L’enquête auprès des professeurs et
coordonnateurs du réseau (menée par un comité du RSHCQ formé lors de l’assemblée
générale de juin dernier) va bon train. Les résultats seront dévoilés
graduellement, au fur et à mesure de l’analyse des résultats. Dans ce premier
billet, la dernière section du questionnaire, celle portant sur les souhaits
concernant la réforme sera présentée sommairement. Dans un deuxième billet, nous
présenterons les résultats concernant les cours de méthodologie et l’épreuve
synthèse. Un troisième billet fera état des résultats concernant les buts et
les compétences du programme.
D’entrée de jeu, il faut dire que
49 collèges ou centre collégiaux ont répondu au questionnaire. Au total, nous
avons reçu 54 réponses (certains collèges ayant fait parvenir plus d’une
réponse). En outre, 17 réponses ont été le fruit de discussions réalisées en
groupe dans ces collèges. Cette tentative de dégager des consensus locaux augmente
significativement la pertinence de ces réponses. Nous avons obtenu des réponses
des collèges des régions et des grands centres, de tailles variées, de cégeps
anglophones et de cégeps privés. Nous espérions au moins une réponse par
collège et notre stratégie a fonctionné. Ceci dit, l’intention derrière cette
enquête est d’abord de soutenir la réflexion et les débats en clarifiant ce qui
fait consensus et ce qui est objet de litige... Ces résultats devraient
contribuer à étayer la discussion nationale, mais surtout, à soutenir les
discussions locales, là où les problèmes d’opérationnalisation du programme
génèrent le plus de tensions et d’enjeux à négocier.
Le comité ministériel chargé de
réfléchir à la réforme et de mettre en relation le profil attendu des
universités (voir le rapport Belleau) proposera son analyse d’ici la fin de la session.
Il est urgent d’obtenir une vision plus claire des attentes exprimées par les
professeurs et coordonnateurs.
Une refonte mineure, mais pas cosmétique !
Étant donné le travail effectué
présentement par nos collègues du groupe de travail ministériel, la réponse à
la question 47 de l’enquête : « Quelle ampleur devrait prendre
la refonte en cours? » constitue un indicateur significatif du niveau de
changement attendu. Une forte majorité des participants (81 % ou 34
répondants) ont répondu qu’ils préfèreraient une refonte mineure et une
douzaine de répondants ne se sont pas prononcés. Même si la signification de « refonte
majeure ou mineure » n’était pas précisée, l’opinion exprimée laisse
entrevoir une satisfaction significative envers des éléments importants du
programme actuel. Cependant, plusieurs aspects du programme sont aussi à
bonifier et des changements significatifs sont attendus.
La perception des points forts du
programme offre un bon aperçu des attentes envers la réforme. En gros, on
apprécie clairement sa transdisciplinarité (ou multidisciplinarité). L’approche
programme est maintenant considérée comme une force. La diversité disciplinaire
du programme est également appréciée. L’aspect scientifique ressort très clairement
comme un atout majeur. On apprécie également la progression méthodologique. La
séquence initiation-approfondissement-application-enrichissement est aussi
jugée assez pertinente; on signale cependant qu’elle pourrait être organisée
différemment, en fonction de la taxonomie de Bloom, par exemple. Les buts
généraux et le tronc commun disciplinaire sont aussi jugés positivement. On
apprécie grandement la flexibilité et la diversité du programme :
flexibilité dans les disciplines représentées, diversité de l’offre de cours,
liberté de contenu pour les enseignants, sorties sur le terrain et partenariats
avec le milieu quand cela s’y prête.
Réécriture des compétences du programme et renforcement
de sa cohérence
Pour ce qui est des éléments à
bonifier, les idées sont nombreuses. Parmi les plus fréquemment mentionnées, la
méthodologie et la rigueur occupent une place de choix : amélioration des
contenus, ajout d’heures de cours, insistance sur la rigueur intellectuelle et
l’esprit critique. On signale fréquemment la nécessité d’accroître la cohérence
du programme en améliorant la cohérence entre les buts, les compétences, les
énoncés et les critères. On mentionne aussi la cohérence entre les cours du
programme. On souhaite manifestement une réécriture des compétences et des
éléments de compétences en portant une attention particulière au niveau
taxonomique et à la clarté. D’autres idées émergent de ce questionnement :
reformuler, clarifier et rehausser le niveau des compétences; mettre en valeur
les cours « 300 »; mieux contribuer à la culture générale; favoriser un
bon arrimage des compétences avec le secondaire et les universités, tout en
maintenant l’autonomie et la spécificité de l’enseignement collégial.
Certains mentionnent que l’offre de
cours pourrait être revue, les profils également. Les thématiques
« citoyenneté et mondialisation » pourraient être exploitées
davantage, d’autres mentionnent que ce but général est peut-être désuet… On suggère
aussi de réduire l’importance des disciplines et d’augmenter l’importance des
enjeux à traiter. Une formation des étudiant.e.s présentant des parcours
assouplis, qui les prépareraient bien aux études universitaires, demeure une
fonction majeure du programme.
Valorisation du programme, hausse de sa qualité, maîtrise
de langue
La valorisation du programme
auprès du public, des collègues des cégeps et auprès des universités est
souvent mentionnée comme bonification souhaitée. Une hausse de la qualité est
aussi souhaitée. Un élément soulevé occasionnellement par les répondants, mais
qui est une condition nécessaire au désir de renforcer les aspects rigueur,
sens critique et culture générale du programme est celui de la maîtrise de
la langue (lecture, écriture, numéracie). Les étudiant.e.s du programme Sciences
humaines écrivent beaucoup. Ils développent une approche scientifique des
problèmes et cela se reflète dans la production de travaux longs, typiques de
la plupart des programmes universitaires liés aux sciences humaines. Cet aspect
de la bonification du programme s’invitera inévitablement parmi les éléments de
réflexion de la présente refonte.
Autres aspects soulevés
En vrac : éviter le déchirement
entre disciplines; favoriser plus d’équité; développer l’approche
« orientante »; revoir la pondération théorie/ travail à la maison;
se soucier des étudiant.e.s avec des besoins particuliers ou des parcours
atypiques; éviter le virage « service aux entreprises »…
En somme, l’enquête indique que les professeurs souhaitent une mise à jour
et un remaniement du programme, bien qu’ils en soient assez satisfaits. Les
aspects à bonifier les plus fréquemment mentionnés : une clarification des
libellés de compétence, une valorisation du programme, un rehaussement de sa
qualité, le maintien et la bonification de ses principaux atouts :
science, méthodologie, rigueur, esprit critique, maîtrise la langue…
Les professeurs de sciences
humaines ont une longue expérience de la pratique de l’enseignement et de leurs
disciplines. Ils vivent au quotidien les joies et les problèmes de
l’enseignement et de la mise en application du programme. Au-delà des
résultats, notre enquête démontre que, lorsque le temps et l’espace leur sont
donnés, les professeurs ont une analyse pertinente de leur programme et ils sont
en mesure d’apporter une contribution fondamentale à la réforme en cours. Nous
espérons que tout l’espace et le temps nécessaires leur seront accordés pour
contribuer à la réflexion patiente qu’exige une telle réforme.
Membres du Comité « Enquête » pour le RSHCQ
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire