lundi 30 janvier 2012

IPMSH et DIASH; un autre scénario est-il envisageable?

Présentation orale en fin de session
dans un cours de DIASH
Les cours 300-300 (Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines) et 300-301 (Démarche d’intégration des acquis en sciences humaines) occupent une place stratégique dans le curriculum du programme. Ce sont des cours ministériels qui visent à faire acquérir aux étudiants des  «savoir-faire» qu’on pourrait résumer ainsi :


  • Poser correctement un problème de recherche;
  • Rechercher adéquatement de l’information pertinente;
  • Bâtir des instruments de cueillettes de données valables;
  • Traiter ces données correctement;
  • Rédiger dans les règles de l’art un rapport;
  • Réfléchir à la pertinence objective de sa démarche.

D’ailleurs, rappelons ici les critères de performance prescrits dans les devis ministériels de ces deux cours:
Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines (300-300)
·         Explication sommaire des caractéristiques de la démarche scientifique en sciences humaines.
·         Formulation correcte d’un problème de recherche.
·         Justification du choix de la méthode et de la technique de recherche.
·         Construction d’un instrument de collecte de données adapté au problème défini.
·         Choix approprié d’une population et d’un échantillon de recherche.
·         Utilisation judicieuse de l’instrument de collecte de données.
·         Saisie et traitement adéquats des données recueillies.
·         Analyse méthodique des données.
·         Interprétation cohérente des résultats selon le problème défini.

Démarche d’intégration des acquis en sciences humaines (300-301) :

·         Relevé significatif de ses apprentissages.
·         Application pertinente de ses apprentissages dans des situations nouvelles.
·         Utilisation judicieuse d’au moins deux disciplines du champ d’études.
·         Utilisation adéquate de méthodes de travail et de recherche.
·         Emploi efficace de technologies de traitement de l’information appropriées.
·         Communication orale et écrite claire et correcte dans la langue d’enseignement.
·         Reconnaissance du sens général et des idées essentielles d’un message diffusé dans la langue seconde.
·         Examen critique de sa démarche d’apprentissage.
·         Examen critique de sa production finale.

*** 
Enseigner ces deux cours amène son lot de frustrations. Ainsi, lorsqu’on donne IPMSH, nous devons montrer comment définir un problème de recherche et présenter toutes les méthodes et techniques d’enquête. De plus, en parallèle, on doit superviser les étudiants dans la réalisation d’une recherche empirique de A à Z. Généralement, en 60 heures, on accouche d’une recherche à la problématique très mince. Les étudiants sont effectivement pressés à appliquer une technique de recherche (très souvent le questionnaire!) à partir d’une petite hypothèse dont on ignore souvent la provenance théorique! La frustration provient ici d’une problématique bien mince.

Lorsqu’on donne DIASH, nous devons d’abord rappeler les apprentissages significatifs du programme. Inutile de souligner ici qu’un prof d’expérience devrait être aux commandes d’un tel cours! En quelques semaines, on souligne les contenus importants des différents profils du programme : histoire, économie, psychologie, sociologie, géographie, sciences politiques, etc. Mais aussi, méthodes quantitatives et IPMSH! Puis, nous devons accompagner les étudiants dans la réalisation d’une production finale significative dans laquelle ils doivent utiliser adéquatement des contenus de deux disciplines différentes, des méthodes de travail et de recherche. Généralement, en 45 heures, on accouche d’une dissertation issue d’une revue de littérature plus ou moins complète sans utilisation d’une méthode de recherche patentée. La frustration provient ici d’un sentiment que l’étudiant a produit une problématique sans recherche sur le terrain.
En somme, en IPMSH, problématique bien mince; en DIASH, pas de recherche sur le terrain. De la façon dont les devis ministériels sont bâtis, ces frustrations rencontrées nous apparaissent normales car ils sont conçus comme des activités d’apprentissage prises comme des «tout».
Si elles étaient considérées comme des parties d’un tout, on n’aurait probablement pas ce genre de frustrations. En 105 heures, on pourrait mener à bien une recherche complète de A à Z. Et cette recherche serait en somme l’Épreuve synthèse de programme.
Ainsi, dès la première session de la deuxième année, on pourrait enseigner «Problème de recherche 1», une activité d’apprentissage dans laquelle l’étudiant élaborerait une problématique complète sur une thématique de son choix. Cela l’obligerait à faire une revue de littérature assez costaude, à critiquer des approches théoriques et à se camper dans un cadre théorique particulier à partir duquel il produirait des hypothèses de recherche. Cela le forcerait à produire en 60 heures de cours un texte scientifique avec citations et références rédigées selon les règles d’art et bibliographie adéquate. Tout prof. connait pertinemment les carences des étudiants dans leur capacité de citer, de faire des références en bas de page et de rédiger des bibliographies adéquates.

