Présentation orale en fin de session dans un cours de DIASH |
Les cours 300-300 (Initiation pratique à la méthodologie des
sciences humaines) et 300-301 (Démarche
d’intégration des acquis en sciences humaines) occupent une place stratégique
dans le curriculum du programme. Ce sont des cours ministériels qui visent à
faire acquérir aux étudiants des «savoir-faire»
qu’on pourrait résumer ainsi :
- Poser correctement un problème de recherche;
- Rechercher adéquatement de l’information pertinente;
- Bâtir des instruments de cueillettes de données valables;
- Traiter ces données correctement;
- Rédiger dans les règles de l’art un rapport;
- Réfléchir à la pertinence objective de sa démarche.
D’ailleurs, rappelons ici les critères de performance prescrits dans les devis ministériels de ces deux cours:
Initiation
pratique à la méthodologie des sciences humaines (300-300)
·
Explication sommaire
des caractéristiques de la démarche scientifique en sciences humaines. · Formulation correcte d’un problème de recherche.
· Justification du choix de la méthode et de la technique de recherche.
· Construction d’un instrument de collecte de données adapté au problème défini.
· Choix approprié d’une population et d’un échantillon de recherche.
· Utilisation judicieuse de l’instrument de collecte de données.
· Saisie et traitement adéquats des données recueillies.
· Analyse méthodique des données.
· Interprétation cohérente des résultats selon le problème défini.
Démarche
d’intégration des acquis en sciences humaines (300-301) :
· Relevé significatif de ses apprentissages.
· Application pertinente de ses apprentissages dans des situations nouvelles.
· Utilisation judicieuse d’au moins deux disciplines du champ d’études.
· Utilisation adéquate de méthodes de travail et de recherche.
· Emploi efficace de technologies de traitement de l’information appropriées.
· Communication orale et écrite claire et correcte dans la langue d’enseignement.
· Reconnaissance du sens général et des idées essentielles d’un message diffusé dans la langue seconde.
· Examen critique de sa démarche d’apprentissage.
· Examen critique de sa production finale.
Enseigner ces deux cours amène son lot de frustrations. Ainsi, lorsqu’on donne IPMSH, nous
devons montrer comment définir un problème de recherche et présenter toutes les
méthodes et techniques d’enquête. De plus, en parallèle, on doit superviser les
étudiants dans la réalisation d’une recherche empirique de A à Z. Généralement,
en 60 heures, on accouche d’une recherche à la problématique très mince. Les
étudiants sont effectivement pressés à appliquer une technique de recherche
(très souvent le questionnaire!) à partir d’une petite hypothèse dont on ignore
souvent la provenance théorique! La frustration provient ici d’une
problématique bien mince.
Lorsqu’on
donne DIASH, nous devons d’abord rappeler les apprentissages significatifs du
programme. Inutile de souligner ici qu’un prof d’expérience devrait être aux
commandes d’un tel cours! En quelques semaines, on souligne les contenus
importants des différents profils du programme : histoire, économie,
psychologie, sociologie, géographie, sciences politiques, etc. Mais aussi,
méthodes quantitatives et IPMSH! Puis, nous devons accompagner les étudiants
dans la réalisation d’une production finale significative dans laquelle ils
doivent utiliser adéquatement des contenus de deux disciplines différentes, des
méthodes de travail et de recherche. Généralement, en 45 heures, on accouche
d’une dissertation issue d’une revue de littérature plus ou moins complète sans
utilisation d’une méthode de recherche patentée. La frustration provient ici
d’un sentiment que l’étudiant a produit une problématique sans recherche sur le
terrain.
En
somme, en IPMSH, problématique bien mince; en DIASH, pas de recherche sur le
terrain. De la façon dont les devis ministériels sont bâtis, ces frustrations
rencontrées nous apparaissent normales car ils sont conçus comme des activités
d’apprentissage prises comme des «tout».
Si elles étaient considérées comme des
parties d’un tout, on n’aurait probablement pas ce genre de frustrations. En
105 heures, on pourrait mener à bien une recherche complète de A à Z. Et cette
recherche serait en somme l’Épreuve synthèse de programme.
Ainsi,
dès la première session de la deuxième année, on pourrait enseigner «Problème
de recherche 1», une activité d’apprentissage dans laquelle l’étudiant
élaborerait une problématique complète sur une thématique de son choix. Cela
l’obligerait à faire une revue de littérature assez costaude, à critiquer des
approches théoriques et à se camper dans un cadre théorique particulier à
partir duquel il produirait des hypothèses de recherche. Cela le forcerait à
produire en 60 heures de cours un texte scientifique avec citations et
références rédigées selon les règles d’art et bibliographie adéquate. Tout
prof. connait pertinemment les carences des étudiants dans leur capacité de
citer, de faire des références en bas de page et de rédiger des bibliographies
adéquates.
À
l’autre session, dans «Problème de recherche 2», en 45 heures de cours, il
irait sur le terrain pour tester son hypothèse et rédigerait son rapport de
recherche final. Cette production écrite deviendrait son ÉSP.
Est-ce réaliste de réformer ces deux cours de
la sorte? Est-ce souhaitable? Il y a beaucoup d’arguments en faveur d’une telle
réforme mais autant contre. Nous sommes curieux de connaitre votre opinion! Dans vos collèges respectifs, quelles sont vos pratiques d'enseignement de ces cours? Quelles sont vos frustrations? Y a-t-il moyen de regarder ces deux cours d'un oeil différent? Faites-nous part de vos commentaires.
Michel
Huot, sociologie, Cégep Beauce-Appalaches