel cours.
• On sait à peu près quelle sera la suite des choses :
o consultations des cégeps
o consultation des Comités-conseil de sciences humaines, Histoire et civilisation, Sciences Lettres et Arts
• On sait qu’il y aura une annonce au début de 2014 dans la Gazette officielle du Règlement modifiant le Règlement sur le régime des études collégiales (RREC), notamment les articles 7 et/ou 9 du RREC.
• Suite à cette annonce, on sait qu’il y aura des avis provenant de plusieurs acteurs du milieu collégial qui seront déposés.
• On sait qu’on prévoit la mise en place du cours pour la rentrée collégiale de 2014-2015.

Mais est-ce suffisamment rassurant de savoir cela? NON. Certainement pas!
• On ne sait pas qui a été sélectionné pour faire partie du groupe de travail.
• On ne sait pas comment ils ont été sélectionnés.
• On ne sait pas encore le libellé de l’objectif et standard bien que les travaux soient complétés. Embargo?
• On ne sait même pas si ce sera un cours d’histoire ou un cours multi qui pourrait être donné par des professeurs de différentes disciplines. Lesquelles?
• On ne sait pas si la consultation des cégeps sera officielle ou officieuse. Y aura-il un questionnaire pour encadrer les discussions? Y aura-t-il seulement discussions? Dans quel forum? La commission des Études? Les départements des sciences humaines y seront-ils conviés? No sé.
• On ne connaît pas l’opinion des Directions des études. Hypothèse : elles opteront pour un cours multi, plus simple à gérer dans une perspective de flexibilité du travail. Réflexe de gestionnaires !
• On ne connait pas l’impact de l’implantation d’un tel cours sur l’emploi.

Les étapes de la démarche de la création du cours semblent donc bien tracées. Et les forums où on pourra se faire entendre seront suffisants. S’il vous plaît au Ministère, mettez fin immédiatement à l’embargo sur «l’objectif et standard» du cours qu’on puisse en discuter. Il est temps que les acteurs entrent en scène et que la pièce se joue.

L’étape de la consultation des cégeps sera un moment fort où les acteurs locaux auront l’occasion de se faire entendre. Surveillez bien ce moment. On sait très bien maintenant que le réseau collégial est décentralisé. Cela aura fort probablement pour effet d’amener beaucoup de diversité dans les formes de consultation. Les professeurs des disciplines des sciences humaines devront trouver un moyen de se présenter sur scène. Il ne faudra surtout pas se contenter du rôle de gérant d’estrade.

Surtout, nous espérons que vous utiliserez ce blogue pour faire valoir votre point de vue - que vous nous rapporterez comment la consultation s’est passée chez vous. D’ici là, de grâce au Ministère, rendez public les travaux élaborés jusque-là en coulisse.

Michel Huot, secrétaire, RSHCQ



mardi 19 novembre 2013

Processus de mise au monde du cours sur le Québec en formation générale des cégeps


Pour ceux d’entre vous qui sont préoccupés par le processus de conception et d’implantation du cours d’histoire du Québec, voici comment, grosso modo, le Ministère (MESRST) compte procéder pour concevoir le cours, réfléchir aux problèmes liés à son implantation, organiser les consultations autour de ce projet et respecter l’échéancier qu’il s’est fixé pour son apparition dans tous les programmes des cégeps.

Comme vous l’avez probablement appris, l’équipe chargée d’élaborer l’objectif et le standard du cours a été sélectionnée et elle doit, en deux rencontres, donner son avis sur le projet ministériel. Par la suite, les résultats des travaux du groupe de travail seront présentés à la prochaine réunion du Comité-conseil de la formation générale prévue à la fin de novembre. Ce dernier a également pour mandat de réfléchir aux défis que posera l’intégration de ce cours à la formation générale. Plusieurs obstacles sont prévisibles et les directions des collèges devront s’y préparer.

Une consultation est ensuite prévue : chacun des cégeps pourra faire connaitre au Ministère le point de vue qui se dégage dans son milieu sur l’objectif et standard. On peut penser que la manière dont ces consultations s’effectueront variera selon la culture locale.

Par ailleurs, une réunion commune des Comités-conseils des programmes Sciences humaines, Histoire et civilisation et Sciences Lettres et Arts, qui ont tous des cours d’histoire au programme, est également prévue avant les fêtes. Par la suite, vraisemblablement en janvier, ce sera le tour du Comité d’enseignantes et d’enseignants en sciences humaines de se réunir pour en discuter.