À l’autre session, dans «Problème de recherche 2», en 45 heures de cours, il irait sur le terrain pour tester son hypothèse et rédigerait son rapport de recherche final. Cette production écrite deviendrait son ÉSP.

Est-ce réaliste de réformer ces deux cours de la sorte? Est-ce souhaitable? Il y a beaucoup d’arguments en faveur d’une telle réforme mais autant contre. Nous sommes curieux de connaitre votre opinion! Dans vos collèges respectifs, quelles sont vos pratiques d'enseignement de ces cours? Quelles sont vos frustrations? Y a-t-il moyen de regarder ces deux cours d'un oeil différent? Faites-nous part de vos commentaires.

Michel Huot, sociologie, Cégep Beauce-Appalaches

14 commentaires:

  1. Dans mon collège, DIASH se donne sous la forme du "projet". La séquence dont il est question ici ne s'inscrit pas complètement dans la même logique. Je comprends le point de vue présenté mais, dans la plupart des cas, les projets qui naissent des idées de mes étudiants valent la peine de poursuivre dans cette voie que dans celle qui est proposée.

    RépondreSupprimer
  2. Je viens de terminer de lire l'article de Michel Huot sur les cours d'IPMSH et de DIASH. Je partage entièrement l'avis de ce dernier et je souhaite que ces 2 cours soient fusionnés, ce qui permettrait vraiment de développer une problématique avec plus de profondeur. J'ai donnée à quelques reprises ces deux cours et je donne DIASH à cette session. Je vais tenter une nouvelle expérience qui consiste pour les étudiants à monter un projet d'habitation en intégrant au moins 3 disciplines des sciences humaines. Les projets seront présentés au collège en fin de session. Je compte également sur l'appui des profs en Technique d'Architecture pour dépanner mes étudiants en cas de besoin. Je pourrais vous tenir au courant du déroulement du projet tout au long de la session si le cas vous intéresse.

    Vous trouverez, pour publication, en attaché, deux documents que j'ai rédigé alors que je donnais le cours de DIASH.

    Merci de votre attention

    Charles Martin

    Prof de Psychologie et coordonnateur du Département des Sciences humaines du Cégep de Lévis Lauzon


    Coordonnateur du Département de sciences humaines.
    Cégep de Lévis Lauzon
    418-833-5110 poste 3749

    RépondreSupprimer
  3. Je viens de lire l'article de Michel Huot et je dois expliquer que le cours de DIASH peut prendre des orientations qui se prêtent mal à une fusion des deux cours. Chez nous, DIASH donne lieu à un stage de 30 heures où l'étudiant doit intégrer ses apprentissages (connaissances, attitudes et habiletés) en faisant référence à au moins deux disciplines. L'étudiant doit aussi réfléchir sur sa formation et ses futurs choix de carrières. Une approche individuelle très différente d’IPMSH où nos étudiants réalisent, en équipe, toutes les étapes d’une recherche en sciences humaines. Certes, la problématique n’est pas exhaustive (10 à 15 pages), l’enquête est souvent un questionnaire et l’analyse peu élaborée pour un rapport d’environ 30 à 40 pages (annexe en sus), mais le cours n’est tout de même qu’une initiation.

    Jean Poirier
    Enseignant en histoire
    Collège Shawinigan

    RépondreSupprimer
  4. Refaire ces cours, pourquoi pas?

    Alors je propose d'examiner ces trois cours de méthodologie scientifique que sont IPMSH, MQ et DIASH (et pas seulement deux) : réfléchir à leur séquence, revoir leurs contenus et, surtout, du point de vue de l'enseignant, approfondir les bases méthodologiques et les différentes approches de la recherche en sciences humaines.

    André Campeau
    Cégep de St-Hyacinthe

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors, comment articule-t-on tout cela? Nous disposons de 165 heures pour réaménager ces trois cours. Comment fait-on cela?

