mercredi 14 décembre 2011

Compléments sur la problématique de la langue au Québec

Pour tous ceux qui désirent réfléchir sur la problématique de la langue au Québec, il faut absolument ajouter au dossier les deux documents suivants.
Le billet de Jérôme Lussier:

Doléances pour un Québec dépassé
 
et la réplique de Jean-François Lisée: 
Félicitations pour un Québec décomplexé

Lisez les commentaires! Très intéressant!

***
Il ne faut pas avoir la tête dans le sable. Les jeunes sont totalement séduit par l'anglais comme véhicule culturel. Même en Beauce, lorsque je discute avec mes étudiants, j'ai souvent des commentaires qui s'articulent comme suit:
  1. Regarder The Price is right au canal V, c'est tellement «poche»! Vaut mieux voir la version originale en américain!
  2. Le cinéma américain bouffe le cinéma québécois, pâle copie du cinéma américain.
  3. La musique américaine est tellement meilleure que la musique québécoise.
  4. Les magazines anglo-saxons présentent les tendances - les magazines québécois sont en retard!
  5. Internet! WÔW! surtout en anglais!
L'attrait de l'anglais ne fait aucun doute. Et je comprends parfaitement que l'anglais est un véhicule extraordinaire pour accéder à la grande production culturelle américaine. Malheureusement, je trouve assez désolant d'associer la post-modernité à la langue anglaise - comme si l'univers post-moderne ne pouvait se vivre qu'en anglais. Comme si la mondialisation culturelle ne se faisait qu'en anglais.
Comme enseignant, ne serait-il pas opportun de sensibiliser davantage nos étudiants à la richesse de la production culturelle québécoise? Par exemple, j'ai réalisé que peu d'étudiants avaient vu Incendies! Peu d'étudiants connaissaient Riopelle. Même Gaston Miron n'est pas sur leur radar!  Sans dénier leur désir de participer à la grande mouvance post-moderne anglo-saxonne, n'avons-nous pas la responsabilité de leur montrer notre production culturelle? Je sens souvent dans le discours de plusieurs jeunes un jugement de valeur négatif de leur propre culture. Je les trouve un peu complexé... peut-être parce qu'ils connaissent peu notre production culturelle de qualité.
Michel Huot, sociologie, Beauce-Appalaches

lundi 12 décembre 2011

Les sciences humaines doivent prendre la place qui leur revient.

J’ai parfois l’impression qu'on peut s’improviser « spécialiste des sciences humaines » dans les cégeps. Par exemple,
  • Des enseignants en soins infirmiers qui enseignent les cours de communication, spécialité attribuée généralement à la psychologie;
  • Des enseignants en anglais qui décident de donner des cours d’histoire américaine en anglais, spécialité généralement attribuée à l’histoire;
  • Des spécialistes des mathématiques qui donnent le cours de Méthodes quantitatives;
  • Des enseignants spécialistes du français donnant des cours de sociologie des médias dans des programmes d’Arts et lettres;
  • Des enseignants en éducation spécialisée qui donnent des cours de psychologie.
Assistons-nous depuis quelques années à un glissement vers le déni d’expertise des sciences humaines? Si tel est le cas, laisser aller la tendance sans protester signifie perdre à moyen terme des « cours de service » dans les programmes techniques. Au-delà du discours sur les « jobs », discours bien anecdotique quant à nous, c’est le discours de l’expertise qu’il faut privilégier. À l’enseignement supérieur, c’est exactement ce qu’on valorise : l'expertise!

Les sciences humaines ont développé des expertises qui leur sont propres : des méthodes riches et variées, des savoirs spécifiques fondés, un corpus de connaissances basées sur des recherches objectives, des visions particulières de la vie en société. Il faut le faire reconnaître. Ce n'est pas tout le monde qui est habilité à manipuler cette riche production. Si on laisse à d'autres le soin de jouer avec ces compétences, on « secondarise » le collégial, censé appartenir à l’enseignement supérieur. C'est aussi admettre que nos disciplines ont peu de valeurs et que n'importe qui peut les enseigner!

Donc, il faut s’assurer que les professeurs qui enseignent du contenu propre aux sciences humaines soient « patentés ». Ont-ils les compétences nécessaires? Ont-ils un diplôme qui démontre leur expertise? Si oui, tant mieux. Sinon, il faut réagir pour corriger la situation. Mettre de la pression sur les directions des études afin qu’elles reconnaissent que les sciences humaines génèrent des expertises exclusives. Tout simplement parce que les sciences humaines doivent prendre la place qui leur revient.
***
Il faut documenter ce phénomène! Y a-t-il réellement déni d'expertise des sciences humaines dans les collèges? Présentement, la réponse n'est pas claire.

Comment est-ce à Vieux-Montréal, Dawson, Edouard-Montpetit, Granby, Sherbrooke? Comment est-ce en Outaouais, en Abitibi, à Chicoutimi, Sept-Îles, Rivière-du-Loup, Sainte-Foy, Limoilou, Lévis-Lauzon? Partout dans les collèges!
N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience collège en nous laissant un commentaire au bas de ce billet ou en nous envoyant un courriel : rshcq@cegepba.qc.ca

Michel Huot,
sociologie,
Beauce-Appalaches

mardi 6 décembre 2011

Voilà pourquoi il faut abolir les sciences humaines au cégep!

Rythmé par les échanges vifs d’élèves regroupés pour procéder à un exercice, ce jour-là, le cours allait bon train. Soudain, du fond de la classe, un étudiant s’exaspère et tonne :
— Honnêtement, monsieur, je ne comprends plus rien! La revue de presse que nous avons faite ne cesse de répéter que nous n’avons pas le choix, qu’il faut renoncer à toute idéologie et être pragmatique; que l’État n’a plus d’argent et qu’il faut créer de la richesse, être plus compétitif et plus productif; qu’au nom de la classe moyenne, il faut sortir du statu quo dans lequel nous enferment les syndicats; que nous sommes les plus taxés en Amérique du Nord, mais qu’il faut faire notre part en payant les services que nous utilisons…
— En effet, lui répondis-je. Qu’est-ce que tu ne comprends pas?
— Il doit bien y avoir quelqu’un quelque part qui dit n’importe quoi!
— Qu’est-ce que tu veux dire?
— En économie, on a vu que nous vivons dans un système capitaliste fondé sur la propriété privée et l’appât du gain et où tout le monde est en concurrence contre tout le monde. Comme une guerre qui n’arrête jamais.
— Et…?
— Et en philo, on a vu que ce système économique s’accompagnait d’une idéologie, le libéralisme, qui est la pensée dominante du monde occidental depuis deux siècles. Puis, en politique, que le libéralisme est une idéologie pour laquelle tout ce qui compte, c’est de mettre l’État au service des intérêts privés. J’imagine que c’est pour ça qu’on a baissé les impôts, qu’on veut augmenter les frais de scolarité, limiter la syndicalisation…
— Alors?
— Alors c’est bizarre, parce qu’en histoire, on a vu que sans les luttes mener par les syndicats et d’autres mouvements populaires, il n’y aurait pas de droits sociaux et économiques comme l’accès à l’éducation, aux soins de santé et toutes ces autres choses qui permettent l’existence d’une classe moyenne.  
— OK?
— Pendant ce temps-là, le prof de psycho a dit qu’il y a une forte pression à la performance partout dans la société, notamment dans les milieux de travail, que ça engendre du stress et que le stress, ce n’est pas bon pour les individus. En géo, on a vu que les problèmes écologiques provenaient de choix politiques et économiques et que là, la planète n’est plus capable. En éduc, on nous répète continuellement que la santé physique et mentale, c’est important, et je ne sais plus quel est l’auteur qu’on a lu en français qui disait que la « qualité des liens » valait mieux que la « quantité des biens »…
— Oui?
— On est obligé de vivre ça? En anthropo, on a appris que pendant des millénaires, les activités humaines n’étaient pas orientées vers la recherche constante du profit, qu’il y avait toute sorte de règles et de normes collectives pour maintenir la cohésion de la communauté et que la coopération a toujours été plus importante que la compétition.
— Tout cela est fort intéressant, jeune homme, mais pardonne-moi, je ne comprends toujours pas ce que tu ne comprends pas.
— Là, en socio, on parle d’effritement des liens, de société de consommation et d’hyperindividualisme, de croissance des inégalités sociales, des problèmes sociaux pis toutes ces affaires-là! Coudonc, est-ce que c’est moi ou bien les profs du Cégep font exprès pour enseigner le contraire de ce que l’on répète à la télé et dans les journaux?
— Qu’en penses-tu?
— Que c’est peut-être pour ça que certains veulent abolir les Cégeps!

Jean-François Fortier
Sociologie
Sherbrooke

lundi 5 décembre 2011

Le point sur le blogue du RSHCQ

Plus nous sommes réseautés,
plus nous sommes forts!
Cela fait maintenant environ deux mois que le RSHCQ a lancé son blogue. Depuis, nous avons réussi à obtenir les adresses électroniques des enseignantes et enseignants en sciences humaines de presque tous les cégeps du Québec! Un tour de force! Imaginez tout ce que nous pouvons désormais en faire : constituer une banque de renseignements sur toutes sortes de sujets; faire circuler des informations ou des idées; analyser, échanger ou débattre de thèmes qui nous préoccupent, organiser des consultations, revendiquer des ressources ou des changements pour notre programme…

Si vous souhaitez diffuser de l’information ou susciter des débats ou encore signaler une activité pertinente pour les sciences humaines, notre blogue peut être un excellent lieu pour ce faire! N’hésitez pas à nous soumettre des textes, s’ils respectent notre Nétiquette nous les publierons avec plaisir!  Ayez à l’esprit que le RSHCQ a notamment pour objectif de valoriser notre programme d’étude, d’en faire la promotion et de voir à son rayonnement… En travaillant de concert pour contribuer à la réalisation de ces objectifs, nous mettons en place une force tranquille prête à s’activer au moment opportun…
Quelques constats au sujet de notre blogue. D’abord, c’est Michel Huot, professeur de sociologie au Cégep Beauce-Appalaches, qui a rédigé la plupart des billets que l’on y trouve présentement. Ce sont des textes intéressants et de bonne qualité.  Un grand merci à Michel et souhaitons qu’il conserve encore longtemps cette belle énergie.  Cependant, pour ne pas user ou abuser de notre blogueur… votre contribution serait grandement appréciée. 

