Comme vous le savez sans doute, en 2016, la
Direction de l’enseignement collégial public et privé (DECPP), au ministère de
l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, a lancé la révision du
programme de Sciences humaines.
Première étape de ces travaux : établir les attentes
des universités à l’égard des diplômés de notre programme. La DECPP a confié ce
mandat à un consultant externe, qui a produit un questionnaire, auquel 71 professeurs
d’université ont répondu, au printemps 2016. Un rapport intitulé Le profil attendu par les universités dela part des diplômés du programme d’études préuniversitaires Sciences humaines
a donc été déposé auprès des membres du Comité-conseil en Sciences humaines, le
21 octobre. Rappelons que ce comité, formé d’une douzaine de personnes
(représentants des directions des études, du ministère et quatre enseignants[i])
a pour rôle de fournir des avis au Ministère, par exemple dans le cadre d’une
évaluation de programme. Après de légères révisions, ce rapport fit de nouveau
l’objet de discussions à l’occasion de la rencontre du Comité des enseignants
et enseignantes en Sciences humaines, le 4 novembre. Environ 50 professeurs
étaient présents, à titre de responsables du programme de Sciences humaines
dans leur collège. Précisons que le comité ne compte que des enseignants en
Sciences humaines (habituellement un par cégep) et qu’il sera consulté par le
Comité-conseil dans le cadre des travaux de révision[ii].
Le Comité des enseignants représentera donc le seul « espace de
consultation » entre les professeurs de Sciences humaines et le DECPP.
En effet, en réponse aux questions adressées
par les professeurs, les représentants du Ministère ont confirmé que seuls des
professeurs d’université peuvent participer à l’enquête portant sur le profil
attendu chez nos étudiants. Ces derniers sont également exclus de cette
collecte d’informations. Ni les professeurs ni les étudiants, voire des
diplômés, ne sont appelés à donner leur avis et commentaires sur le programme
de Sciences humaines. Pour le DECPP, la consultation des professeurs par la
voie du Comité des enseignants semble suffisante (et il en aurait été ainsi
pour tous les programmes qui ont fait l’objet d’une révision).
Le Comité des enseignants a également soulevé
des questions autour des attentes des universités notamment quant à leur
souhait d’avoir « une formation plus générale que spécifique qui initie
plus qu’elle ne spécialise[iii] ».
Que signifie une formation trop spécialisée ? plus générale ? Les professeurs
d’université jugent-ils que certains diplômés de Sciences humaines ont un
niveau de connaissances trop élevé lors de leur première session
d’université ? Il faut se rappeler que les programmes universitaires en
sciences humaines et sociales exigent rarement des préalables de niveau
collégial avant d’admettre un étudiant (à l’exception de programmes de
psychologie ou d’administration). Bien souvent, sans égard à leur programme
respectif, les diplômés du collégial sont jugés admissibles… et ceux et celles
issus des Sciences humaines semblent se démarquer quant à leur niveau de
préparation. Voilà un élément positif…
En conséquence, les universités ont exprimé
beaucoup d’attentes portant davantage sur les habiletés, compétences et
capacités d’intégration des savoirs, que sur les connaissances en soi. Le
rapport qui a été déposé conduit donc à la conclusion suivante :
« Les étudiantes et les étudiants devraient "Apprendre à apprendre".
[…] Il s’agit d’acquérir les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être
permettant d’explorer et de comprendre les différentes facettes de l’homme et
des sociétés humaines et, surtout, d’être en mesure de les utiliser
concrètement[iv] ». Malgré tout,
plusieurs professeurs ont exprimé que le programme actuel répondait déjà à
plusieurs attentes des universités.
La seconde
étape du processus de révision consiste donc à former un groupe de travail
composé de professeurs afin de comparer le programme actuel de Sciences
humaines et les attentes des universités. Un appel de candidatures a d’ailleurs été lancé à la mi-novembre dans les collèges. Ces travaux seraient complétés au
printemps 2017 et ils détermineraient si la révision des Sciences humaines sera
mineure ou majeure. Mais dans tous les cas, révision il y aura ! La
réécriture de plusieurs énoncés de compétence sera à l’ordre du jour.
Il s’agira en quelque sorte de la troisième étape menant à un nouveau
programme de Sciences humaines : « Réécrire le programme d’études
préuniversitaires en tenant compte des recommandations émises à l’étape
précédente ainsi que du profil attendu. » Il est raisonnable de croire que
ces travaux se dérouleront en 2017-2018[v].
En attendant 2019 ou 2020 pour un nouveau
programme de Sciences humaines, le RSHCQ souhaite mobiliser l’ensemble des
professeurs, engager entre nous des échanges et discussions qui sauront nourrir
nos idées et réflexions sur l’avenir des sciences humaines au collégial…
RSHCQ
[i] Les
professeurs membres du Comité-conseil, élus au printemps 2016, sont les
suivants : Catherine Allen (anthropologie, Collège Ahuntsic), Claire Denis
(sociologie, Cégep de Sherbrooke), Mark Prentice (anthropologie, Collège
Vanier) et J.-Louis Vallée (histoire, Centre d'études collégiales de
Montmagny); les substituts sont Manon Lelièvre (géographie, Cégep de
Saint-Laurent) et Geneviève Perreault (sociologie, Cégep Marie-Victorin).
[ii] Pour
plus de détails sur les procédures et les rôles des comités, consultez ce qui
suit : un schéma, un document de référence… et une critique
à leur endroit, à l’origine même de la création du RSHCQ.
[iii] Direction de l’enseignement collégial public
et privé. Démarche globale. Travaux
d’orientation. Programmes d’études préuniversitaires Sciences humaines,
octobre 2016; document remis aux professeurs membres du Comité des
enseignants en Sciences humaines, le 4 novembre 2016.
[iv] Direction de l’enseignement collégial public
et privé. Profil des diplômés du
programme Sciences humaines, octobre 2016; document remis aux
professeurs membres du Comité des enseignants en Sciences humaines, le 4
novembre 2016.
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