lundi 20 janvier 2014

Bilan de la journée d'études du 16 janvier du RSHCQ


Le 16 janvier dernier, au Collège Ahuntsic, à Montréal, le RSHCQ a tenu une journée d’étude portant sur la place des sciences humaines en formation générale dans les collèges du Québec.


En matinée, nos deux conférenciers, messieurs Gilles Laporte et Maurice Angers ont mis la table en exposant leur point de vue sur l’arrivée de l’histoire ou/et des sciences humaines à la formation générale commune des collèges. Une longue période d’échange a eu lieu parmi plus d’une cinquantaine de membres du Réseau qui s’étaient déplacés pour l’occasion.


En après-midi, cinq ateliers ont été formés. L’ensemble des membres ont y participé dans une formule «café philosophique».



À la suite de ces ateliers, une dernière plénière a eu lieu et les résolutions suivantes ont été adoptées :


1) À l’unanimité, les professeurs ont déclaré que les sciences humaines devaient être intégrées à la formation générale commune.

2) À l’unanimité, considérant le caractère particulier de l’enseignement supérieur, ils ont déclaré que l’énoncé de la compétence et le titre du cours devaient refléter clairement le caractère multidisciplinaire ou disciplinaire du cours.

3) À très forte majorité, ils se sont entendus sur le fait que le cours ajouté à la formation générale devait permettre un choix entre différents cours disciplinaires en sciences humaines portant sur l’objet Québec.

4) À majorité, ils demandent que la formation générale complémentaire actuelle soit conservée intacte dans la formation collégiale.


L’exécutif du RSHCQ tient à remercier les nombreux professeurs qui se sont déplacés pour participer à la journée d’études.

Bien à vous,

Michel Huot, Secrétaire du RSHCQ


mercredi 8 janvier 2014

Cours en études québécoises ou cours d’histoire du Québec en formation générale ? Options et enjeux à soupeser...


Cours en études québécoises ou cours d’histoire du Québec en formation générale ? Options et enjeux à soupeser...

L’arrivée d’un cours portant sur le Québec contemporain, qu’il adopte un caractère strictement historique ou une perspective faisant appel à d’autres champs disciplinaires,  engendrera des avantages et des écueils, quelle que soit l’option qui sera retenue.  Le choix qui résultera des consultations qui s’amorcent aura nécessairement des impacts sur les programmes et sur la composition du personnel.  Pour ceux qui connaissent bien la configuration et le fonctionnement des cégeps,  les enjeux autour de ce changement se discernent aisément. Ce billet vise à présenter les plus importants et à proposer des pistes de réflexion adaptées à la réalité des sciences humaines.  Mais d’abord, il est utile d’examiner brièvement la raison d’être de ce cours, les motifs invoqués pour justifier  ce changement au curriculum des cégeps.

 Selon certains analystes, c’est tout simplement la présence d’un gouvernement souverainiste qui expliquerait ce soudain intérêt pour un cours d’histoire nationale. Pour d’autres, dont je fais  partie, les lacunes sur le plan des connaissances et de la compréhension du Québec actuel sont manifestes. En ce qui me concerne, je mesure session après session, par un exercice concret, l’ampleur de ce déficit que j’oserais qualifier de culturel et identitaire.  Or, bien que l’histoire en constitue un aspect important, on ne peut réduire cette lacune à une mauvaise connaissance de l’histoire du Québec. Le Ministère aurait d’ailleurs pu consacrer davantage de temps à mieux documenter et à justifier cette modification significative au Règlement sur le régime des études collégiales (RREC).  En admettant d’emblée le bien-fondé de ce constat et la pertinence d’y remédier, la question qui en découle n’est plus uniquement de savoir si un cours d’histoire constitue le remède à ce déficit. C’est clairement une solution intéressante et pertinente. Toutefois, en toute objectivité, il faut également se demander si c’est la seule solution à ce malaise. À l’évidence, on peut admettre qu’un cours du type « études québécoises », « sciences sociales »  ou « humanités» constituerait tout autant une réponse adéquate au problème soulevé. On peut donc affirmer d’entrée jeu que les deux options sont viables, bien qu’aucune ne résoudra entièrement le problème. En l’occurrence, elles comportent toutes deux des enjeux et des écueils significatifs à soupeser. En voici quelques-uns.

 Dans le cas d’un cours avec une approche strictement consacrée à l’histoire du Québec contemporain, les professeurs d’histoire y gagneront nettement sur le plan du rayonnement de leur discipline et sur le plan des emplois que cela générera. Par contre, il y aura clairement des effets pervers à cette option.  D’abord, les cégeps qui offrent déjà un cours d’histoire du Québec en Sciences humaines ou en complémentaire les abandonneront. Ensuite, la disparition d’un cours complémentaire risque de générer des mises en disponibilité (MED) et il est clair que les cours transdisciplinaires serviront de tampon pour en résorber les effets. Les professeurs d’histoire risquent donc de se voir exclu, du moins pour un temps, du bassin des cours transdisciplinaires.  En outre, il est probable aussi que certains d’entre eux finissent par enseigner le même cours indéfiniment... Par ailleurs, diverses questions autour de la cohérence des programmes et de leur gestion se poseront. Ainsi, on peut penser  que l’ajout d’un cours d’histoire obligatoire en formation générale affectera, le cas échéant, le caractère obligatoire du cours de civilisation occidentale en Sciences humaines. Il est à prévoir que l’on plaide pour une éventuelle modification du statut de ce cours. Que dire aussi de l’impact d’une croissance importante et soudaine du nombre de professeurs d’histoire sur ses relations avec les autres disciplines ou départements du programme Sciences humaines? Des déséquilibres sont à prévoir avec les tensions qui les accompagneront inévitablement. D’un autre point de vue, comment se déroulera l’intégration de ce cours à la formation générale? Quel accueil lui réservera-t-on? Que dire aussi de la disponibilité de ressources compétentes qu’il faudra dénicher sur une très brève période? Une embauche massive dans le cadre des conventions collectives actuelles risque fort d’avoir quelques effets pervers... En définitive, les gains attendus pour la discipline histoire seront peut-être moins intéressants qu’on ne l’anticipe.

L’autre option, souhaitée par plusieurs professeurs en sciences humaines, prendrait la forme d’un cours offert par plusieurs disciplines (un peu comme la 22N en Sciences humaines) ou encore du type « humanités » comme dans les collèges anglophones. Ce modèle aurait notamment l’avantage d’atténuer les effets négatifs sur les disciplines et le personnel. Au regard de nos gestionnaires, c’est très probablement le choix le moins couteux à envisager.  Or il y a aussi des écueils à prévoir autour de cette option. Si ce cours est jugé important, il lui faudra atteindre l’objectif et le standard attendus. Est-ce que toutes les disciplines peuvent honnêtement le concevoir sans présenter un contenu trop spécialisé ou encore, tordre l’objectif initial (mal défini, on en convient) jusqu’à en perdre le sens et à la pertinence? Également, il ne faut pas oublier que nos étudiantes et étudiants ont des programmes très chargés, lourds et qu’ils sont déjà assez rébarbatifs à la formation générale, surtout dans les programmes techniques. Ce cours obligatoire doit apporter quelque chose de plus et de différent de ce qu’ils auront vu au secondaire. Si l’aspect historique est nécessaire à la compréhension du Québec contemporain, comme le libellé actuel de compétence le propose,  il faudra que les personnes sélectionnées pour l’enseigner aient les compétences requises. Localement, il sera absolument nécessaire de veiller à ce que les cours qui seront bâtis demeurent pertinents et rencontrent la cible (à mieux définir, il faut le répéter...). Que les personnes qui obtiennent le privilège de l’enseigner fassent la preuve qu’ils sont capables d’en respecter l’esprit.  Cela implique une gestion décentralisée bien encadrée, avec une équipe de direction et un comité de la formation générale bien au fait des intentions du cours. De ce point de vue, un cours offert par une seule discipline ou par un nombre restreint de disciplines risquerait peut-être moins de s’éloigner de ses visées.

 D’autres enjeux, également source de tensions significatives, sont à anticiper. En l’occurrence, la disparition d’un cours complémentaire aura des effets sur le personnel de plusieurs programmes et, dans certains collèges, sur des professeurs de la formation générale. En fait, tous ceux dont la tâche est constituée de cours complémentaires. Avec un seul cours complémentaire restant, on pourrait imaginer qu’il soit redonné aux programmes et que chacun d’entre eux en fasse ce qu’ils jugeront pertinent. Présentement, dans plusieurs cégeps, les cours complémentaires sont servis à toutes les sauces : centre d’aide, formation d’appoint, cours de préparation à l’international... Ils servent aussi à stabiliser du personnel.  En leur accordant cette latitude, cela redonnerait de l’oxygène aux programmes qui se plaignent de surcharge et atténuerait significativement les effets négatifs associés aux tâches.   En Sciences humaines, il pourrait être utilisé, selon les profils, pour resserrer la formation, tout en y conservant un cours au choix, à l’intérieur du programme, au besoin.  C’est un pensez-y-bien... 

 En terminant, si l’on estime que ce cours constitue une amélioration de la culture générale de nos étudiantes et étudiants, peu importe la décision qui sera prise, il semble que nous aurions avantage à soutenir son arrivée. Si l’on insiste uniquement sur les avantages ou les inconvénients reliés aux tâches, on perd un peu de vue la question de fond. Bon nombre de nos collègues ne sont pas convaincus de la pertinence de ce cours, alors la partie n’est pas gagnée. Il est encore possible que tout cela tombe. Lors de la journée d’étude du 16 janvier, ces options seront discutées, avec l’espoir de dégager quelques consensus et de mieux nous préparer aux consultations locales.  

 Bon débat!

 Claire Denis
Présidente du RSHCQ


Journée d’étude 16 janvier 2014 au Collège Ahuntsic


Réseau des sciences humaines des collèges du Québec (RSHCQ)


Journée d’étude 16 janvier 2014 au Collège Ahuntsic

Local : Café étudiant (entrée la plus près : 9055 St-Hubert, métro Crémazie, sortie nord).

Coût : 40$  non membres

            15$  membres

Thématique : La place des sciences humaines en formation générale dans les cégeps.

Objectif : Préparer la consultation sur l’objectif et le standard du nouveau cours Québec en nous donnant un discours et une stratégie commune pour y participer.


Déroulement de la journée


9 h              Accueil

9 h 30         Mot de bienvenue

9 h 40         Conférences d’ouverture  Gilles Laporte et Maurice Angers

10 h 20       Questions et discussions

10 h 50       Pause

11 h 10                Identification des enjeux en lien avec le processus de consultation autour de l’arrivée d’un cours sur le Québec en formation générale : enjeux politiques, enjeux stratégiques, enjeux de tâches, enjeux approche « humanités » ...

                           

11 h 45       Diner

13 h            Ateliers (genre Café du monde)

A.   La pertinence d’un cours sur le Québec en formation générale

B.   Le libellé de la compétence

C.   Les enjeux reliés aux tâches

D.   Les enjeux reliés à la formation générale complémentaire 

E.    Les enjeux stratégiques (coordination de l’action, si possible)

14 h 30       Pause

14 h 45       Mise en commun des discussions en ateliers

15 h 30       Actions pour la suite  

16 h            Fin de la journée      
    

lundi 9 décembre 2013

À mettre dans votre agenda : une journée d’étude du RSHCQ sera tenue au Collège Ahuntsic le 16 janvier 2014.


Messieurs, dames,




nous sommes heureux de vous annoncer la tenue d'une journée d'études qui se tiendra le 16 janvier prochain au Collège Ahuntsic.

Nous ferons le point sur la présence des sciences humaines à la formation générale.

Nous vous annoncerons très bientôt l'horaire de la journée, ainsi que la fiche d'inscription.