Autre constat : bien que le site reçoive de nombreuses visites, on trouve peu de commentaires et d’échanges suscités pas les différents billets à chaque semaine.  Nous sommes tous très occupés… Quelques mots pour compléter le point de vue proposé ou en faire une critique seraient grandement appréciés. Cela ne fait qu’enrichir la réflexion. Encore une fois, n’hésitez pas à nous proposer des textes de votre cru. 

Veuillez aussi comprendre que nous sommes en apprentissage.  Nous cherchons notre voie propre. Les billets présentés visent généralement à amener des réflexions en lien avec notre profession. Peut-être devrions-nous circonscrire notre ligne éditoriale à des objets qui concernent uniquement les cégeps et le programme que nous voulons valoriser? Or, il n’est pas facile de restreindre les questions à aborder puisque, en sciences humaines, la patinoire est immense!  Des préoccupations qui, de prime abord, apparaissent sans lien évident peuvent se transformer en matière à discussion dans nos cours… 

Le rythme des billets est assez important.  Nous visons à en publier un par semaine.  Si les collaborations s’accroissent, la cadence des publications augmentera inévitablement. Un envoi de courriel pour vous signaler les nouveautés ne sera probablement pas nécessaire à chaque fois. Bref, nous voulons être présents, actifs et stimuler la réflexion, mais pas devenir agaçants… Votre collaboration est souhaitée.  Aidez-nous à développer notre force… Nous avons tout à y gagner!   

Claire Denis
Sherbrooke

mercredi 30 novembre 2011

Les effets pervers de l'évaluation des profs

Le nouveau parti de François Legault, la Coalition Avenir Québec, devrait interpeller l’ensemble du corps professoral peu importe qu’il vienne du primaire, du secondaire, du collégial ou de l’universitaire. En effet, ce nouveau parti qui se dit pragmatique, en référence à l’entrevue de François Legault à Tout le Monde en parle du dimanche 20 novembre dernier, n’en demeure pas moins un parti avec un sérieux penchant vers la droite si l’on en juge par son programme actuel. Sans vouloir faire preuve de corporatisme, la volonté de ce parti de s’attaquer à la permanence des professeurs et de les évaluer relève, à mon avis, d’une méthode propre aux régimes conservateurs et droitistes.

Nos cousins français ont eu à vivre cette triste réforme et une enseignante que je vous conseille de lire en ouvrant le lien qui suit vous fera comprendre l’odieux d’une telle réforme de l’enseignement. 

En effet, en instaurant une évaluation individuelle des professeure et un salaire en fonction de leur performance au travail on risque de donner un pouvoir énorme à la bureaucratie au détriment de notre objectif premier : la réussite scolaire de nos étudiants. De plus, cette évaluation qui risque d’être arbitraire mettra nécessairement en compétition les enseignants les uns vis-à-vis des autres et multipliera les cas de harcèlements au travail voire de congédiements injustes ou injustifiés. Le silence des enseignants du collégial face à l’arrivée de la CAQ de François Legault est inquiétant. Serions-nous à ce point anesthésiés par la routine et les copies bourrées de fautes de nos étudiants que nous en oublions de prendre la parole et de défendre nos droits acquis non pas par intérêts comme si nous étions des privilégiés de la société (nos salaires ne sont pas si mirobolants après tout compte tenu du coût de la vie sans cesse en inflation) mais plutôt par un souci constant d’éduquer dans les meilleurs conditions possibles ceux qui vont devenir les futurs électeurs de notre nation. Leur avenir dépend aussi des choix politiques que nous allons faire aux prochaines élections. L’avenir avec la CAQ de François Legault m’apparaît des plus inquiétants si l’on en juge par sa vision on ne peut plus néolibérale de l’éducation.

Louise Brouillet
Professeure de sciences politiques
Cégep du Vieux Montréal

lundi 28 novembre 2011

Les Québécois francophones auraient-ils renoncé à faire du français la langue commune du Québec?

La langue est politique au Québec.
Il faut replacer la problématique de la qualité de la langue écrite dans un contexte plus global. Nous savons que la question de la langue sera toujours pré-occupante pour un peuple peu nombreux immergé dans une mer anglophone.  La langue est politique au Québec tout simplement parce qu'elle établit un rapport de force entre deux groupes sociaux inégaux.