Le projet exige aussi un amendement au Règlement sur le régime des études collégiales (RREC), qui sera affiché dans la Gazette du Québec, probablement en février. Cette modification doit faire l’objet de consultations publiques. La population sera consultée à ce moment. L’avis du Conseil supérieur de l’éducation sera également sollicité. Il rendra son rapport au cours de l’hiver qui vient.

Tout ce processus devrait être finalisé pour juin 2014 et les cégeps pourront théoriquement amorcer les travaux de mise en place de ce cours dès septembre prochain. Cet échéancier parait certes ambitieux et on peut se demander s’il est réaliste. Cependant, les enjeux autour de ce cours sont suffisamment importants pour prendre le temps de participer à l’une ou l’autre de ces consultations. Que l’on s’interroge sur la pertinence de ce cours, sur les effets de son implantation sur les programmes ou sur les étudiantes et étudiants ou encore sur la quasi-disparition des cours complémentaires, il apparait judicieux de contribuer à en renforcer la pertinence pour que ce changement à la formation générale des cégeps soit réussi.


Claire Denis
Cégep de Sherbrooke

samedi 26 octobre 2013

Ajout d'un cours de sciences humaines à la formation générale ; turbulences en vue?

La discussion engendrée par la proposition d’ajout d’un cours d’histoire du Québec au collégial crée des remous significatifs. Au-delà des enjeux d’emplois, c’est toute la formation générale qui se voit bousculée par l’arrivée d’un cours associé aux sciences humaines. Les cours de français, de philosophie, d’anglais et d’éducation physique caractérisent les cégeps et en marquent l’originalité. Pourtant, ils sont régulièrement remis en question, tout comme les cégeps d’ailleurs. Les cours complémentaires ont jadis occupé une place significative dans les programmes collégiaux. Au début des années 1990, on les a réduits de moitié, essentiellement pour faire place aux cours d’anglais. Lors de ce remaniement majeur, le nombre d’heures de cours de philosophie et d’éducation physique a aussi été réduit.

La formation générale et complémentaire est souvent mal perçue par les étudiantes et étudiants du secteur technique. Les problèmes de réussite qu’ils y rencontrent les amènent à en questionner la pertinence et à douter de son utilité dans le cadre de leur future profession. Généralement, les professeurs des programmes techniques défendent la présence de la formation générale. Cependant, plusieurs d’entre eux partagent plus ou moins entièrement le point de vue étudiant. On souhaiterait qu’elle prenne moins de place, puisque la formation spécifique est habituellement très chargée et que cela contribue à alourdir grandement les programmes. On estime aussi qu’elle contribue à retarder la diplomation et à accroitre les risques d’échec et d’abandon. On souhaiterait qu’elle se colle davantage aux besoins spécifiques de formation : des cours de français adaptés, des cours d’anglais sur mesure... Les tensions occasionnées par le mariage entre la formation générale et spécifique existent depuis toujours. En ce qui a trait aux cours complémentaires, certains programmes ont d’ailleurs réussi à les utiliser pour satisfaire des besoins spécifiques de formation, ne laissant plus qu’un seul cours hors programme, au choix de l’étudiante ou de l’étudiant, voire aucun choix, dans quelques rares programmes. En outre, dans plusieurs cégeps, ces cours servent essentiellement à stabiliser du personnel, ce qui a pour effet de situer l’offre de cours complémentaire dans une logique de tâche qui l’éloigne de son objectif initial.

Des critiques à l’endroit de la formation générale proviennent aussi des sciences humaines. La grande place occupée par la formation générale (presque la moitié du programme Sciences humaines) est sujette à controverse. Elle s’explique notamment par l’importance de la philosophie dans les écoles classiques et par les choix effectués lors de la fondation des cégeps. Comme on l’a entendu récemment, lors de la création des cégeps, on a choisi d’exclure l’histoire de la formation générale, mais aussi toutes les sciences humaines. Plusieurs d’entre elles mériteraient pourtant d’y apparaître. C’est d’ailleurs l’option choisie dès le départ par les cégeps anglophones qui ont remplacé la philosophie par les « humanités ». Également, parmi les choses souvent dites à mots couverts, on critique le quatrième cours de français et parfois aussi le deuxième cours d’anglais. Que ces critiques soient justifiées ou non, bien des professeurs aimeraient revoir un peu la donne… Ce type de remarque n’est pas très agréable à entendre par nos collègues de la formation générale, étant donné les enjeux d’emploi que cela sous-tend inévitablement.

