dimanche 30 octobre 2011

C'est lundi; on jase

Cette semaine, j'ai reçu un intéressant courriel du collège Édouard-Montpetit concernant le processus d'évaluation des programmes dans les collèges. Depuis 1993, le Règlement sur le régime des études collégiales (RREC) exige que chaque collège se dote d’une politique institutionnelle d’évaluation des programmes d’études (PIEP) et qu’il en assure l’application en s'autoévaluant.

Chaque collège s'est donc doté d'une PIEP en tenant compte du cadre de référence soumis par la Commission de l'évaluation de l'enseignement collégial, fondée aussi en 1993. D'ailleurs, la CÉEC évalue et le contenu de la politique des collèges et l'application de cette même politique. La CÉEC a donc ici un statut d'autorité qui veille à ce que le travail d'évaluation dans les collèges soit de qualité.

Voilà pour l'encadrement et les structures.

Le programme des sciences humaines avait fait l'objet d'une première évaluation en 1995-96 par la CÉEC. Cela fait 15 ans. Depuis, les collèges effectuent leur propre auto-évaluation.

Sur le terrain maintenant, comment celà s'opérationnalise-t-il? Qui fait quoi? Lorsque le temps de l'évaluation du programme de sciences humaines arrive, qu'est-ce que ça implique? Est-ce uniquement les coordonnateurs qui sont mobilisés avec quelques réunions ici et là avec les profs? Ou est-ce que cet exercice mobilise réellement l'ensemble du corps professoral?

Comment procédez-vous chez vous? Comment se construit le devis d'évaluation dans votre collège? Bâtissez-vous des questionnaires à administrer aux étudiants? aux profs? Quels outils d'évaluation utilisez-vous? Bien que le processus d'évaluation soit, disons, supervisé par la Direction des Études et ultimement par la CÉEC, sur le terrain, sentez-vous que cette année-là, on se mobilise réellement pour évaluer le programme? 

Et les suites de l'évaluation, lorsqu'il y a des recommendations, comment les met-on en oeuvre? Je suis à peu près certain que cela ne se fait pas toujours dans la joie et qu'il y a des frictions de temps en temps. Nous sommes très curieux! Ne serait-il pas possible de partager nos propres expériences? On aimerait avoir vos commentaires...



7 000 000 000 d'humains !

Wow! Chiffre qui fait réfléchir! Selon l'ONU, le 31 octobre, nous serons statistiquement 7 milliards d'humains sur notre bonne vieille terre, notre vaisseau spatial. Qu'allons-nous faire ensemble? Quel est le projet pour les 20 prochaines années?

Quelques idées ici:



L'air du temps : l'immobilisme social

Le Québec arrive à un carrefour. Il ralentit mais ne sait pas dans quelle direction aller. Tournera-t-il à droite, à gauche?  Il ne se branche pas, tergiverse, placote, discute, jase, en parle... Il se cherche, ne se trouve pas, tourne en rond et n'agit pas. Pas de projet rassembleur mobilisateur, pas de goût d'entreprendre de virage. Ou pas le temps? Le temps nous fait courir à en perdre le souffle : garderie, déplacements, travail, argent, argent, argent. Et les plus jeunes, eux, ils sont sur Facebook, atomisés dans leur univers narcissique.

Une chance qu'il y a le Canadien - ou un quelconque produit culturel jetable après usage (Occupation double, et cie) ;). Cynique, le citoyen choisit de demeurer dans le privé, discutant entre amis de collusion, de corruption et autres malaises de la civilisation.

C'est l'air du temps! Plusieurs productions sont parus récemment pour tenter de mettre le doigt sur le bobo et de tracer des «pistes de direction». Pour réfléchir et/ou rafraîchir votre discours, surtout pour tenter de sensibiliser vos étudiants, voici deux productions à voir ou à lire:

À voir bientôt sur un écran, un documentaire :  République : un abécédaire populaire
À lire en attendant, un essai : De quoi le Québec a-t-il besoin?

Bon week-end.

jeudi 27 octobre 2011

Concours Salvador Allende

Entre 1970 et 1973, Salvador Allende a été le président du Chili.  Pendant ses trois années au pouvoir, son gouvernement a pris diverses mesures visant à démocratiser la société chilienne, diminuant les inégalités, redistribuant la richesse, stimulant la participation des travailleurs dans leurs lieux de travail, nationalisant une partie très importante des richesses naturelles du pays et rendant l’éducation supérieure de plus en plus accessible.  Le but du président Allende était de former une société socialiste en suivant la voie démocratique, une expérience unique dans l’histoire mondiale; cependant, cette expérience devait tourner court à cause du coup d’état qu’avaient orchestré les militaires et les civils qui s’opposaient à son projet au Chili, et qui avait été directement appuyé par les États-Unis.