Et actuellement, nous sentons que le français recule ou du moins stagne. Plusieurs lumières rouges apparaissent sur le tableau de bord! Montréal revêt un caractère de plus en plus anglophone. On nomme à Ottawa un juge et un vérificateur général unilingues anglophones. Au Québec, ce n'est guère mieux. La Caisse de dépôt et placement du Québec nomme dans des postes stratégiques des unilingues anglophones; à la Banque Nationale, une autre institution francophone, un unilingue anglophone occupe un poste stratégique et exige de ses collaborateurs de comprendre la langue de Shakespeare. Et pour mettre la cerise sur le sundae, l'IRÉC a publié récemment une étude qui démontre que  «le poids du secteur public de langue anglaise au Québec représente 13,9 % du total, soit 5,2 points de plus que le poids démographique des anglophones (8,7 %)(1) Bref, une grande proportion des Québécois francophones se sentent assiégés et les faits semblent leur donner raison.

Dans les journaux, plusieurs journalistes s'en inquiètent : Facal au journal de Montréal, Descôteaux au Devoir, Lisée dans l'Actualité, Lagacé à la Presse, Breton au Soleil. Ils n'aiment pas du tout le glissement tranquille vers l'anglais. Soit dit en passant, il est très facile d'en faire un petit dossier de presse à présenter à vos étudiants  sur la problématique de la langue...

Pendant que ce sentiment d'aliénation gagne du terrain parmi les francophones, s'organisent-ils pour corriger la situation? Pas sûr. Fourbissent-ils leurs armes? Pas sûr. Auraient-ils abdiqué? La question se pose parce qu'il y a plusieurs indices comme quoi ils ont lançé la serviette.

Ainsi, par exemple, ils ont accepté que leurs enfants fassent une partie de leurs études primaires en anglais. D'ailleurs, d'ici quatre ans, tous les élèves inscrits en sixième année du primaire recevront la moitié de leur enseignement en anglais! Cette mesure n'a pas de contre-partie pour les petits anglophones. Ils n'auront pas à faire une partie de leurs études primaires en français! Serait-ce qu'ils sont plus bilingues que les francophones?

Le pire, je pense, c'est ce réflexe des jeunes de «switcher» à l'anglais dès que l'occasion se présente. C'est tellement «hot» l'anglais. Un anglo entre dans la pièce et les francos se mettent à parler anglais! Au centre-ville, lorsque vient le temps de magasiner sur Sainte-Catherine, on se fait servir en anglais et on ne se sent pas insulté! Il n'y a même plus d'indignation. Décidément, notre rapport à l'anglais est tordu! Le petit ouvrage de Christian Dufour à propos des Québécois et l'anglais est éloquent.
  
Même les corporations ne prennent plus la peine de respecter la loi 101. 

Pendant ce temps-là, l'État ne réagit pas. Le gouvernement libéral tergiverse - pour ne pas dire qu'il s'écrase!  Pourquoi le gouvernement libéral tergiverse-t-il? Parce qu'il montre lui-même la voie du bilinguisme officieux. En effet, le bilinguisme est devenu la politique «officieuse» de l'État québécois. For service in English press two... Même les manisfestations pour la langue ont un relent de folklore!  

Dans ce contexte, n'est-il pas légitime de penser que les francophones ont abdiqué. Je poserais même l'hypothèse qu'ils ont opté pour le bilinguisme en route vers l'assimilation tranquille.

Alors, si l'anglais gagne du terrain dans tous les aspects du quotidien des francophones, cela aidera-t-il à améliorer la qualité du français écrit de nos étudiants?  Et si les francophones d'origine abdiquent, quel message envoyons-nous au 50 000 immigrants qui s'installent au Québec à tous les ans? Vaut-il la peine d'apprendre cette langue, se demanderont-ils? Et puis, voyant le manque de volonté politique des francophones de maintenir le français comme langue commune, ils conclueront que ce n'est pas du tout nécessaire. Un simple Bonjour suffira pour faire sa vie au Québec. Les joueurs du club de hockey les Canadiens de Montréal (et les relationnistes de cette organisation) l'ont très bien compris. C'est quasiment insultant!

C'est sûrement le chantier le plus important à entreprendre :  le français doit être la langue de la place publique au Québec. Elle l'est de moins en moins - surtout à Montréal. Et les Québécois francophones ne semblent plus s'en soucier. Le rapport de force linguistique s'étiole en raison de la faiblesse de la communauté politique francophone. Les véhicules politiques canalisant les forces francophones ont tellement pris de l'âge qu'ils ressemblent aux bagnoles qui circulent à La Havane! 

Nous devenons de plus en plus une grosse minorité ethnique qui se comporte de moins en moins comme une nation. Fernand Dumont avait-il raison dans un des ouvrages les plus importants pour comprendre la question québécoise: Raisons communes? Il faut absolument relire ce petit ouvrage de 200 pages. Écrit il y a une quinzaine d'années, il n'a pas vieilli d'un iota! 

Michel Huot, sociologie, Beauce-Appalaches

 

mercredi 23 novembre 2011

Pourquoi avons-nous besoin des sciences sociales? Les dix raisons suggérées par Audrey Osler

Partout en Occident, on s'interroge sur l'avenir des sciences sociales. Au Royaume-Uni, l'Académie des sciences sociales a même lançé une campagne de financement pour faire une promotion plus agressive de valorisation des sciences sociales.