      Supprimer
  5. intéressant mais si on devait jumeler deux cours, il me semble plus logique de jumeler MQ et IPMSH; diash a un objectif différent, soit une synthèse des études collégiales.

    d'un autre coté, je ne suis pas tout à fait d'accord avec certaines idées de m. huot:

    cela fait plusieurs années que je donne le cours IPMSH et j'ai souvent constaté que malheureusement ce n'est pas le cours préféré des étudiants pour toutes sortes de raison même si je crois que ce devrait être leur cours le plus utile; apprendre à structurer une recherche scientifique me semble essentiel; vouloir ajouter des exigences à des étudiants qui s'initient à un sujet qui ne les intéressent pas au départ me semble hasardeux même si ce pourrait être intéressant et valorisant pour le prof.

    mais quand on sous-entend que le peu de temps conduit à une problématique un peu mince, je suis moins d'accord: il s'agit tout de même d'un cours d'initiation à la méthodologie et non un mémoire de maîtrise; une introduction et non une recherche de doctorat; personnellement, mes étudiants font une recherche avec problématique "suffisante" et application d'une méthode suite à une hypothèse qui se justifie dans leur problématique.

    deux choses cependant:
    1-mes étudiants trouvent qu'ils travaillent beaucoup dans le cours (le cours où ils travaillent le plus selon eux);
    2-je ne crois pas qu'ils doivent avoir atteint le niveau du baccalauréat ou maîtrise dans leur recherche, car une initiation demeurera toujours à un niveau plus simple qu'une recherche dans le cadre d'une formation universitaire; parfois un peu frustrant de voir les les lacunes comparées à une recherche universitaire mais quand même satisfaisant quand on sait que les outils acquis seront utiles dans tout leur cheminement scolaire.

    enfin jumeler MQ et IPMSH aurait l'avantage de régler ce manque de temps, cette minceur de la recherche en mettant l'accent sur l'ensemble de la recherche plutôt que morceler celle-ci avec les inconvénients qui en découlent.

    db
    sociologie
    sherbrooke

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'idée de jumeler MQ et IPMSH fera propbablement son chemin dans plusieurs têtes!!!

      Supprimer
  6. suite à mon commentaire précédent:

    en fait j'ai oublié de donner l'introduction à mon commentaire:le cours IPMSH, cours d'initiation aux méthodes de recherche, est pour moi plus un cours axé sur l'apprentissage de la méthode de recherche que sur le résultat, le produit final de la recherche.

    quand on apprend la méthode, on ne peut en même produire une oeuvre de niveau universitaire surtout en 60 heures seulement: apprendre les méthodes et techniques, liens avec les différentes discipline, apprentissage et application d'au moins une méthode selon toutes les étapes et enfin production d'une recherche de qualité; difficile d'exiger la perfecyion dans la production finale de la problématique à la diffusion des résultats avec analyse et interprétation.

    donc, si on leur donne les outils de façon structurée ces outils serviront pour le reste de leurs études (etc'est ce qui me semble le plus important).

    db
    sociologie
    sherbrooke

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour,
    Dans le cégep où j’enseigne, nous avons une formule qui ressemble à celle proposée par M. Huot. La particularité de notre programme est que le cours IASH se donne à la 3e session et est suivi par un cours « porteur » dans une discipline colorée par le profil de l’étudiant et en lien avec le programme dans lequel il souhaite étudier à l’université, dans lequel il réalise son ÉSP. Voici notre principe : en IASH l’étudiant débute un projet de son choix en lien avec un thème relié à son cours porteur qui aura lieu à la session suivante. À l’automne il établit donc une recension des écrits étoffée et il réfléchit à la méthodologie qu’il emploiera pour mener sa recherche à terme à l’hiver. Lors de cette session, il procède donc à sa collecte de données, à son annalyse et interprétation et présente son projet final.

    Le principe est bon… sur papier. Or, dans la pratique, nous nous butons à quelques difficultés. En effet, puisque ce ne sont pas les mêmes enseignants qui débutent le projet en IASH que ceux qui le terminent en cours porteur, l’arrimage entre les deux cours n’est pas toujours adéquat. Les enseignants du département ont déployé de grands efforts pour être le plus cohérents possible, mais la méthode n’est pas parfaite. De plus, le problème des étudiants avec des parcours atypiques (par exemple un DEC en 3-4 ans, une provenance d’un autre collège en cours de route, etc.) se pose. Il devient alors difficile d’intégrer ces étudiants à notre séquence de méthodologie IASH-cours porteur.
    Cela dit, certains projets sont très réussis et on constate que d’avoir étalé le projet sur deux cours a été bénéfique et a permis d’aller davantage en profondeur.