Malgré les années écoulées et les changements qui ont eu lieu dans le monde depuis 1973, ceux et celles qui ont connu de près ou qui ont vécu la période d’Allende pensent que les objectifs et les réalisations de son gouvernement jouissent encore d’une grande signification aujourd’hui.  Ils croient que dans un monde fortement marqué par les inégalités et par les ratés du système capitaliste, son projet mérite d’être connu par les nouvelles générations.

C’est ainsi que la Fondation Salvador-Allende-Montréal fut créée à Montréal en 2008.  Il s’agit d’un organisme sans but lucratif consacré à maintenir la mémoire de l’ancien président du Chili et à promouvoir le sens et la portée de sa conception d’un projet de société plus juste.  Elle a été mise sur pied pour aider à récolter les fonds permettant de financer en partie le monument qui a été érigé au Parc Jean-Drapeau de l’île Notre-Dame et inauguré en septembre 2009.  Depuis ce temps, elle organise diverses activités qui correspondent à son mandat.  André Jacob, ancien professeur de travail social à l’UQAM, en est le président.
Cette année, à l’occasion d’une nouvelle commémoration du coup d’état de 1973 au cours duquel Salvador Allende perdit la vie, il y a de cela 38 ans, la Fondation lance une nouvelle initiative, un concours dont voici le sujet :

« Le projet du gouvernement de Salvador Allende au Chili et son actualité aujourd’hui »
Le concours s’adresse à tous les étudiants et étudiantes inscrits dans les Cégeps et les universités du Québec et d’ailleurs au Canada.  Les participants doivent rédiger un essai (de 10 à 15 pages pour les étudiants du niveau collégial, de 15 à 20 pages pour ceux de niveau universitaire, double interligne, Times New Roman 12) portant sur un ou sur plusieurs aspects du sujet proposé.  Un document incluant la définition détaillée du sujet, des pistes d’étude et une bibliographie est disponible sur demande.
Les participants ont jusqu’au 31 mai 2012 pour faire parvenir leur texte aux organisateurs du concours.  Les résultats seront rendus publics en septembre 2012.  Il y aura un premier prix dans chacune des deux catégories (collégial et universitaire); il s’agira d’un billet d’avion pour le Chili afin de permettre aux récipiendaires d’approfondir leur connaissance de la réalité de ce pays.  Il y aura aussi des prix pour les travaux se classant en deuxième et troisième place.  Il est possible que les meilleurs travaux soient publiés.

Pour plus d’information, pour se procurer le document et pour envoyer les travaux de niveau universitaire, s’adresser à José del Pozo, professeur, dép. d’histoire, UQAM, del_pozo.jose@uqam.ca ou josedelpozo@hotmail.com . 

Les participants au niveau collégial peuvent s’informer et envoyer leurs travaux à :

Juan Carlos Aguirre, professeur de sociologie, Collège du Vieux-Montréal,  jaguirre@cvm.qc.ca
Caroline Dawson, professeure, Collège Edouard-Montpetit, caroline.dawson@college-em.qc.ca
Manuel Sepúlveda, professeur, Collège Edouard-Montpetit, manuel.sepulveda@college-em.qc.ca

La Fondation Allende remercie le département de sociologie du collège du Vieux-Montréal, le département de sociologie et d’anthropologie collège Edouard-Montpetit et l’Association des professeurs d’histoire des cégeps du Québec pour leur collaboration à la divulgation de ce concours.


Juan Carlos Aguirre, professeur de sociologie, Collège du Vieux-Montréal, jaguirre@cvm.qc.ca 


Le rapport Duchesneau

Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu!

Il y a dans ce texte d'excellents exemples pour illustrer des concepts comme la culture, la déviance, le pouvoir, la démocratie si fragile, l'État et ses besoins financiers, etc...

À lire - mais demeurez zen! 

mardi 25 octobre 2011

Les corrections!!!