Audrey Osler
Dans ce contexte, Audrey Osler, sociologue britannique francophile spécialiste des droits humains, explique en 10 raisons pourquoi les sciences sociales sont une nécessité incontournable dans nos sociétés. Si elles n'étaient pas là, les sociétés manqueraient définitivement toute une dimension humaine essentielle. L'analyse et la critique de situations sociales problématiques suivies de recommandations pour pallier à ces situations contribuent sans aucun doute à l'amélioration de la qualité de la vie.

Les voici:
  1. Les spécialistes des sciences sociales nous aident à imaginer un avenir meilleur.
    • Par exemple, les nanotechnologies et les recherches médicales auront éventuellement un impact extraordinaire sur nos façons de vivre. Elles susciteront des débats éthiques et légaux. Les sciences sociales portent un regard important là-dessus et suscitent des questionnements pertinents.
  2. Les sciences sociales peuvent expliquer les crises financières que nous vivons actuellement. 
    • Ainsi, combien peuvent expliquer la crise financière grecque, la crise américaine des sub-primes, ...? Plus les gens comprennent ce que font les institutions financières et les États, plus ils deviennent citoyens.
  3. Les sciences sociales contribuent à l'amélioration de la santé des citoyens.
    •  Ainsi, elles bâtissent les bases statistiques de la santé qui permettent de prendre de bonnes décisions; elles identifient et expliquent les déterminants de la santé.
  4. Les sciences sociales peuvent sauver des vies!
    •  Par exemple, elles proposent des actions pour améliorer la sécurité au travail. Elles s'intéressent à la prévention du suicide.
  5. Les sciences sociales peuvent améliorer la sécurité dans les quartiers.
    • Ainsi, elles s'intéressent à la prévention du crime. Il aurait été tellement intelligent que les conservateurs consultent les études sur la criminalité chez les jeunes avant de modifier la Loi sur les jeunes contrevenants.
  6. Les spécialistes des sciences sociales sont des intellectuels actifs sur la place publique.
    • Les experts des sciences sociales ont le devoir citoyen d'intervenir dans les débats publics et d'exposer les résultats de leurs recherches concernant les grands débats de société.
  7. Les sciences sociales améliorent la qualité de la vie des enfants et leur éducation.
    •  Les sciences sociales s'intéressent aux enfants. En les écoutant et en les observant, elles ont découvert ce que font les écoles les plus performantes.  
  8. Les sciences sociales cherchent à améliorer le monde!
    • On retrouve des spécialistes des sciences sociales dans toutes les institutions internationales : ONU, Unesco, agences inter-gouvernementales...
  9. Les sciences sociales cherchent à ouvrir nos horizons.
    • Elles proposent toutes sortes de perspectives et des manières de comprendre le féminisme, l'écologisme, les mouvements sociaux, etc.
  10. Les sciences sociales sont les gardiennes de la démocratie.
    • Elles travaillent à préserver la démocratie dans une société numérique. Elles s'interrogent sur la façon dont s'exercera le droit de vote.   
Ma traduction synthétique! Pour voir le texte original en anglais, cliquez ici.


lundi 21 novembre 2011

C'est lundi; on jase ... de la qualité du français de nos étudiants

Je viens de finir une grosse série de corrections d'un texte de 750 mots portant sur un sujet sociologique particulier. Je ne suis pas en mesure d'affirmer hors de tout doute que la qualité du français écrit diminue chez les étudiants collégiens mais j'en ferais une hypothèse de recherche à vérifier objectivement. Il me semble qu'il y a dégradation.


Je ne suis pas découragé mais inquiet! Je dirais que, dans mes groupes, environ un tiers des étudiants éprouve de sérieuses difficultés d'écriture. Ils ne font pas de paragraphes, font des fautes d'orthographe à la pelletée sans parler des fautes d'accord... Ils inventent une nouvelle orthographe à tous les 15 mots! J'ai remarqué des choses inquiétantes. Ainsi, plusieurs ne mettent plus de «e» muet à la fin des mots. Par exemple, islamiste est écrit islamist, propagandist, créationnist... C'est de l'anglais français, du franglais, je ne sais trop. L'anglais a tellement la cote! Des fois, j'ai l'impression que je suis ringard lorsque je parle de la qualité de la langue. Personne ne semble sans soucier. Tous le constatent mais, avec une certaine désaffection.

Non seulement la qualité de la langue me semble se dégrader, mais le fléau du plagiat s'étend aussi. J'ai facilement - sans me forcer, découvert 4 cas de plagiat flagrant parmi mes 155 copies.

***

Je suis inquiet de voir que 33% de mes étudiants écrivent très mal. En sciences humaines, l'écriture est INCONTOURNABLE. Tu gagnes ta vie en écrivant et en parlant correctement. Nous ne sommes pas dans la culture populaire mais bien dans la culture savante! Mon travail, comme enseignant, c'est de les sortir de leur culture première et de les introduire à la culture seconde! Et le véhicule de la langue (parlée et écrite) doit être maîtrisé.

