En
février, la Direction collégiale du ministère de l’Éducation et de
l’Enseignement supérieur envoyait à nos directions des études une demande afin
qu’elles délèguent une personne à la prochaine rencontre du Comité
d’enseignantes et d’enseignants du programme Sciences humaines. On y apprenait
qu’une rencontre aurait bientôt lieu pour nous informer des grandes étapes de
la refonte du programme. À la suite de cet envoi, nous leur avons rappelé que
des représentants au Comité-conseil du programme étaient habituellement élus
lors de ces rencontres (au Ministère, on semblait l’avoir oublié…) et que faire
cette élection par VIA posait plusieurs problèmes. L’avis de convocation a
ensuite été envoyé le 27 avril et la rencontre se fera le 20 mai prochain.
Malgré nos représentations, le problème reste qu’on prévoit toujours tenir
cette réunion par VIA, une sorte de Skype un peu plus élaboré.
D’abord,
il faut savoir que le comité des enseignants est l’organe de participation des
enseignant.e.s[1],
avec le Ministère. En fait, cet organe ne doit plus être estimé très important
puisque, depuis 2013, on n’a pas daigné convoquer de réunion. Normalement, nous
y élisons la personne responsable du Comité d’enseignants et les personnes qui
siègeront au Comité-conseil (composé de 4 directions des études, 4
représentants des universités, 4 enseignant.e.s, des représentants du Ministère
et de la Direction de l’enseignement collégial). C’était aussi l’occasion pour
nous de recevoir les dernières nouvelles concernant le programme, les
statistiques et autres informations nous donnant une idée de l’état du
programme d’une manière globale. Nous y votions aussi le mandat annuel de notre
représentante, décidé (sic) par le Comité-conseil.
Le 27
avril, le Ministère nous a confirmé la procédure retenue pour l’élection des
enseignant.e.s au Comité-conseil. La rencontre se fera à distance et servira
principalement à élire les représentantes et représentants au comité-conseil :
4 personnes représentant les différentes disciplines, les cégeps anglophones,
les collèges privés, la région de Montréal, un petit cégep, un gros cégep, un
cégep en région (lire hors Montréal). Vous avez bien compté, une personne doit
représenter plusieurs catégories, mais toutes devraient idéalement être
représentées. Une période de mise en candidature s’étalera jusqu’au 12 mai à
midi. Le 20 mai, une personne par cégep se branchera à l’heure convenue afin de
voter. On en profitera pour donner des informations sommaires sur le processus
de révision du programme. Les personnes élues se réuniront ensuite à l’automne
afin de recevoir l’avis des universités sur le profil de sortie du programme.
C’est à partir de cela que le nouveau programme sera élaboré. N’oublions pas
que ce processus, dans le cas du programme Arts et lettres et communication,
avait dégagé un profil ressemblant à celui de Sciences humaines et que le
ministère avait été obligé de le retravailler. N’oublions pas non plus que les
universités n’acceptent pas les étudiant.e.s sur la base de l’obtention d’un
DEC en Sciences humaines, mais bien à partir de n’importe quel DEC.
Sur
quelle base allons-nous voter ? Comment allons-nous pouvoir nous faire une
tête sur les candidates et candidats, sur leurs idées et leurs connaissances du
programme ? Allons-nous pouvoir leur donner un mandat ? Rien ne nous
l’indique. La raison de ce fonctionnement est justifiée par les compressions
budgétaires. Il semble que l’austérité expliquerait l’aval donné à ce processus
lors d’une réunion de la Commission des affaires pédagogiques (CAP), le Ministère
et les cégeps n’ayant plus les moyens de réunir les professeurs. De plus, les
fonctionnaires n’auraient aucune information à donner. Il semble qu’il n’y
aurait pas suffisamment de données ou de statistiques pertinentes sur le
programme depuis 2013. Et pourtant…
En
fait, de notre point de vue, il n’y a que des inconvénients à cette réunion virtuelle.
Comment allons-nous arriver à discuter par Via (il y aura possiblement une
soixantaine de participants) ? Comment pourrons-nous nous faire une idée
sur chacun des candidat.e.s ? Recevrons-nous rapidement le formulaire de
présentation de chacun des candidats ? Où se trouve l’approche empreinte
de collégialité qui caractérise les cégeps ?
Les
seuls avantages à cette manière de fonctionner sont l’économie d’argent et du
temps de transport. En fait, le processus démocratique est clairement bafoué.
Encore une fois, le programme Sciences humaines est traité comme les autres,
comme si sa taille, le nombre de disciplines et d’acteurs concernés ne
méritaient pas d’attention particulière… Comment réagir devant cette situation
désolante ? On a bien pensé au boycottage, mais quel en serait le résultat ?
En l’occurrence, c’est le Comité des enseignant.e.s qui a demandé, et ce à
plusieurs reprises, une refonte du programme.
L’une
des choses que nous pouvons faire est de nous plaindre auprès de nos directions
des études et de leur expliquer que le fonctionnement qui nous est imposé n’a
pas de bon sens. Il faut que nous leur fassions comprendre que, dans de telles
conditions, les discussions seront entravées et qu’il sera difficile de nous
forger une opinion éclairée. Aussi, la complexité de la situation et les
particularités du programme rendent impraticables une élection par Via. Cette
procédure constitue également une forme de détournement de l’esprit de la
politique connue sous le nom de Mécanismes de consultation et de partenariat
du Ministère… En outre, pourquoi avons-nous souvent l’impression que,
lorsqu’il s’agit du programme Sciences humaines, on ne semble pas l’aborder
avec le sérieux que devrait lui conférer la complexité de sa structure et son
poids relatif dans le réseau collégial ?
Nous
sommes un peu pantois, mais il nous semble urgent d’agir et de nous concerter…
Louis
Vallée, histoire, Cégep Montmagny, trésorier du RSHCQ
Claire Denis, sociologie, Cégep de Sherbrooke, présidente du RSHCQ
Ex-délégués au Comité-conseil du programme d’études préuniversitaires Sciences humaines
Claire Denis, sociologie, Cégep de Sherbrooke, présidente du RSHCQ
Ex-délégués au Comité-conseil du programme d’études préuniversitaires Sciences humaines
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