En attendant, que la correction ne soit pas trop douloureuse;-)

De grâce au Ministère, rendez public les travaux élaborés jusque-là en coulisse.

Depuis le début du processus qui conduira peut-être à la mise au monde d’un cours d’histoire ou de sciences humaines sur le Québec à la formation générale, j’ai l’impression que tout se fait en coulisse. On dirait que le spectacle n’est pas commencé! On ne nous dit rien! Il y a bien Le Devoir qui suivent l’affaire mais il y a peu à dire. Sur les sites internet reliés aux cégeps, silence radio. Il n’y a pas de développement.

Pour rassurer tout le monde, voilà ce que l’on sait :

• On sait que le Ministre veut un cours d’histoire du Québec à la formation générale.
• On sait qu’il veut que ça se fasse à coût zéro.
• On sait que ce cours remplacera un cours complémentaire.
• On sait qu’un groupe de travail a été formé pour élaborer un «objectif et standard» du cours.
• On sait que le groupe s’est rencontré à deux reprises.
• On sait qu’il est prévu que le groupe de travail se revoit en avril 2014.
• On sait que le Comité-conseil de la formation générale a reçu «l’œuvre» du groupe de travail.
• On sait que la FNEEQ a bien accueilli la démarche d’introduire un cours obligatoire d’histoire contemporaine du Québec dans la formation générale.
• On sait que la FNEEQ a demandé aux syndicats membres de faire une évaluation locale des incidences éventuelles sur la tache suite à l’implantation d’un tel cours.
• On sait à peu près quelle sera la suite des choses :
o consultations des cégeps
o consultation des Comités-conseil de sciences humaines, Histoire et civilisation, Sciences Lettres et Arts
• On sait qu’il y aura une annonce au début de 2014 dans la Gazette officielle du Règlement modifiant le Règlement sur le régime des études collégiales (RREC), notamment les articles 7 et/ou 9 du RREC.
• Suite à cette annonce, on sait qu’il y aura des avis provenant de plusieurs acteurs du milieu collégial qui seront déposés.
• On sait qu’on prévoit la mise en place du cours pour la rentrée collégiale de 2014-2015.

Mais est-ce suffisamment rassurant de savoir cela? NON. Certainement pas!
• On ne sait pas qui a été sélectionné pour faire partie du groupe de travail.
• On ne sait pas comment ils ont été sélectionnés.
• On ne sait pas encore le libellé de l’objectif et standard bien que les travaux soient complétés. Embargo?
• On ne sait même pas si ce sera un cours d’histoire ou un cours multi qui pourrait être donné par des professeurs de différentes disciplines. Lesquelles?
• On ne sait pas si la consultation des cégeps sera officielle ou officieuse. Y aura-il un questionnaire pour encadrer les discussions? Y aura-t-il seulement discussions? Dans quel forum? La commission des Études? Les départements des sciences humaines y seront-ils conviés? No sé.
• On ne connaît pas l’opinion des Directions des études. Hypothèse : elles opteront pour un cours multi, plus simple à gérer dans une perspective de flexibilité du travail. Réflexe de gestionnaires !
• On ne connait pas l’impact de l’implantation d’un tel cours sur l’emploi.

Les étapes de la démarche de la création du cours semblent donc bien tracées. Et les forums où on pourra se faire entendre seront suffisants. S’il vous plaît au Ministère, mettez fin immédiatement à l’embargo sur «l’objectif et standard» du cours qu’on puisse en discuter. Il est temps que les acteurs entrent en scène et que la pièce se joue.

L’étape de la consultation des cégeps sera un moment fort où les acteurs locaux auront l’occasion de se faire entendre. Surveillez bien ce moment. On sait très bien maintenant que le réseau collégial est décentralisé. Cela aura fort probablement pour effet d’amener beaucoup de diversité dans les formes de consultation. Les professeurs des disciplines des sciences humaines devront trouver un moyen de se présenter sur scène. Il ne faudra surtout pas se contenter du rôle de gérant d’estrade.