Très souvent à la session d’automne, j'ai autour de 170 étudiants répartis dans cinq groupes dont un situé dans une autre ville. Ce sont des étudiants de première session, fraichement débarqués du secondaire. Comme enseignant, je crois profondément qu’il faut les faire écrire. L’écriture est LA compétence transversale des sciences humaines. Je demeure convaincu que l’étudiant doit réaliser toutes sortes de production écrite : dissertations, résumés, analyses de texte, comptes rendu d’activité, etc.  Généralement, je leur fais faire un travail de session et trois examens à développement de sorte qu’un étudiant produira vingt pages dans mon cours. Mais lorsque je multiplie par 170, cela me fait 3400 pages de correction dans la session. J’ai moins le goût! En fait, je n’ai pas pantoute le goût. Je regarde la pile de corrections qui gît sur mon bureau et j’ai un coup de barre.
Cet été, j’ai réfléchi longuement à la pertinence des corrections que je me tape à chaque automne. Comme il s’agit d’un cours d’initiation relié à la compétence 22N (discerner l’apport de connaissances disciplinaires à la compréhension du phénomène humain.), j’ai réalisé que les examens avec des questions à développement n’étaient pas appropriés. Et Dieu sait que c’est long à corriger! J’ai donc réintroduit dans mes examens des questions à court développement, des «vrai ou faux» (correction négative), des choix multiples. Avec ces méthodes d’évaluation, j’atteins beaucoup mieux mes objectifs. J’évalue l’acquisition des connaissances plus efficacement de cette façon.
Mais, à mes yeux, comme ils doivent écrire plus que 30 lignes par examen, je leur fais faire deux petits résumés courts (750 mots, environ 2 pages) avec deux citations annotées de classiques de sociologie (Durkheim, Le Bon, Weber). Et je suis intraitable sur la qualité du Français! INTRAITABLE! Dans ma grille d’évaluation, je mets des points sur la structure du texte, la construction des paragraphes et des citations. De plus, j’ai droit d’enlever 10% de la note finale pour la qualité du Français. Alors, les étudiants me remettent des copies «plus sérieuses».
Je corrige maintenant environ 10 pages par étudiant. Je m’esquinte moins longtemps sur les copies d’examen et les textes qu’ils me remettent sont de meilleures qualités. Je conclus en pensant que je suis plus efficace en procédant de la sorte. Morale de cette histoire: il faut adapter ses évaluations en fonction des compétences des cours que l'on donne. 

dimanche 23 octobre 2011

C'est lundi; on jase...

Reconnaîtrons-nous un  jour que le programme de sciences humaines regroupe une faune étudiante éclectique qui amène une complexité supplémentaire à la tâche d'enseignement ? Les sciences humaines au cégep sont un carrefour où se côtoient des étudiants motivés, orientés, des étudiants tout mêlés, déboussolés, des étudiants forts dotés d'une culture générale riche, des étudiants très faibles n'ayant pas encore leur DES, des étudiants porteurs d'une culture populaire qui les distancie beaucoup de la culture savante qu'on tente de leur enseigner.  Dans nos classes, se cotoient encore les joueurs de football, les pressés d'aller travailler à 16h00, les garçons à casquette, les filles habillées comme dans les bars, les angoissés, les bof!, les «drop in», les «suiveux».

Il y a des jours où je me demande à qui je m'adresse. La courbe normale ne s'applique jamais! J'ai toujours des courbes à deux bosses, une bosse étant toujours plus grosse que l'autre. Et, ce n'est pas toujours la même bosse!  

Faudra-t-il reconnaître un jour que le programme des sciences humaines au collégial, c'est un lieu de passage très important (30% et 35% des cégépiens sont inscrits en sciences humaines!) qui a sa propre dynamique. Au-delà de sa finalité (rendre l'étudiant ou l'étudiante apte à poursuivre des études universitaires dans les grands domaines des sciences humaines, du droit, des sciences de l’éducation et des sciences de l’administration, par une formation scientifique basée sur l’acquisition et l’intégration de connaissances et de méthodes de diverses disciplines des sciences humaines), le programme des sciences humaines accueille une très grande proportion de jeunes adultes qui se cherchent et qui, finalement, finiront par s'engager. Pour cela, ce n'est pas un programme comme les autres. Et je me dis tout le temps: Vaut mieux qu'ils soient assis ici dans ma classe que dans la rue! 

jeudi 20 octobre 2011

Attention aux médias sociaux!!!

Tout ce que vous écrivez en ligne sur les médias sociaux, toute séquence vidéo ou photo, tout ce qui concerne votre vie privée n'est plus privé dans le cyberespace! C'est du domaine public! Des enseignants ont payé le gros prix pour l'apprendre en étant remercié! Quelques cas ont déjà fait la manchette.

