mardi 25 octobre 2011

Les corrections!!!

Très souvent à la session d’automne, j'ai autour de 170 étudiants répartis dans cinq groupes dont un situé dans une autre ville. Ce sont des étudiants de première session, fraichement débarqués du secondaire. Comme enseignant, je crois profondément qu’il faut les faire écrire. L’écriture est LA compétence transversale des sciences humaines. Je demeure convaincu que l’étudiant doit réaliser toutes sortes de production écrite : dissertations, résumés, analyses de texte, comptes rendu d’activité, etc.  Généralement, je leur fais faire un travail de session et trois examens à développement de sorte qu’un étudiant produira vingt pages dans mon cours. Mais lorsque je multiplie par 170, cela me fait 3400 pages de correction dans la session. J’ai moins le goût! En fait, je n’ai pas pantoute le goût. Je regarde la pile de corrections qui gît sur mon bureau et j’ai un coup de barre.
Cet été, j’ai réfléchi longuement à la pertinence des corrections que je me tape à chaque automne. Comme il s’agit d’un cours d’initiation relié à la compétence 22N (discerner l’apport de connaissances disciplinaires à la compréhension du phénomène humain.), j’ai réalisé que les examens avec des questions à développement n’étaient pas appropriés. Et Dieu sait que c’est long à corriger! J’ai donc réintroduit dans mes examens des questions à court développement, des «vrai ou faux» (correction négative), des choix multiples. Avec ces méthodes d’évaluation, j’atteins beaucoup mieux mes objectifs. J’évalue l’acquisition des connaissances plus efficacement de cette façon.
Mais, à mes yeux, comme ils doivent écrire plus que 30 lignes par examen, je leur fais faire deux petits résumés courts (750 mots, environ 2 pages) avec deux citations annotées de classiques de sociologie (Durkheim, Le Bon, Weber). Et je suis intraitable sur la qualité du Français! INTRAITABLE! Dans ma grille d’évaluation, je mets des points sur la structure du texte, la construction des paragraphes et des citations. De plus, j’ai droit d’enlever 10% de la note finale pour la qualité du Français. Alors, les étudiants me remettent des copies «plus sérieuses».
Je corrige maintenant environ 10 pages par étudiant. Je m’esquinte moins longtemps sur les copies d’examen et les textes qu’ils me remettent sont de meilleures qualités. Je conclus en pensant que je suis plus efficace en procédant de la sorte. Morale de cette histoire: il faut adapter ses évaluations en fonction des compétences des cours que l'on donne. 

5 commentaires:

  1. Il faudrait peut-être s'habituer à utiliser les nouveaux libellés des compétences 22N 22R 22S 22U... La compétence 222N se lit maintenant comme suit: "Analyser des phénomènes sociaux ou humains afin de s’initier à l’une des disciplines des sciences humaines".

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  2. Je sais que les libellés de ces compétences ont été analysées par un groupe de travail au Ministère. Ce groupe a fait des recommandations en ce sens. Le Comité Conseil et le MELS ont-ils accepté les nouveaux libellés? Sont-ils déjà en vigueur?

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  3. intéressant! voici un prof. de sc. humaines qui devant sa pile de corrections s'est questionné sur ses exigences; je comprends parce qu'à chaque nouvelle session je suis devant le même choix: en demander moins, autre chose pour avoir le temps de souffler. Je n'ai pas encore capitulé mais... je me pose la question sur l'obligation de l'écriture qu'on doit exiger des étudiants; et chaque session je me retrouve devant une pile sur le bureau que je termine juste avant la remise des notes.
    et deux commentaires sur le libellé des compétences! désolé mais le libellé à peu à voir avec la correction: dans tous les cégeps je crois qu'il y a pour un même cours (donc même compétence) des exigences très différentes: une ou deux pages pour toute la session pour un prof. et 20 à 40 pages pour l'autre.
    Comme les élèves aiment bien comparer, cela m'interpelle plus que les exigences et comme le mouvement général semble être à la baisse, cela a un impact sur mes exigences bien plus que les supposées compétences... D'ailleurs, exiger de l'écriture, lecture et compréhension de texte quand tout le monde se contente avec de moins en moins d'exigences devient de plus en plus ardu. (c'est pas grave, ils apprendront à prendre des notes en classe, à résumer un texte ou écrire une synthèse à l'université)
    Lequel arrivera en premier? ma retraite ou ma capitulation?

    denis b.

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  4. Il ne faut pas baisser nos exigences. Nous devons nous battre pour de meilleures conditions de travail. Apprendre à écrire, c'est apprendre à articuler sa pensée... C'est une chose importante à maîtriser pour un futur professionnel dans un domaine relié aux sciences humaines ou comme citoyen, tout simplement. Notre rôle est d'accompagner les étudiants dans cet important apprentissage. Si nous baissons les bras et baissons nos exigences, nous ne rendons service à personne...

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  5. Oui, il ne faut pas baisser les exigences. Il est important de faire rédiger toutes sortes de texte. Même pour une question d'examen qui ne demande que quelques mots en réponse, j'exige qu'elle soit présentée par une phrase. Pour les travaux,le défi est d'arriver à doser la longueur demandée et je pense que celle-ci devrait aller en augmentant au cours des sessions. En première session, je ne pense pas qu'il faille exiger des recherches documentaires très longues car d'une part, il faut s'assurer que le vocabulaire de base est compris (et je pense que c'est encore par un examen à questions à courts développements que l'on y parvient d'abord)et d'autre part, parce que même avec de courtes lectures et courtes rédactions (± 750 mots),on peut mettre l'étudiant dans la situation d'annoter un texte, de résumer, de citer ... Mais,quand même,le moment venu d'évaluer toutes ces copies, n'est pas drôle et en ce sens, il y aurait à revendiquer moins d'étudiants par classe!

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