lundi 7 novembre 2011

C'est lundi; on jase... de diplômes!

Depuis deux ans, la Fondation Lionel-Groulx publie au mois d’octobre ses études sur l’enseignement de l’histoire au Québec. Dans un premier rapport, en octobre 2010, madame Myriam D’Arcy et monsieur Gilles Laporte démontraient que le sujet d’étude Québec était en voie de disparition dans nos collèges. Cette fois-ci, Madame D’Arcy et monsieur Éric Bédard ont voulu démontrer la faiblesse de la recherche en histoire nationale dans nos universités.
Si nous lisons attentivement le rapport, à la page 35, deux conclusions touchent directement les collèges québécois même si à première vue elles ne concernent que les professeurs d’histoire :
  1. Que les personnes qui enseignent l’histoire au collégial disposent minimalement d’une maîtrise dans cette discipline.
  2. Que les personnes qui enseignent les cours d’histoire du Québec et/ou du Canada au collégial disposent d’une maîtrise spécialisée en histoire du Québec et/ou du Canada

La maîtrise, exigence minimale
pour enseigner au Collégial?

Si une telle mesure venait à être acceptée, il faudrait qu’elle soit la même pour toutes les disciplines enseignées au collégial. Peut-on croire que c’est possible? Est-ce dire que certains d’entre nous qui ne possèdent pas ce diplômes sont incompétents à enseigner au collégial? Que l’obtention d’une maîtrise dans notre discipline est un meilleur gage de compétence disciplinaire? Mais est-ce normal qu’il faut 4 ans pour former un professeur au primaire et au secondaire et que trois seraient suffisants pour un professeur du collégial? Et pour enseigner à l’université il faut un doctorat et même un post-doctorat?

Et que dire de la pédagogie? Le rapport n’en fait pas mention, mais on sait très bien que c’est ce qu’on a reproché à l’université : de la pédagogie absente. Devrait-on l’obliger au collégial?

La seconde proposition découle de la première mais porte aussi au questionnement. Si pour enseigner l’histoire du Québec au collégial il faut une maîtrise portant sur l’histoire du Québec? Faut-il un sujet de maîtrise en histoire contemporaine pour enseigner le cours d’histoire du temps présent? Avec un sujet de maîtrise portant sur la Nouvelle-France, sommes-nous habiletés à enseigner un cours qui porte sur le Québec des XIXet XXe siècles? Avec un doctorat clinique en psychologie, un professeur est-il  compétent pour enseigner la psychologie sociale? Un professeur qui détient une maîtrise en géographie physique peut-il enseigner en géographie humaine? Notre rôle en est un de généralistes dans notre discipline, sommes-nous vraiment compétents pour enseigner des cours qui sont de plus en plus spécifiques?
Si jamais des suites sont faites au rapport Bédard-D’arcy, comment devrons-nous agir? Quelle sera notre position?

Jean-Louis Vallée, Histoire, CÉC de Montmagny


8 commentaires:

  1. Et ça prendra quelle maîtrise pour ensigner "Histoire de la civilisation occidentale"?

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  2. avant d'exiger la maîtrise, devrions-nous commencer par exiger le bac. dans la discipline enseignée? vous allez dire que c'est évident! oui, mais pas chez nous! on peut être engagé si on a la maîtrise même si le bac. a été obtenu dans une autre discipline!!! je sais, je sais nous sommes l'exception... (c'était pour me défouler de l'incohérence...)
    le bac est utile puisque la formation du cégep repose sur une introduction à la discipline, en général; le niveau d'analyse et le discours d'introduction exige le bac.; la maîtrise est déjà un début de spécialisation et pourrait aussi se justifier pour certains cours particuliers avec des objectifs plus spécifiques, par exemple maîtrise comme atout pour enseigner "histoire de l'Amérique du nord" si ce cours existait.
    si le bac devrait être obligatoire pour l'enseignement de la discipline au cégep, la maîtrise devrait être considérée comme un ajout important et reconnu; pas certain de l'obligation de la maîtrise pour enseigner sauf pour exiger d'être payé plus cher pour la reconnaissance de ce diplôme.

    denis b.

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  3. Devrait-on exiger que tous les permanents aient la maîtrise? Là est la question...

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  4. Bonjour,

    Doit-on exiger la maîtrise au niveau collégial ? Pas une réponse facile, mais tout dépend de la réalité de certains collèges. Étant enseignant dans un CÉGEP dit de régions éloignées, vous conviendrez que notre réalité n’est pas la même que dans les grands centres.