    Le but de ce message était d’amener un point de vue basé sur une expérience vécue pour la poursuite de la réflexion!

    AGA

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour ce témoignage! Comme quoi chaque scénario a son lot de problèmes! Rien n'est parfait! Mais quelle est la meilleure formule? voilà ce que nous recherchons tous!

      Supprimer
    2. En lisant tous les commentaires fort constructifs et fort intructifs, on réalise que les collèges se sont dotés de formules très différentes. L'autonomie des collèges est importante, on le constate. Et on ne la conteste pas. Cependant, nous savons peu ce que font les autres. Il y a des formules présentées ici qui méritent d'être connues. Malheureusement, où est le forum pour diffuser ce genre d'information qui nous apparait très utile? Le MELS? La Fédé? Le RSHCQ? J'opterais pour le RSHCQ!

      Supprimer
  8. Et pour poursuivre la réflexion …

    Au collège où j’enseigne IPMSH se donne avant MQ., IPMSH en 2ème session et MQ en 3ème. Les taux d'échec sont élevés en IPMSH et moins en MQ. Je ne pense pas que les taux d'échecs soient liés à la difficulté des cours; c'est qu'en 3ème session, ne restent que les étudiants qui sont bien dans le programme et qui y resteront, donc qui travaillent.

    Au début de la création du collège, nous avions mis IPMSH en 1ère session. On l'a reculé pour que les étudiants aient plus de connaissances conceptuelles par les cours de 1ère session. On a privilégié IPMSH en premier pour valoriser les techniques qualitatives et pour mettre l'emphase sur la construction d'une problématique et de la revue de la littérature et sur l'initiation à la rigueur scientifique transposable à toutes les disciplines; donc à faire le plus vite possible dans la séquence de cours. Il me semble qu'IPMSH n'est pas là pour apprendre toutes les techniques, mais pour s'initier à la démarche scientifique en général.
    Nous avons aussi pensé, d'étaler/jumeler, les contenus de 2 cours. Mais on l'envisageait entre IPMSH: revue de la littérature et problématique et MQ: construction de l'outil sur la problématique construite en IPMSH et analyse etc. Mais alors, on perdait les techniques qualitatives et de plus, on s'est heurté à la faisabilité de la chose. Il faut en effet, suivre les mêmes étudiants qui ne sont pas nécessairement dans les mêmes équipes et de préférence que ce soit aussi le même professeur qui suive la recherche. Si bien qu'on en est resté à l'idée!

    C'est un peu ce problème de faisabilité que je vois dans la proposition IPMSH/DIASH/ESP et en plus, il faudrait enseigner la collecte de données dans DIASH, alors qu'à l'heure actuelle, on part de l'idée que dès le début du cours, l'étudiant travaille avec ses acquis. On ne lui enseigne rien de nouveau donc, sinon le rappel et le transfert nécessaires à l’intégration. Il me semble que rien n'empêche actuellement d'imposer du terrain dans DIASH pour l'ÉSP.
    Le problème que nous essayons de résoudre pour l’instant est le double standard de réussite du cours de Démarche et de l’ÉSP...
    Christine Damme, géographie, Collège Gérald-Godin.
    -----------------------------------------------------------------

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour,

    Tout comme au Collège de Shawinigan, nous offrons le cours DIASH sous forme de projet. Ce sont les étudiants qui choisissent le sujet et ils doivent le faire sous l'une des formes suivantes : 2 entrevues avec des professionnels, du bénévolat ou une activité de sensibilisation. Les étudiants sont généralement emballés par leur projet et choisissent très souvent une thématique en lien avec leur future profession.

    La fusion ne me semble pas pertinente à notre stratégie pédagogique.

    Nathalie Fréchette
    Édouard-Montpetit

    RépondreSupprimer
  10. Bonjour,

    je suis d'accord pour dire que IPMSH et DIASH sont deux démarches différentes.
    Il n'y a pas lieu de fusionner ces deux cours.

    Anik Ferron
    Cégep de Trois-Rivières
    Psychologie

    RépondreSupprimer