Le pire là-dedans, c'est que j'insiste beaucoup sur la qualité de l'écriture et que je sanctionne fortement la mauvaise qualité du français écrit. Je soustrais 10% de la note finale mais de plus, dans ma grille de correction, j'alloue des points pour la structure du texte. En fait, je me permets d'enlever 15% à la note finale pour la qualité de la langue. Mais ces lourdes sansctions ne semblent pas déranger les étudiants. J'en conclus donc - et c'est pourquoi je suis inquiet, qu'une grande proportion des étudiants se foutent totalement de la qualité de la langue. Il ne semble pas y avoir beaucoup de motivation intrinsèque de leur part. Et c'est peu dire...

Que faire alors ?
  • Se doter d'une politique départementale de la qualité du français; (J'espère que tous les départements ont une telle politique.)
  • Convaincre tous les profs qu'il faut être très sévère dans les corrections; (C'est un travail plus difficile à faire qu'on croit.)
  • Tenir un discours ferme sur la nécessité de savoir écrire;
  • Forcer les étudiants en difficulté de fréquenter le Centre d'aide en Français (CAF);
  • Tenter de les convaincre de la nécessité de bien écrire afin qu'ils se motivent eux-mêmes en leur for intérieur;
  • Se questionner sur la séquence des cours de français au niveau collégial. Ne devrait-on pas introduire dans la grille horaire un cours de grammaire française ?
Dans mon cégep, le Cégep Beauce-Appalaches, nous avons introduit dans la séquence des cours de français un cours de mise à niveau connu sous l’appellation «Ateliers de grammaire». Cette formule connaît un succès certain mais la problématique de la motivation des étudiants demeure entière. Je vous invite d'ailleurs à consulter ici la réflexion qu'a menée une prof de français du collège à propos de ces Ateliers. 

***

N'ayez pas peur de nous confier vos pratiques d'amélioration de la qualité de l'écrit. Chaque collège a sa façon d'aborder ce problème. Le malheur, c'est qu'on connaît mal toutes ces pratiques.  Quant à mes collègues anglophones, devez-vous aussi gérer la problématique de l'écriture de la langue? Du côté de Molière, c'est difficile; qu'en est-il du côté de Shakespeare?
***

Michel Huot, sociologie, Beauce-Appalaches

mercredi 16 novembre 2011

Le métier de prof et les dangers des médias sociaux; la fédé offre de la formation pertinente

Suite à un billet publié plus tôt, j'ai eu quelques commentaires intéressants qui m'ont motivé à vous livrer cette information. À la Fédération des cégeps, on offre deux formations pertinentes à propos du métier de profs et des dangers potentiels des médias sociaux.

Voici les deux plans de formation : 

Les aspects légaux liés à l’éthique du personnel d’un cégep
dans leur rôle de modèle pour les étudiants :
ce qui est toléré et ce qui ne l’est pas

I.                Portée et contenu du rôle de modèle du personnel en autorité dans le cégep

          I.1      À qui cette obligation s’adresse-t-elle ?

          I.2      Rôle de modèle reconnu par les tribunaux:

                   1.2.1   Origine jurisprudentielle;
                   1.2.2   Lien avec le projet éducatif du Cégep;
                   1.2.3   Portée:

    Au cégep;
    Ailleurs qu’au Cégep;.

II.                Exemples de comportements jugés incompatibles avec le rôle de modèle

III.                Prudence et diligence avec l’avènement des réseaux sociaux

IV.                Cas pratiques et questions


L’impact juridique des réseaux sociaux dans le milieu collégial : www.lesdroitsetdevoirsdechacun.com

1.            Définition et ampleur du phénomène de réseautage social

2.            Responsabilités de l’employé qui utilise les réseaux sociaux :

a.       Être loyal envers le collège
b.       Adopter une attitude conforme aux politiques du collège
c.       Respecter la vie privée et la réputation
d.       S’identifier distinctement du collège lorsque l’employé émet des opinions

3.            Règles d’utilisation de Facebook avec les étudiants

4.            Légalité de l’utilisation des informations provenant des réseaux sociaux

5.            Contrôle, surveillance et sanctions possibles

6.            Recommandations et mises en garde.
 
***

Ces deux formations sont animées par Me Valérie Biron, avocate aux services juridiques de la Fédération des cégeps.

Pour information, contactez Valérie Biron au (514) 381-8631 poste 2332 ou par courriel valerie.biron@fedecegeps.qc.ca


dimanche 13 novembre 2011

C'est lundi; on jase... de TrensQuébec

En ce lundi de «début de fin de session», nous avons choisi de vous présenter un projet québécois structurant qui nous apparaît enthousiasmant : le TrensQuébec.