Il n’y a pas que les critiques envers la formation générale qui animent les discussions sur l’organisation des cégeps. Au fil du temps et des réformes, la diminution des cours complémentaires et la façon dont ils sont utilisés ont fait en sorte que cette formation a perdu de son sens. Cela en a fait une cible facile pour répondre à d’autres besoins de formation. Il n’est donc pas étonnant que, pour éviter de réinvestir dans les cégeps ou de faire des choix encore plus douloureux comme celui de toucher à d’autres cours de la formation générale, on vise un cours complémentaire pour lui aménager une place.

L’arrivée d’un nouveau cours vient ébranler encore le fragile équilibre entre la formation générale (et complémentaire) et la formation spécifique. Les enjeux d’emplois se situent au cœur du problème et ils génèrent inévitablement des tensions et des remises en question. Ce sont probablement les professeurs de philosophie et d’éducation physique qui se sentent les plus menacés par l’actuel projet. Comme ils ont historiquement déjà perdu une portion de la place originale qu’ils occupaient, ils savent que cette place peut être à nouveau précarisée. À l’époque, plusieurs cégeps avaient compensé les pertes encourues dans ces départements par un accès à ce qu’il restait de cours complémentaires, qui semblent présentement en voie de disparition...

En fait, à l’heure actuelle, tous ceux dont les emplois tiennent à la présence des cours complémentaires doivent être inquiets. Plusieurs postes seront créés alors que d’autres risquent de disparaitre ou réduits à du temps partiel. Bien que, en Sciences humaines, la venue de ce cours soit jugée positivement par la majorité du personnel enseignant, selon les choix qui seront faits, dans certains cas, le changement proposé touchera directement les disciplines qui offrent des cours complémentaires. Il engendrera inévitablement des remaniements dans certaines grilles de cours. Il existe un certain nombre de vases communicants entre disciplines et entre programmes. Les pertes seront inévitablement absorbées quelque part. Si du personnel permanent est touché, cela occasionnera des mouvements qui, en Sciences humaines, seront épongés en bonne partie par les cours de méthodologie. D’ailleurs, on peut penser que le cours complémentaire qui survivra (s’il survit…) servira aussi à stabiliser le personnel touché. Cet important changement ne s’effectuera pas à coût zéro...

Depuis longtemps, la position occupée par certaines disciplines dans les grilles de cours, l’accès aux cours transdisciplinaires ou encore au bassin de cours complémentaires suscitent de fortes discussions dans la plupart des cégeps. Cela est particulièrement vrai en Sciences humaines, parce que les disciplines sont nombreuses et les places limitées. Une forme d’arbitrage est parfois nécessaire pour réduire les tensions que cela occasionne. Le ministère détient une part de responsabilités à cet égard; espérons qu’il en a conscience et qu’il l’assumera.

Un cours ayant pour objet le Québec est jugé pertinent par bon nombre de professeurs et d’experts. Les discussions autour de ce remaniement doivent demeurer constructives. La meilleure façon d’y arriver est indéniablement de se placer du point de vue des étudiantes et étudiants. L’institution collégiale a le devoir d’offrir une formation de qualité, pertinente et cohérente! Il est un peu étonnant d’ailleurs que l’on s’apprête à rédiger un cours de niveau collégial sans savoir exactement ce qui s’enseignera au niveau secondaire... Dans tous les cégeps, veiller à la cohérence des Sciences humaines constitue une préoccupation importante. L’ajout de ce cours devient l’occasion d’en renforcer la présence et d’en revaloriser l’image. Souhaitons que cela serve d’abord à rehausser significativement la qualité de la formation de tous les cégépiens et cégépiennes!

Claire Denis, présidente du RSHCQ

vendredi 31 mai 2013

Une pétition circule en ligne pour le maintien de l'intitulé Arts et lettres.


Appel au ministre Pierre Duchesne: maintien de l'intitulé "Arts et lettres" dans les cégeps du Québec

 


Il semble bien qu'il y ait encore beaucoup de grogne sur le changement de nom du programme d'Arts et lettres.