Suite à trois jugements importants pour  les enseignants rendus par la Cour suprême du Canada en 1996 et 1997, toute une jurisprudence s'est développée autour de la notion du statut d'enseignant comme «modèle de comportement». Regardons un peu ce que dit l'un des deux jugements:

La raison pour laquelle le comportement en dehors des heures de travail peut équivaloir à de l'inconduite est le fait que l'enseignant occupe une position de confiance et de responsabilité. Si celui-ci agit de manière déplacée, au travail ou après le travail, il peut en résulter une perte de confiance du public à son égard et à l'égard du système scolaire public, une perte de respect de la part des élèves envers lui et envers les autres enseignants en général, en plus de susciter à l'intérieur de l'école et de la collectivité une controverse qui perturbe le fonctionnement du système d'éducation.
C'est en raison de cette position de confiance et d'influence que nous exigeons de l'enseignant qu'il se conforme à des normes élevées au travail comme à l'extérieur du travail, et c'est l'érosion de ces normes qui est susceptible d'entraîner, dans la collectivité, une perte de confiance dans le système scolaire public.

Nous exigeons donc de l'enseignant qu'il se conforme à des normes élevées au travail comme à l'extérieur du travail. C'est fort! L'enseignant supporte ici de lourdes responsabilités. Figure d'autorité à qui la société confie un rôle important, l'enseignant doit prêcher par l’exemple. C'est la norme établie par la Cour suprême!

Dans ce contexte, aller mettre sur votre mur facebook des photos de votre voyage en République Dominicaine où vous êtes posé sur la plage en costume d'Adam avec un Piña Colada dans les mains en compagnie d'une charmante Dominicaine, c'est s'exposer très sérieusement.

Dans ce contexte, être «ami facebook» avec ses étudiants et entretenir des conversations scabreuses en ligne, c'est s'exposer très sérieusement.

Dans ce contexte, tenir un blogue où on fait l'apologie d'une idéologie raciste, c'est s'exposer très sérieusement.

Dans ce contexte, aller sur twitter et «blaster» son employeur, c'est s'exposer très sérieusement.

 Faites très attention aux traces que vous laissez sur les médias sociaux. Ce n'est pas une conversation de cuisine! C'est public! Et ça pourrait être retenu contre vous - surtout que vous êtes enseignant - donc considéré comme des «modèles de comportement». Comme modèle, vous avez des devoirs importants, notamment celui de véhiculer, tant par le geste, la parole que par l'attitude, les valeurs de la société.



mercredi 19 octobre 2011

Les sciences humaines sont-elles des sciences?

Les sciences humaines sont-elles des sciences? Large débat épistémologique sur la scientificité des sciences humaines qui a été résolu : OUI et non! Dans la panoplie de ses méthodes et de ses théories, les sciences humaines utilisent effectivement la méthode scientifique. Cependant, dans tous les champs disciplinaires, certains discours demeurent plutôt spéculatifs, voire littéraires.

Les sciences humaines composent avec un objet dont le degré de complexité est fort élevé : l'invidivu et la société. Ainsi, dans le champs des sciences de la nature, il est relativement plus facile d'isoler les paramètres d'un système si bien qu'on peut en dégager des régularités et prédire son état futur. En sciences humaines, isoler un système s'avère pratiquement impossible - à part peut-être en psychologie avec la méthode expérimentale.

La dimension «compréhension» est aussi nécessaire aux sciences de l'esprit comme l'affirmait Dilthey. Ainsi, non seulement l'action d'isoler les systèmes humains est-elle pratiquement impossible - sinon éthiquement impraticable, mais de plus, il faut ajouter la dimension compréhension aux phénomènes humains.

Thierry Martin est à la tête d'une équipe qui a publié récemment un petit bouquin intéressant à ce sujet: Les sciences humaines sont-elles des sciences? 

À écouter : une entrevue d'une quinzaine de minutes de Thierry Martin aux  Années lumières, une émission de Radio-Canada.

  


lundi 17 octobre 2011

C'est lundi; on jase...

Des cours complémentaires pour les étudiants de sciences humaines?

Un étudiant de sciences humaines a-t-il vraiment besoin de cours complémentaires?!

Durant ses deux ans, il suivra, outre les cours de formation générale, au moins un cours d'histoire, un cours d'économie, un cours de psychologie. Ce sont des cours obligatoires reliés directement à une compétence du programme. Il suivra aussi au moins un cours dans trois autres disciplines parmi celles-ci : administration, anthropologie, civilisations anciennes, géographie, science politique, science de la religion ou sociologie.

