Échappé belle, c’est tout ce qui
me vient à l’esprit suite à la décision des étudiantes et étudiants du Cégep de
Sherbrooke de cesser la grève. Nous réussirons à terminer la session avant la
fin juin et les « dommages collatéraux » seront limités. Nous aurons
tous à mettre de l’eau dans notre vin, mais nous y arriverons ensemble,
solidairement. Les étudiants devront travailler très fort devant le sprint qui
s’annonce, les cours seront condensés. Espérons que leur réussite n’en sera pas
trop affectée. Il semble, de prime abord,
que les abandons ne soient pas très nombreux en Sciences humaines. L’ambiance
est morose chez ceux qui ont milité et soutenu activement le mouvement de
grève. Le commentaire qui revient le
plus souvent : « Tout cela pour ça, pour si peu... » Ils sont fatigués, désillusionnés. Cependant,
la vie académique reprend son cours calmement, avec énormément de maturité de
la part des jeunes. Malgré mon biais
favorable envers le mouvement étudiant, je suis soulagée... Le prix payé par
les grévistes pour soutenir de leur idéal est en voie de devenir trop élevé.
Je demeure sincèrement inquiète
pour mes collègues dans les cégeps toujours en grève et surtout pour les
étudiantes et étudiants. Ouf... Que va-t-il leur arriver? Comment vont-ils s’en
sortir? La ligne dure maintenue tout au long de ce conflit est en voie de
tourner à la catastrophe. Les événements à Victoriaville, les perturbations du
métro de Montréal, la grève qui s’éternise... c’est franchement inquiétant. Je ne
décolère pas en ce qui a trait à la manière dont ce conflit a été géré par le
gouvernement. Que l’on soit pour ou contre la hausse des frais de scolarité, il
y a peu de gens pour dire que ce conflit a été bien conduit. Pourquoi n’a-t-on
pas entrepris des négociations (des vraies) plus tôt, en mars par exemple? Il existe une marge significative de
négociation et de compromis possibles entre 0% et 82% d’augmentation des frais
de scolarité. Les étudiants plus modérés se seraient fort probablement ralliés
à une offre sensée... Est-ce vraiment
des questions électoralistes qui ont poussé le gouvernement à laisser trainer
la situation à ce point? Je ne sais pas comment ce conflit sera analysé, une
fois terminé et avec du recul. Moi je retiendrai que, en matière de conflit
social, l’approche de la ligne dure, même si elle satisfait une partie de la
population, est risquée, couteuse, inefficace.
Bonne chance à mes collègues toujours en grève,
Solidairement vôtre
Claire Denis
Cégep de Sherbrooke
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