lundi 14 mai 2012

Chronique de grève : Le retour... au Cégep de Sherbrooke

Échappé belle, c’est tout ce qui me vient à l’esprit suite à la décision des étudiantes et étudiants du Cégep de Sherbrooke de cesser la grève. Nous réussirons à terminer la session avant la fin juin et les « dommages collatéraux » seront limités. Nous aurons tous à mettre de l’eau dans notre vin, mais nous y arriverons ensemble, solidairement. Les étudiants devront travailler très fort devant le sprint qui s’annonce, les cours seront condensés. Espérons que leur réussite n’en sera pas trop affectée.  Il semble, de prime abord, que les abandons ne soient pas très nombreux en Sciences humaines. L’ambiance est morose chez ceux qui ont milité et soutenu activement le mouvement de grève.  Le commentaire qui revient le plus souvent : « Tout cela pour ça, pour si peu... »  Ils sont fatigués, désillusionnés. Cependant, la vie académique reprend son cours calmement, avec énormément de maturité de la part des jeunes.  Malgré mon biais favorable envers le mouvement étudiant, je suis soulagée... Le prix payé par les grévistes pour soutenir de leur idéal est en voie de devenir trop élevé.

Je demeure sincèrement inquiète pour mes collègues dans les cégeps toujours en grève et surtout pour les étudiantes et étudiants. Ouf... Que va-t-il leur arriver? Comment vont-ils s’en sortir? La ligne dure maintenue tout au long de ce conflit est en voie de tourner à la catastrophe. Les événements à Victoriaville, les perturbations du métro de Montréal, la grève qui s’éternise... c’est franchement inquiétant. Je ne décolère pas en ce qui a trait à la manière dont ce conflit a été géré par le gouvernement. Que l’on soit pour ou contre la hausse des frais de scolarité, il y a peu de gens pour dire que ce conflit a été bien conduit. Pourquoi n’a-t-on pas entrepris des négociations (des vraies) plus tôt, en mars par exemple?   Il existe une marge significative de négociation et de compromis possibles entre 0% et 82% d’augmentation des frais de scolarité. Les étudiants plus modérés se seraient fort probablement ralliés à une offre sensée...  Est-ce vraiment des questions électoralistes qui ont poussé le gouvernement à laisser trainer la situation à ce point? Je ne sais pas comment ce conflit sera analysé, une fois terminé et avec du recul. Moi je retiendrai que, en matière de conflit social, l’approche de la ligne dure, même si elle satisfait une partie de la population, est risquée, couteuse, inefficace.

Bonne chance à mes collègues toujours en grève,

Solidairement vôtre
Claire Denis
Cégep de Sherbrooke

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