Ne trouvez-vous pas que c'est déjà un programme très dispersé? Ne trouvez-vous pas que les étudiants explorent déjà beaucoup de domaines d'étude? C'est effectivement un programme très éclaté dans lequel on acquiert déjà une culture générale. Ajouter 2 cours complémentaires à un programme déjà éclaté, n'est-ce pas dilué davantage le programme?

À quoi servent les cours complémentaires pour un étudiant en sciences humaines? Ne vaudrait-il pas mieux les abolir pour le programme de sciences humaines? De cette façon, il se dégagerait des heures de cours qui permettrait véritablement d'établir des profils véritablement campés dans des champs mieux définis. La question est lançée.

dimanche 16 octobre 2011

Chris Hedges est en feu!

Sur le site de Adbusters, Chris Hedges fait une analyse éclairante (en anglais) du mouvement «Occupy Wall Street» dans le contexte du système politique américain associé intimement aux grosses corporations, tout cela maintenu idéologiquement par les médias de plus en plus fascisants. Où ira ce mouvement? Hedges ne le sait pas. Lorsqu'un mouvement démarre, personne ne sait où il s'arrêtera. Ça inquiète toujours les pouvoirs en place. Un mouvement s'alimente d'indignation et, actuellement, il y en a beaucoup!

Matière à réflexion pour les profs de sociologie, de sciences politiques et d'économie.



Chris Hedges est correspondant de guerre. Il a couvert le Salvador, le Moyen-Orient (il parle Arabe), l'Europe de l'est (notamment Sarajevo, la Serbie, le Kosovo). Il a reçu le prix Pulitzer pour un article sur le terrorisme. Il se dit socialiste et dénonce le pouvoir immense des grosses corporations. Il favorise l'intervention de l'État pour donner des services adéquats à la population.  


vendredi 14 octobre 2011

Un site web concernant le plagiat

Un excellent site web qui porte à la réflexion sur le plagiat animé par l’Université de Genève en Suisse : http://www.responsable.unige.ch/index.php
 Vous y découvrirez des témoignages, des réflexions sur les problèmes d’éthique reliés au plagiat, des plans d’action institutionnels possibles pour lutter efficacement contre le plagiat, etc.
Très inspirant, ce site donne une tonne d’informations  pour passer à l’action. À consulter!


jeudi 13 octobre 2011

DIASH: on peut y faire des projets intéressants!

Dans le cadre du cours «Démarche d'intégration des acquis en sciences humaines», voici une production réalisée en 2007 par un étudiant du Cégep de Lévis-Lauzon. Avait-il anticipé la crise des sub-primes et du papier commercial? Ça traite de la problématique du crédit chez les jeunes. À l'heure de l'orgie d'endettement, ce vidéo conserve encore toute son actualité.  Rien n'a été réglé! RIEN. C'ets pourquoi le mouvement «Occupy Wall Street» gagne en force.  



Un beau projet inspirant. Les travaux d'étudiants intéressants devraient  être diffusés davantage. Cela permettrrait de valoriser le programme de sciences humaines; il en a bien besoin.


mercredi 12 octobre 2011

Drogue dans les cégeps? Beaucoup moins que la réputation le laisse croire!

Legault a remis au goût du jour l'idée fallacieuse que les cégeps étaient des lieux où il se consommait beaucoup de drogues. Cette mauvaise réputation nous poursuit depuis trop longtemps et il faut s'en défaire! Les cégeps sont des institutions sérieuses et la grande majorité des étudiants qui s'y inscrivent sont aussi généralement très sérieux - parfois même trop! Alors cette idée qu'il s'agit d'un «lieu de perdition» ne correspond pas du tout à la réalité.

Se refaire une bonne réputation prendra du temps. Il faudra y consacrer beaucoup d'énergie. Dans un premier temps, il faudra divulguer de l'information objective sur le phénomène. Et l'information objective dit ceci:  «la grande majorité des cégépiens sont assez sages : ils ne consomment pas ou peu de drogue et en prennent moins que la moyenne des 15 à 24 ans.» Malheureusement, je crois qu'en matière de réputation de lieu où on apprend à fumer du pot, les cégeps sont stigmatisés.


mardi 11 octobre 2011

Un prix Nobel des sciences humaines ?


Paul Krugman

La remise du prix Nobel d'économie a suscité une petite réflexion ce matin dans le Devoir. En effet, affirme Paul Krugman, détenteur du Nobel en 2008, depuis une trentaine années, avec la montée du néo-libéralisme et de son aveuglement idéologique, la science économique s'est retranchée dans «les théories élégantes et rationnelles», délaissant le facteur humain. En tant qu'experts scientifiques, les économistes ont lamentablement échoué, préférant servir le prince et son idéologie plutôt que les faits, l'objectivité et les acquis historiques de la science économique.