Le Trens Québec
Trens pour Transport Rapide Électrique National Suspendu. Il s’agit d’un projet de monorail suspendu qui pourrait être déployé au Québec entre les centres urbains les plus populeux.
Il y a dans ce projet beaucoup de potentiel économique structurant et aussi beaucoup de symbolisme. D’un point de vue économique, le projet coûterait beaucoup moins cher à réaliser que tous les projets de TGV envisagés depuis 20 ans. Il en coûterait aussi moins cher d’entretien.

D’un point de vue symbolique (et souvent le «symbolique» est plus important que l’économique), ce projet nous ressemblerait beaucoup. D’abord, il serait propulsé par l’énergie électrique. C’est tout nous! De cette façon, on réduirait les émissions de gaz à effet de serre. C’est encore nous! De plus, il utiliserait la technologie du moteur-roue, développé dans les labos d’Hydro-Québec par l'équipe de l'ingénieur Pierre Couture. Une technologie québécoise! Nous avons tout ce qu’il faut pour réaliser un projet aussi prometteur : des ingénieurs compétents, des corporations au savoir-faire reconnu, du fer en masse, …

Voilà pourquoi nous pensons qu’il vaut la peine que la population soit mise au courant d'un tel projet. Il mérite aussi qu’un gouvernement s’y intéresse de près et qu’il débloque les capitaux nécessaires pour faire des études sérieuses de faisabilité. Et pourquoi pas, bâtir un premier tronçon...
Imaginez que ce soit un succès! Quelle fierté nous en retirerions! Et, présentement, le Québec en a bien de besoin.
Nous vous invitons donc à consulter le site du projet et de voter si le projet vous enchante. Parlez-en aussi à vos amis, vos collègues. Relayez l'information sur les réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn... 

vendredi 11 novembre 2011

Plusieurs bons longs métrages qui démontrent que les sciences humaines ont de quoi à dire!

Plusieurs bons longs métrages sont parvenus sur nos écrans récemment : cinéma d'auteur, documentaires... Un cinéma intelligent qui nous fait réfléchir et qui nous sort d'un cinéma d'entertainment, cancer de la pensée humaine. Ces films démontrent à leur manière que la pensée critique et la pensée morale ont plus que jamais leur place dans une société sur le bord de la crise de nerf! Les sciences humaines ont beaucoup à dire sur l'homme, le pouvoir, la société.

Après République : un abécédaire populaire et Laurentie, voici Survivre au progrès et Trou Story, deux documentaires qui dénoncent les mécanismes d'exploitation de la nature, nature humaine incluse.

Dans Survivre au progrès, on réfléchit à l'agression que l'homme pratique sur la nature afin de nourrir la bête qu'est devenue la société de consommation. Les rapports sociaux de production conduisent l'homme à sa perte. En fait, la domination de la nature par l'homme amène aussi la domination de l'homme par l'homme. Comme Marx avait raison! La financiarisation de la planète n'est pas une bonne chose! C'est la concentration du pouvoir dans les mains d'une poignée de personnes à la tête des corporations les plus puissantes. J'utiliserais certainement ce film dans un cours comme illustration à plusieurs concepts de sociologie, de sciences politiques, d'histoire et d'économie!



Dans Trou Story,  Richard Desjardins et Robert Monderie expliquent comment s'est développée l'exploitation minière en Abitibi - et dans le nord de l'Ontario. Le plus choquant dans ce film, ce n'est pas tant les abus des compagnies exploitantes (Tout le monde a lu Germinal!) que l'inertie des gouvernements provinciaux qui se sont toujours écrasés devant la puissance des minières. S'il y a une chose qui doit être re-valorisée dans nos sociétés actuellement, c'est bien le rôle de l'État et sa capacité d'intervention au nom du bien commun! L'idéologie (un autre concept que les étudiants ont de la difficulté à comprendre) de gauche doit être revampée avec un peu de sauce environnementaliste et un peu de saveur collective.



Dans la même veine, il faut consulter Trou story, un site interactif où l'on peut exploiter sa propre mine. Ce site a été mis sur pied par l'ONF en lien avec le documentaire de Richard Desjardins et Robert Monderie. Très pertinent.


Bien utilisée dans un cadre pédagogique sérieux pour illustrer des théories, des schémas de concepts, la production cinématographique demeure un outil très efficace. Replacer le film dans le contexte théorique ne suffit pas cependant. Les étudiants doivent aussi réaliser une production écrite afin de valider s'ils ont bien compris la leçon. C'est en général la partie qu'ils aiment moins.

mardi 8 novembre 2011

«Laurentie» ou le mal identitaire latent

«Laurentie» ou le mal identitaire inquiétant

OUF! La bande annonce choc du film Laurentie, sorti en salle le 28 octobre, touche à un sujet tabou : la dynamique de l'identité québécoise. C'est de la dynamite! 


L'identité québécoise s'est toujours construite par rapport à cet Autre, «l'Anglais». Dans Génèse de la société québécoise, Fernand Dumont l’explique très bien.

