Parmi les mesures les plus utilisées, celle de donner plus de temps aux étudiants pour faire leurs examens en salle semble très utilisée. |
Depuis deux ans, et même plus
sûrement[1],
on nous interpelle sur l’arrivée prochaine de nouvelles cohortes avec plus de
difficultés d’apprentissage. On nous informe qu’à cause des différentes mesures
prises au secondaire, une clientèle émergente est à nos portes, qu’elle viendra
bientôt changer nos habitudes. Ces nouveaux étudiants (terme tellement plus
beau et plus adapté à ceux pour qui nous sommes des professeurs) ont différents
problèmes pour lesquels nous ne sommes pas formés et avec lesquels il
« faudra faire ». Ils ont des troubles de l’apprentissage, de la
dyslexie, de la dysorthographie, des troubles de l’attention avec ou sans
hyperactivité, ils ont des problèmes psychologiques comme la schizophrénie, des
troubles de la personnalité… et j’en passe, car je ne suis pas psychologue.
Dans les grands cégeps, la
première vague est arrivée il y a plusieurs années, des mesures ont été
essayées puis apportées. À travers la masse, ces étudiants avec plus de
difficultés ont fini par se perdre et accéder à des mesures discrètes qui leur
permettent de mieux performer, voir même de réussir. Si
les clientèles émergentes sont problématiques dans les grands cégeps, imaginez
dans les centres d’études comme le mien où il n’y a pas encore de budget et peu
de ressources pour s’occuper de mes étudiants.
Mes premiers contacts avec des
représentants de ces « nouveaux étudiants » (preuve qu’ils ne sont
pas si nouveaux que ça) datent d’il y a dix-huit ans. Ensuite, pas de
nouvelles, pas de cas spéciaux. Il y a quatre ou cinq ans, des cas non
diagnostiqués d’hyperactivité, de troubles de l’attention et de troubles graves
psychologiques semblent se manifester. On fait avec ces étudiants particuliers,
on s’organise, car il n’y a pas de diagnostic, donc pas de mesure.
Mais cette année, dans mes 30
nouveaux étudiants (je vous l’écrivais, on est tout petit), il y a un cas
diagnostiqué. Le professionnel multifonctions qui nous soutien dans les mesures
à prendre, nous indique celles qui seront appliquées : 20 minutes
supplémentaires par heure d’examen (on va dire 45 minutes pour l’examen de deux
heures), dans un local sans distraction (donc seule), à l’ordinateur (ça tombe
bien l’examen se fait sur ordinateur). Il faut trouver un local : le
secrétariat a un petit bureau fermé qui peut l’accueillir. Je ne l’ai pas
encore écrit, mais dans nos petits milieux (comme dans les plus grands), on a
des employés de soutien et des professionnels non enseignants qui justement
nous soutiennent et qui sont accommodants. Tout se passe bien, Dieu merci!
Au milieu de la session, avant le
deuxième examen, une étudiante vient m’expliquer qu’elle est peut-être
dyslexique. À cause des coupures faites par le MELS et les commissions
scolaires il y a quelques années, il lui faudra manquer une journée de cours et
payer 1000 $ pour se faire évaluer. J’aurai le résultat avant l’examen. Le
verdict tombe, il lui faut des mesures d’aide. Elle doit faire son examen dans
une salle où elle sera seule, a besoin de plus de temps (20 minutes
supplémentaires par heure) et à se faire indiquer ses fautes. Je me retrouve en
même temps avec trois « classes » d’examen et dois indiquer les
fautes de deux étudiantes avant la fin de l’examen. À l’AIDE! Je reçois la
réponse qu’avec nos huit ou neuf nouveaux (premiers) cas, le MELS ne nous
alloue pas encore de budget, que le Centre d’études trouvera par lui-même les
sommes nécessaires aux mesures d’aide pour cette année. Les mesures d’aide,
c’est payé par le MELS comme les taxes de déneigement : sur la facture de
l’année précédente. Et mon examen de fin de session dure 4 heures (qui sont
suivies par un autre examen, une heure plus tard, de 3 heures). Je devrai
demander de l’aide à mes collègues. Mais je suis chanceux, j’ai encore la
collaboration de mes amies du secrétariat et le soutien indéfectible de notre
professionnel multifonctions. Je suis chanceux! Quand je pense à mes collègues
de français et de philosophie qui ont tous les étudiants devant avoir des
mesures d’aide (et tous n’ont pas les mêmes besoins), il faudra avoir beaucoup
de patience pour que ces étudiants puissent avoir l’aide de la société pour les
mesures auxquelles ils ont droit.
J.-Louis Vallée
Professeur d’histoire
Centre d’études collégiales de
Montmagny
[1]
Daphnée DION-VIENS, « Les cégépiens en difficulté augmentent », Le Soleil, 10 novembre 2008, http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/education/200811/09/01-37923-les-cegepiens-en-difficulte-augmentent.php)
[2] CSQ, « Les services adaptés dans le
réseau collégial – un financement adéquat est nécessaire », 15 décembre 2011 dans Newswire, [En ligne], www.newswire.ca/fr/story/895935/services-adaptes-dans-le-reseau-collegial-un-financement-adequat-est-necessaire
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