Évidemment, économiste «libéral» (de gauche en Américain!), Krugman pense qu'un peu de pragmatisme, un peu d'observation sur le comportement des acteurs serait de mise: «Il nous faudrait un sociologue, ou quelque chose du genre, pour résoudre notre problème.»

Les gagnants de cette année du prix Nobel d'économie semblent abonder dans le même sens. Cela fait dire au journaliste:
La prochaine étape sera, peut-être, de créer un autre prix Nobel en sociologie, en psychologie, ou dans tout autre de ces domaines que de mauvaises langues qualifient de «sciences molles», mais qui nous font, semble-t-il, aujourd'hui tellement défaut.
Pourquoi pas un Nobel des sciences humaines au lieu d'un Nobel d'économie? Cela contribuerait peut-être un peu à rehausser la réputation des sciences molles.

À lire :


Les logiciels de plagiat; efficaces?



Techniquement, les logiciels de plagiat ne seraient pas encore très efficaces. Ils détecteraient trop de «matériel potentiellement plagié» : 
Une étude produite par deux professeurs de Texas Tech démontre que sur 400 travaux soumis à des logiciels de détection du plagiat [...] et identifiés comme «comprenant du matériel potentiellement plagié», seulement deux en étaient effectivement si on considérait le contexte.
Ainsi, les logiciels anti-plagiat identifieraient beaucoup de «faux-plagiat» dans les textes des étudiants.

Il existe quand même un nombre important de logiciels anti-plagiat. Plusieurs sont gratuits mais peu efficaces - voire même médiocres selon Didier Duguest de l'Université de Nantes. Dans son étude sur l'efficacité des logiciels de détection du plagiat, Duguest en identifient deux qui se démarquent des autres : Compilatio et Turnitin. Bien que perfectibles, ces logiciels font tout de même du travail appréciable.

***

En fait, la force de l'utilisation d'un logiciel de détection du plagiat réside dans ... son utilisation. Le seul fait que les étudiants savent que leurs travaux seront soumis au traitement d'un logiciel anti-plagiat vient modifier leur comportement. Ils sont plus prudents! Et finissent par apprendre à citer proprement. 

Comme quoi une menace très sérieuse de sanction demeure une méthode efficace!


dimanche 9 octobre 2011

Que peut-on « retirer » d’un diplôme en arts et en sciences humaines?

Les sciences humaines, des «sciences molles» qui ne servent à rien! Ce discours ambiant un peu déprimant n'a rien à  voir avec la réalité concrète des sociétés modernes. En fait, les sciences humaines génèrent un très grand nombre d'emplois - même dans des secteurs insoupçonnés.

Dans un article rafraîchissant, Graham Carr, Président de la Fédération canadienne des sciences humaines et doyen de la faculté des études supérieures de l’Université Concordia explique pourquoi les sciences humaines ont un avenir prometteur. 

Parce qu'elles sont :
  • génératrices d'informations, de savoirs;
  • génératrices de méthodes de travail spécifiques;
  • génératrices de discours narratifs originaux.
L'économie du savoir a profondément besoin des sciences humaines. Ainsi, Google s'apprête à embaucher 6000 personnes; de 4 à 5000 des nouveaux employés auront des diplômes de sciences humaines! Carr affirme :
«Nul acteur du secteur des médias numériques ne saurait exister sans la technologie, les sciences ou le génie, mais nul ne saurait réussir sans compter sur des diplômés en littérature, en linguistique, en rédaction-conception, en sociologie ou en communication aptes à produire des contenus narratifs et à situer les nouvelles technologies dans des contextes culturels élargis.»
Les sciences humaines, plus nécessaires que jamais?

jeudi 6 octobre 2011

Le fléau du plagiat! Un logiciel à la disposition des profs.

Le plagiat! Quel fléau pour un prof! On le sait tous lorsqu'un étudiant plagie. Son texte est truffé de fautes et écrit dans une langue parlée approximative. Tout à coup, wow! Il écrit comme Marcel Proust avec des concepts que nous avons peine à imaginer dans l'univers de l'étudiant. Évidemment, on part à la recherche du site plagié en utilisant google pour repérer le site en question. On y parvient et on finit par mettre plagiat sur la copie et 0 comme note temporaire.