À l'initiative du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, une pétition circule en ligne pour soutenir l'idée de préserver intact le nom du programme. À ce jour, 850 personnes l'ont signée.

Nous vous invitons à consulter le site à l'adresse suivante:

http://www.avaaz.org/fr/petition/Appel_au_ministre_Pierre_Duchesne_maintien_de_lintitule_Arts_et_lettres_dans_le_cegeps_du_Quebec//?launch

Nous vous suggérons même de signer la pétition.

RSHCQ

Un cours sur le Québec ? Faut en parler !

Bonjour,
Pierre Duchesne propose l'ajout d'un cours sur le Québec
Comme vous le savez, il y a présentement un projet porté par le Ministre  Duchesne, concernant l'ajout d'un cours sur le Québec.
 
Une discussion concernant ce projet sera à l’ordre du jour de l’assemblée générale du 12 juin, lors de la journée d'étude du RSHCQ. Je vous propose trois liens pour vous permettre d'évaluer le point de vue de ceux qui défendent cette idée. Bien que le cœur de la proposition tente de répondre au problème de la mauvaise connaissance de l’histoire du Québec, vous pourrez constater que le cours proposé pourrait être offert, du moins partiellement, par d’autres disciplines des sciences humaines. L’opérationnalisation du projet n’est pas avancée, mais il semble que ce serait un cours complémentaire qui serait touché. Il faudra aussi éventuellement réfléchir aux effets de ce cours sur le programme Sciences humaines.
 
Le ministre rencontrera probablement les professeurs d’histoire à ce sujet la semaine prochaine. Nous saurons bientôt s’il peut nous rencontrer à l’assemblée générale du 12 juin. Le ministère est en mode consultation, ce qui nous laisse la chance de nous positionner sur le sujet et de choisir éventuellement d’appuyer ou non ce projet.
 
Il est important de participer à cette réunion. Si vous ne pouvez participer à l'ensemble des activités de la journée, devenez membre et inscrivez-vous à l’assemblée générale en remplissant le formulaire d’inscription disponible sur le blogue http://rshcq.blogspot.ca/ Vos frais pourront probablement être remboursés par les fonds de perfectionnement de votre collège. Ce projet va inévitablement rebondir au Comité d'enseignants, tôt ou tard...

Sites à consulter sur la question du cours sur le Québec :
http://www.fondationlionelgroulx.org/Un-cours-sur-le-Quebec.html
http://www.fondationlionelgroulx.org/IMG/pdf/je-ne-me-souviens-plus.pdf
http://www.journeedespatriotes.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=9957

S.V.P. : Faites circuler cette information parmi les collègues des sciences humaines.
Merci!

mardi 12 février 2013

Le gouvernement de Stephen Harper méprise vraiment la science !

On savait déjà que le gouvernement de Stephen Harper se méfiait beaucoup de la recherche scientifique. La liste des décisions gouvernementales «antiscience» s’allonge toujours.

·         Déjà en nommant en 2009 Gary Goodyear comme Ministre d’État (Sciences et Technologie), dont on sait qu’il a déjà «flirté» avec le créationnisme, Harper démontrait son attitude anti-scientifique.[1]

·         Puis, il a déchiré l’Accord de Kyoto sous des prétextes tout à fait rétrogrades.[2]

·         Puis, il a aboli  l’obligation chez tous les Canadiens de remplir le formulaire long du recensement du Canada.[3]

·         Puis, on a appris que les scientifiques travaillant dans des organismes fédéraux ne pouvaient pas parler au média librement, muselés en quelques sortes par le gouvernement. Les cas de censure fourmillent.[4]

·         Et récemment, on a assisté à des coupures budgétaires importantes dans le domaine scientifique. Des programmes de recherche sont abandonnés, des centres de recherche affaiblis.[5]

·         Le pire là-dedans, c’est qu’il semble y avoir une intention de couper dans des programmes et des centres de recherche qui nuiraient au développement économique tel que le conçoit le gouvernement conservateur.[6]

Un gouvernement qui s’abreuve à l’idéologie conservatrice et qui applique des politiques de droite sans aucune objectivité se méfie évidemment des faits; il n’aime pas l’appareil scientifique qui  mesure objectivement la réalité. Avec ses outils, ses méthodes, la science dévoile la vérité. Et bien souvent, cela va à l’encontre de l’idéologie du gouvernement Harper.