Le film touche à des sentiments humains qui, espérons-le, ne sont pas collectifs! L'envie, la jalousie, l'estime de soi négatif. Lorsqu'on pense qu'«Eux-autres», ils sont meilleurs que «Nous-autres», on finit par s’abaisser. Et on finit par cesser de  s’aimer. Et, dans un cas pareil, il peut arriver trois choses : se complaire dans l’indifférence, s’autodétruire ou trouver un bouc émissaire et l’attaquer. Dans le film, ça conduit les personnages vers le repli identitaire, l'insignifiance et une forme d'autodestruction.

Le Québec serait-il rendu là? Après deux référendums perdus, à courts de projets collectifs rassembleurs, de plus en plus minoritaire au sein du Canada, divisé et replié dans le privé, gangréné par la corruption et la collusion, le Québec vit des années très sombres – comme l’Occident en général d’ailleurs. À sa manière, le Québec vit comme une fin de régime. Il faut le réinventer. Mais comment? Actuellement, ça cogite. C'est l’heure des réflexions… Les sciences humaines doivent contribuer à cette cogitation.

Je n’ai pas vu le film; je ne puis donc pas juger de sa qualité cinématographique. Cependant, par sa thématique, à côté de la problématique identitaire, ce film aborde aussi le thème des rapports conflictuels potentiellement explosifs entre les communautés linguistiques – spécifiquement à Montréal. Basée sur un certain équilibre, la paix linguistique actuelle serait-elle sur le point d’être rompue? Alimentés au ressentiment (c'est l'analyse du film), comment les Québécois francophones réagiront-ils dans les prochaines années?

Chose certaine, de façon latente dans la société montréalaise notamment, le malaise linguistique sera toujours un phénomène avec lequel il faudra composer. C’est du carburant qui peut mener à des actions explosives. Politiquement, il faut nécessairement composer avec ce carburant volatile. On le canalise et on en fait quelque chose de positif. Ou, on le contient. Mais il ne faut surtout pas balayer le problème sous le tapis. Ça risque de nous sauter dans la face! Les politiciens actuels ont peut-être choisi de se mettre la tête dans le sable - ou sous le tapis.

Michel Huot, sociologie, Beauce-Appalaches

lundi 7 novembre 2011

C'est lundi; on jase... de diplômes!

Depuis deux ans, la Fondation Lionel-Groulx publie au mois d’octobre ses études sur l’enseignement de l’histoire au Québec. Dans un premier rapport, en octobre 2010, madame Myriam D’Arcy et monsieur Gilles Laporte démontraient que le sujet d’étude Québec était en voie de disparition dans nos collèges. Cette fois-ci, Madame D’Arcy et monsieur Éric Bédard ont voulu démontrer la faiblesse de la recherche en histoire nationale dans nos universités.
Si nous lisons attentivement le rapport, à la page 35, deux conclusions touchent directement les collèges québécois même si à première vue elles ne concernent que les professeurs d’histoire :
  1. Que les personnes qui enseignent l’histoire au collégial disposent minimalement d’une maîtrise dans cette discipline.
  2. Que les personnes qui enseignent les cours d’histoire du Québec et/ou du Canada au collégial disposent d’une maîtrise spécialisée en histoire du Québec et/ou du Canada

La maîtrise, exigence minimale
pour enseigner au Collégial?

Si une telle mesure venait à être acceptée, il faudrait qu’elle soit la même pour toutes les disciplines enseignées au collégial. Peut-on croire que c’est possible? Est-ce dire que certains d’entre nous qui ne possèdent pas ce diplômes sont incompétents à enseigner au collégial? Que l’obtention d’une maîtrise dans notre discipline est un meilleur gage de compétence disciplinaire? Mais est-ce normal qu’il faut 4 ans pour former un professeur au primaire et au secondaire et que trois seraient suffisants pour un professeur du collégial? Et pour enseigner à l’université il faut un doctorat et même un post-doctorat?

Et que dire de la pédagogie? Le rapport n’en fait pas mention, mais on sait très bien que c’est ce qu’on a reproché à l’université : de la pédagogie absente. Devrait-on l’obliger au collégial?

La seconde proposition découle de la première mais porte aussi au questionnement. Si pour enseigner l’histoire du Québec au collégial il faut une maîtrise portant sur l’histoire du Québec? Faut-il un sujet de maîtrise en histoire contemporaine pour enseigner le cours d’histoire du temps présent? Avec un sujet de maîtrise portant sur la Nouvelle-France, sommes-nous habiletés à enseigner un cours qui porte sur le Québec des XIXet XXe siècles? Avec un doctorat clinique en psychologie, un professeur est-il  compétent pour enseigner la psychologie sociale? Un professeur qui détient une maîtrise en géographie physique peut-il enseigner en géographie humaine? Notre rôle en est un de généralistes dans notre discipline, sommes-nous vraiment compétents pour enseigner des cours qui sont de plus en plus spécifiques?
Si jamais des suites sont faites au rapport Bédard-D’arcy, comment devrons-nous agir? Quelle sera notre position?

Jean-Louis Vallée, Histoire, CÉC de Montmagny