Le problème ici, c'est que le phénomène explose depuis quelques années. On a beau leur dire de faire des citations et des notes de bas de page, le discours passe difficilement. C'est pourtant si simple lorsqu'on maîtrise Word! Mais je réalise souvent que les étudiants ne savent pas exploiter adéquatement les fonctions de référence de Word. Il faut leur montrer en classe sinon le fléau persistera.

Détecter le plagiat devient donc une tâche de correction de plus en plus lourde. Cependant,  il existe maintenant un logiciel de détecteur de plagiat. Ce logiciel fait une comparaison entre le texte de l’étudiant et les pages d’internet comme wikipedia, google books, pages html de sites…. Vous recevez les devoirs de vos étudiants dans un dossier, vous lancez l’analyse. Le résultat s’affiche (25 % de copier-coller dans Wikipedia, 5% dans tel site…). Le  Cégep de Montmorency est en train de tester l'utilisation de ce détecteur de plagiat. 

Pour en connaitre davantage sur le logiciel: http://www.compilatio.net/fr/solutions/magister/


mercredi 5 octobre 2011

Legault véhicule des vieux clichés éculés.

Ce matin, j'apprends que François Legault abolirait les cégeps! Et c'est reparti! Un autre débat de structure inutile. Je pensais que la droite allait nous laisser la paix. Abolir les Commissions scolaires, abolir les cégeps, WOW! Faire faire un secondaire 6 et un baccalauréat de 4 ans aux étudiants serait la solution de Legault. J'ai l'impression de revenir en arrière à l'époque où Pierre Reid était ministre de l'Éducation.  Le débat a été fait sur l'avenir des cégeps et les conclusions en 2004, c'était que les cégeps étaient des institutions éducatives efficientes. De plus, dans son rapport intitulé L'apport des cégeps à la société québécoise, Pierre Fortin et ses collègues avaient démontré que les collèges constituaient une réussite éducative et économique tout à fait remarquable!  Alors, pourquoi revenir là-dessus? Débat totalement inutile - voire stupide...

Pour Legault, le cégep (surtout le pré-universitaire) est le lieu par excellence pour apprendre à fumer du pot! Je n'en reviens pas qu'il véhicule encore cette vieille image qui ne correspond pas à la réalité. On est pris avec cette image peu élogieuse sur les cégeps. C'est extrêmement difficile de s'en départir. Pourtant, il se fait des choses extra-ordinaires dans les collèges du Québec. Faudrait en parler davantage!

La nouvelle:


Les arguments de Marissal :


mardi 4 octobre 2011

Les émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle?

Vient de paraître en français le dernier essai de Martha Nussbaum :

Martha Nussbaum

Martha Nussbaum, Not for Profit. Why Democracy Needs the Humanities, Princeton & Oxford, Princeton University Press, 2010. Traduction française : Les émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle ? Climats, août 2011, 204 p.

Cet essai complexe démontre que les humanités et les sciences humaines sont les véritables gardiennes des valeurs démocratiques. Malheureusement, depuis plusieurs décennies, elles sont considérées comme un luxe qu'on ne peut plus se permettre. Aux États-Unis, certaines universités ont même commencé à fermer quelques départements reliées aux humanités. Les partisans de l'éducation tournée vers le profit économique passent leur temps à demander : les humanités et les sciences sociales, à quoi servent-elles? Elles n'inventent pas de nouvelles technologie, ne génèrent pas de profit. Elles ne dotent même pas les étudiants de compétences utiles sur le marché du travail!!! Alors, à quoi servent-elles?



De plus en plus plaçées sur la défensive, les humanités et les sciences humaines se cherchent une mission. Et Nussbaum en propose une excellente...

En fait, souligne-t-elle, à côté de la sphère économique et technologique coexistent les très importantes sphères politique et sociale. En Occident, les démocraties libérales se sont développées justement dans les sphères politique et sociale  - parfois en porte-à-faux de la sphère économique et technologique. Mais elles sont fragiles; le totalitarisme nous guette si nous laissons agir librement les forces économique et technologique.

Ainsi, la mission fondamentale des humanités et des sciences humaines serait de cultiver les valeurs démocratiques. Il faut continuer de former des citoyens dotés d'un esprit critique, capables de s'indigner devant les injustices sociales,  et munis d'une volonté d'agir publiquement.

*** 

Plaidoyer important en faveur des humanités (et des sciences sociales), Les émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle ? est un ouvrage qu'il vaut la peine de lire.


lundi 3 octobre 2011

Qui sont les étudiants du programme de sciences humaines?