Ainsi en est-il des causes du réchauffement climatique, de la baisse du taux de criminalité dans nos sociétés, de l’accroissement des inégalités socio-économiques partout au Canada. Lorsqu’on regarde les faits en face, on finit par aligner ses politiques en conséquence… Malheureusement, ce gouvernement n’agit pas rationnellement; il carbure uniquement à l’idéologie.

Michel Huot, sociologie, CBA

[1]     Beauchemin, Malorie, «Évolution: la position de Goodyear soulève des inquiétudes», In La presse, 18 mars 2009, En ligne : http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200903/18/01-837568-evolution-la-position-de-goodyear-souleve-des-inquietudes.php
[2]     Francoeur, Louis-Gilles, «Kyoto: des «cibles stupides», selon Harper», In Le Devoir, 14 décembre 2011, En ligne : http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/338362/kyoto-des-cibles-stupides-selon-harper
[3]    Tamburri, Rosanna,  «Le formulaire long du recensement : un sujet encore chaud pour les chercheurs canadiens», In Affaires universitaires, En ligne :  http://www.affairesuniversitaires.ca/le-formulaire-long-du-recensement.aspx
[4]    PC, «Des scientifiques canadiens affirment être muselés par le gouvernement »In Huffington Post,  17février 2012, En ligne : http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/02/17/scientifiques-gouvernement-mensonge_n_1285817.html
[5]     PC, «Compressions budgétaires - Un millier de scientifiques dans les rues d'Ottawa», In Le Devoir, 10 juillet 2012, En ligne : http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/354271/manifestation-de-scientifiques-un-millier-de-scientifiques-dans-les-rues-d-ottawa
[6]     Piuze , Jean, «La recherche fédérale sur la pollution décimée par le gouvernement Harper», In Le Soleil, 15 juin 2012, En ligne : http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201206/13/01-4534525-la-recherche-federale-sur-la-pollution-decimee-par-le-gouvernement-harper.php

lundi 11 février 2013

Citépolis : Les sciences humaines en mouvement.


Au Réseau des Sciences Humaines des Collèges du Québec (RSHCQ), nous tenons à souligner la très intéressante initiative du Collège Édouard Montpetit qui vient tout juste d'activer un espace web, intitulé CITÉ-POLIS, dédié exclusivement aux SH.
 
Ce site comportera entre autres, progressivement, de courtes capsules audiovisuelles afin que les disciplines des sciences humaines puissent "s'exprimer"!
 
À Édouard Montpetit, ils veulent absolument ouvrir cet espace à tous les collègues de tous collèges, créer des échanges et des solidarités. Ils ne veulent pas que CITÉ-POLIS soit l'apanage d'un seul CÉGEP.
 
Allez visiter ce site : http://www.citepolis.college-em.qc.ca
 
Il a le potentiel de devenir un bon outil pédagogique. À nous d’y voir.

vendredi 16 novembre 2012

Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?


Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?

Les sciences humaines et l’avenir de leur enseignement inquiètent.  Partout dans le monde, on s’interroge. Par exemple, au Royaume-Uni, l'Académie des sciences sociales a lancé une campagne de financement pour faire une promotion de valorisation des sciences sociales (http://www.campaignforsocialscience.org.uk ). Aux États-Unis, à la demande du Sénat et de la Chambre des Représentants, l'Académie américaine des Arts et des Sciences a mis sur pied en 2010 la Commission sur les Humanités et les Sciences Sociales pour analyser l’avenir de ces disciplines. (http://www.humanitiescommission.org) En France, le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) a entrepris une démarche sur l’avenir des sciences humaines et sociales. (http://www.ciep.fr/ries/ries49.php ).

Je crois que partout où on s’interroge,  on constate que les sciences humaines forment un vaste champ de «connaissances molles» dont on ne sait pas trop quoi en faire. Je dirais ici que quatre visions s’affrontent :

1.      Les sciences humaines sont un patrimoine important de connaissances académiques ; il faut le transmettre afin de former des érudits…

2.     Les sciences humaines se positionnent comme la conscience critique qui pose son regard sur la société contemporaine ; il faut former des analystes au regard critique.

3.     Les sciences humaines constituent le cadre de la culture générale que chaque homme devrait posséder pour devenir un bon citoyen.

4.     Les sciences humaines forment une espèce d’ingénierie sociale au service de la collectivité. Cette instrumentalisation des sciences humaines amène la formation de techniciens dans divers métiers spécialisés.

Au Québec, on n’échappe pas à ces visions. Elles façonnent nos contenus de cours, déterminent notre pédagogie. Au niveau secondaire, avec le renouveau pédagogique, on a carrément tablé pour la vision de la culture générale et de la formation du bon citoyen. Il faut saluer cette décision.
Au niveau collégial, le programme des sciences humaines vise à :

rendre l'étudiant ou l'étudiante apte à poursuivre des études universitaires dans les grands domaines des sciences humaines, du droit, des sciences de l’éducation et des sciences de l’administration, par une formation scientifique basée sur l’acquisition et l’intégration de connaissances et de méthodes de diverses disciplines des sciences humaines.
Ainsi donc, le programme doit d’abord et avant tout transmettre le patrimoine important de connaissances académiques des sciences humaines. Il n’est pas là pour former des analystes à l’esprit critique ou encore des « ingénieurs sociaux ». Laissons les universités jongler avec ces visions.

Transmettre le patrimoine des sciences humaines est une tâche colossale. Cela implique qu’on bâtisse un programme qui embrasse très large. Il faut d’abord initier les étudiants aux théories, aux lois générées par les diverses disciplines : économie, géographie, histoire, politique, psychologie, sociologie, etc… Est-ce bien réaliste ? Il faut aussi initier les étudiants à l’esprit scientifique et aux méthodes que cela implique. Et finalement, il faut marier les deux, connaissances théoriques et méthodes scientifiques. Ce sont carrément les travaux d’Hercule, reconnaissons-le.

Le programme de sciences humaines tel que déployé dans nos collèges parvient-il à ses fins ? À la sortie du collège, nos étudiants peuvent-ils expliquer quelques théories ? Ont-ils développé leur esprit scientifique ? Avons-nous les outils pour mesurer ces phénomènes ? Ces questions se posent…

Avant de répondre à ces questions, il faut d’abord regarder les conditions objectives dans lesquelles le programme de sciences humaines est offert. Je dirais qu’en premier lieu, il faut s’intéresser à qui on offre le programme. Nos étudiants ! Combien sont réellement motivés ? Combien sont là de passage – en attendant de trouver leur voie ?

En fait, bien que la « fonction manifeste » des sciences humaines soit de transmettre un patrimoine important de connaissances académiques, j’ai parfois l’impression que le programme sert aussi de carrefour aux indécis, aux non décidés pas assez forts pour aller en sciences nature, aux «drop in», etc… J’ai parfois l’impression que le programme de sciences humaines a aussi une « fonction latente » importante dans le réseau collégial : accueillir des clientèles diverses atterries en sciences humaines «par défaut».

À la Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC), on a reconnu l’éclectisme de la clientèle du programme  et son impact sur sa qualité:

Les élèves qui s’inscrivent en Sciences humaines au collégial arrivent avec des résultats au secondaire très variables, ils n’ont pas développé les mêmes habitudes de travail scolaire, ni la même motivation à l’égard des études, plusieurs ont une bonne idée de leur orientation future et de nombreux autres sont incertains de cette orientation, quand ils ne choisissent pas le programme par défaut. Cette diversité dans la préparation et l’orientation des élèves se reflète sur le taux de diplomation et sur la qualité du programme.[1]

Étant donné la place particulière des sciences humaines dans notre système d’éducation et dans la société,  avons-nous les conditions pour attirer de bons étudiants et bien servir ceux que nous avons (notamment ceux qui choisissent ce programme par défaut…) ? Étudier en sciences humaines au cégep, est-ce encore une voie attrayante et pertinente? Être professeur en sciences humaines, est-ce mission impossible?   

Lors d’une journée d’études qui pourrait se tenir en janvier, nous aborderons ces questions. Pour de plus amples informations, prochainement sur le blogue, vous pourrez prendre connaissance du programme de la journée.



[1]     Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC). L’évaluation du programme de Sciences humaines au collégial,  [ En ligne ], 27 octobre 1997,   http://www.ceec.gouv.qc.ca/fr/gen/CommuniqueTexte/ComScHumaines.pdf, (page consulté le 15 novembre 2012)