    Dans la plupart des programmes d’études offerts ici à Baie-Comeau (c’est la région éloignée en question), on éprouve déjà beaucoup de difficultés à recruter ne serait-ce que des Baccalauréats. C’est le cas des programmes techniques, mais aussi des programmes pré universitaires. Il faut rappeler qu’il n’y a pas d’université constituée sur la Côte-Nord. La plupart des jeunes qui terminent quittent après leurs études pré universitaires pour «les villes». Très peu d’entre eux reviennent. Pour illustrer le tout, je n’ai qu’à vous dire que nous recherchons des postes d’enseignants en génie électrique et en Génie civil depuis un certain temps déjà. L’an dernier, nous n’avons reçu qu’un seul CV valable pour un poste temps plein en sociologie.

    Or, vous pouvez facilement comprendre le casse-tête que nous avons afin de combler des postes. Imaginons un peu si la maîtrise devient obligatoire pour un poste d’enseignant au collégial. C’est carrément nous tuer et surtout…très irréalistes dans les circonstances. Plusieurs enseignants et enseignantes sont en surcharge à cause de cette difficulté de recrutement. De grâce… ne venez pas nous compliquer la tâche en plus.

    Merci

    Marcel Marsolais
    Enseignant de science politique
    CÉGEP de Baie-Comeau

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  5. Bonjour
    Je suis pour que les enseignants/tes aient une maîtrise en S.H. pour enseigner au cegep.
    Francine L., Sherbrooke

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  6. Bonjour,

    Je ne crois pas qu'il faille obliger la maîtrise. Cela dit, ça reste un atout majeur pour se trouver un emploi, particulièrement en histoire.

    Matthieu B. Lanouette, Histoire, Campus Notre-Dame-de-Foy (Québec)

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  7. Bonjour à vous,

    J'enseigne depuis 18 ans au collégial en sciences humaines et ma formation se "limite" (?) à un bacc spécialisé en science politique (transformé à la suite d'un premeir choix : majeure science politique/mineure en histoire). Je possède également un certificat de pédagogie pour l'enseignement au collégial (version 1991). Ma maitrise est "morte" naturellement après huit années de haut et de bas et surtout en conséquence d'un enseignement entre du "bon temps partiel" et du temps plein... et d'un manque de motivation...

    J'ai subi certaines pressions de mes collègues au cours des années pour faire la fameuse maitrise... mais suis-je un moins bon prof pour autant ? Difficile à dire...

    J'adore mon métier, j'ai enseigné plusieurs matières en 18 ans dans deux collèges privés et un cégep (en science politique, en histoire, en sociologie, en tourisme, en histoire et civilisation) avec ce "seul" baggage, mes expériences personnelles, mon coeur, ma passion et ma joie de vivre...

    Je ne suis pas un chercheur dans l'âme... plutôt un pédagogue, un passionné du contact humain... et je me considère un prof plutôt bien... quitte à manquer un peu de méthodologie officielle de recherche et une liste plutôt pauvre d'articles publiés... et puis quoi ?

    Je suis un prof heureux, qui sait rendre une bonne partie de ses étudiants heureux ou a tout le moins curieux et sensibles aux réalités humaines... qu'ils aimeront étudier en profondeur à l'université... jusqu'à la maitrise ou au doctorat... je leur souhaite...

    Exiger la maitrise ? Pourquoi ? pour qui ? Au nom de quoi ?... pour tous les domaines ? (EX: secteur technique!)... où de bons professionnels connaissant le terrain sont potentiellement de meilleurs modèles, profs, formateurs... que plusieurs intellos prisonniers des bibliothèques de nos universités...

    Je crois encore à la liberté de chaque institution de choisir son personnel selon les critères correspondant à sa clentèle, son projet éducatif, ses valeurs ou sa vision de ce magnifique métier...

    au plaisir

    Sylvain Roy, CNDF

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  8. Bonjour,
    Étant donné que les enseignants du programme de Sciences humaines donnent les cours multidisciplinaires (IPMSH, MQ, DIA) portant sur la recherche scientifique, je suis très favorable à ce que le niveau de maîtrise pour l'enseignement dans notre programme soit exigé.C'est ce que nous privilégions lorsque nous sélectionnons les CV au collège où j'enseigne.
    Par contre,pour ce qui est de la spécialisation,laissons le comité de sélection juger de la pertinence des candidatures en fonction des besoins locaux; il en est de même des champs d'expériences. D'ailleurs, à l'instar du diplôme collégial en sciences humaines qui ne précise pas le profil suivi par l'étudiant, les diplômes universitaires stipulent-ils la spécialisation?,les sujets de mémoire?
    Peut-être faudrait-il regarder aussi ce qui est exigé ailleurs pour enseigner à des niveaux comparables? En tout cas, même s'il est bien vrai que les diplômes ne sont aucunement gage d'un bon enseignement, ni de passion,les exiger, est me semble-t-il quand même une façon de les valoriser.
    Au plaisir de poursuivre.
    Christine Damme

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