Peut-on affirmer que le programme Sciences humaines est  un refuge, un lieu de transition et d’attente pour trop d’étudiants peu motivés et indécis quant à leur orientation vocationnelle?
Excellente question que je me pose souvent. Qui est assis dans ma classe? Des étudiants motivés qui savent où ils vont? Des écartés tout mélangés? Des enfants immatures sur le party qui ont adopté la philosophie du carpe diem? Des rescapés d'autres programmes?

J'ai beau cherché dans la littérature un portrait des étudiants inscrits dans le programme de sciences humaines, je ne trouve pas grand chose.

Historiquement, nous savons cependant que les étudiants en sciences humaines sont nombreux! Ils représentent plus de 30% de la clientèle des collèges!  C'est évidemment le programme le plus populeux du collégial. Les tableaux de bord fournis par le MELS nous indiquent que leurs moyennes au secondaire est relativement bases et des écarts-types élevés indiquent une dispersion  plus grande des étudiants quant à leur force scolaire. Le taux de réussite des cours au premier trimestre des nouveaux inscrits et des nouvelles inscrites en sciences humaines est faible (54,3%). Moins d'un étudiant sur trois obtient son DEC dans la durée prévue (2 ans). Et pour en rajouter, seulement 57,3% des étudiants obtient son diplôme deux ans après la durée prévue. De plus,selon les données du tableau de bord, une nouvelle stratégie étudiante semble se dessiner. La proportion des étudiants qui obtient son diplôme dans les temps prévus diminue pendant que celle qui obtient son diplôme deux ans après la durée prévue augmente. Bref, les étudiants semblent prendre plus leur temps!

Les mutations sociales et culturelles qui s'accélèrent depuis 25 ans touchent les jeunes de plein fouet. Jacques Roy a traité abondamment cette problématique. Le mode de vie basé sur la consommation (cellulaire, MP3, sorties, divertissement...) amène les étudiants à travailler de plus en plus. Ils ont besoin de sous, de plus en plus de sous. On a même établi une limite du nombre d'heures de travail au-delà de laquelle on risque de perturber ses études :  15 heures par semaine. Les jeunes éprouveraient-ils de plus en plus de difficultés à préserver un équilibre entre le travail et les études?

Dans une enquête menée à Sherbrooke par mesdames Bousquet et Gingras en 2008, nous avons quelques pistes de réponse. 10% des étudiants qu'elles ont rejoints (n= 472 étudiants du cégep de Sherbrooke nouvellement inscrits à l'automne 2007) travaillaient plus de 20 heures par semaine! Par ailleurs, dans la même enquête, mesdames  Bousquet et Gingras s'inquiètent du peu d'heures consacrées aux études :

Quant aux heures consacrées aux études, elles devraient osciller entre 16 et 18 heures selon la pondération habituelle des cours. Nous pouvons observer que plus de la moitié des étudiants se retrouvent nettement au-dessous de cet écart, et ce, malgré le fait que l’enquête s’est déroulée entre la neuvième et la dixième semaine de la session, et que plusieurs examens et remises de travaux ont cours durant cette période.
Donc, beaucoup d'heures de travail rémunéré et peu d'heures d'études. Vraiment très difficile de préserver l'équilibre...

Par ailleurs, en vrac, mesdames  Bousquet et Gingras ont réalisé que:
  • seulement 72 % des répondants ont affirmé qu’ils en étaient à leur première inscription au collégial. D'où viennent les autres? C'est plus d'un étudiant sur quatre!
  • 77% des étudiants rejoints aiment leur programme.
  • 78% des étudiants rejoints veulent compléter leur formation dans le programme de sciences humaines.
  • 75% des étudiants rejoints sont préoccupés par leur orientation professionnelle.
  • 84% des étudiants rejoints affirment que leur orientation professionnelle a une influence sur leur motivation scolaire.
Voilà des pistes d'exploration intéressantes. Des classes éclectiques composées d'étudiants provenant de différents horizons mais qui apprécient tout de même le programme. Des classes composées d'étudiants indécis qui ne savent pas nécessairement quelle profession ils exerceront dans la vie mais qui aimeraient bien le savoir car cela augmenterait leur motivation scolaire.

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Il faut forer davantage! On n'a pas beaucoup d'information sur le(s) profil(s)-types des étudiants en sciences humaines. Cela serait certainement très utile pour la préparation des activités d'apprentissage des profs oeuvrant dans le programme. À quand une recherche  à ce propos financée par PAREA ?