Surtout, nous espérons que vous utiliserez ce blogue pour faire valoir votre point de vue - que vous nous rapporterez comment la consultation s’est passée chez vous. D’ici là, de grâce au Ministère, rendez public les travaux élaborés jusque-là en coulisse.

Michel Huot, secrétaire, RSHCQ



mardi 19 novembre 2013

Processus de mise au monde du cours sur le Québec en formation générale des cégeps


Pour ceux d’entre vous qui sont préoccupés par le processus de conception et d’implantation du cours d’histoire du Québec, voici comment, grosso modo, le Ministère (MESRST) compte procéder pour concevoir le cours, réfléchir aux problèmes liés à son implantation, organiser les consultations autour de ce projet et respecter l’échéancier qu’il s’est fixé pour son apparition dans tous les programmes des cégeps.

Comme vous l’avez probablement appris, l’équipe chargée d’élaborer l’objectif et le standard du cours a été sélectionnée et elle doit, en deux rencontres, donner son avis sur le projet ministériel. Par la suite, les résultats des travaux du groupe de travail seront présentés à la prochaine réunion du Comité-conseil de la formation générale prévue à la fin de novembre. Ce dernier a également pour mandat de réfléchir aux défis que posera l’intégration de ce cours à la formation générale. Plusieurs obstacles sont prévisibles et les directions des collèges devront s’y préparer.

Une consultation est ensuite prévue : chacun des cégeps pourra faire connaitre au Ministère le point de vue qui se dégage dans son milieu sur l’objectif et standard. On peut penser que la manière dont ces consultations s’effectueront variera selon la culture locale.

Par ailleurs, une réunion commune des Comités-conseils des programmes Sciences humaines, Histoire et civilisation et Sciences Lettres et Arts, qui ont tous des cours d’histoire au programme, est également prévue avant les fêtes. Par la suite, vraisemblablement en janvier, ce sera le tour du Comité d’enseignantes et d’enseignants en sciences humaines de se réunir pour en discuter.

Le projet exige aussi un amendement au Règlement sur le régime des études collégiales (RREC), qui sera affiché dans la Gazette du Québec, probablement en février. Cette modification doit faire l’objet de consultations publiques. La population sera consultée à ce moment. L’avis du Conseil supérieur de l’éducation sera également sollicité. Il rendra son rapport au cours de l’hiver qui vient.

Tout ce processus devrait être finalisé pour juin 2014 et les cégeps pourront théoriquement amorcer les travaux de mise en place de ce cours dès septembre prochain. Cet échéancier parait certes ambitieux et on peut se demander s’il est réaliste. Cependant, les enjeux autour de ce cours sont suffisamment importants pour prendre le temps de participer à l’une ou l’autre de ces consultations. Que l’on s’interroge sur la pertinence de ce cours, sur les effets de son implantation sur les programmes ou sur les étudiantes et étudiants ou encore sur la quasi-disparition des cours complémentaires, il apparait judicieux de contribuer à en renforcer la pertinence pour que ce changement à la formation générale des cégeps soit réussi.


Claire Denis
Cégep de Sherbrooke

samedi 26 octobre 2013

Ajout d'un cours de sciences humaines à la formation générale ; turbulences en vue?

La discussion engendrée par la proposition d’ajout d’un cours d’histoire du Québec au collégial crée des remous significatifs. Au-delà des enjeux d’emplois, c’est toute la formation générale qui se voit bousculée par l’arrivée d’un cours associé aux sciences humaines. Les cours de français, de philosophie, d’anglais et d’éducation physique caractérisent les cégeps et en marquent l’originalité. Pourtant, ils sont régulièrement remis en question, tout comme les cégeps d’ailleurs. Les cours complémentaires ont jadis occupé une place significative dans les programmes collégiaux. Au début des années 1990, on les a réduits de moitié, essentiellement pour faire place aux cours d’anglais. Lors de ce remaniement majeur, le nombre d’heures de cours de philosophie et d’éducation physique a aussi été réduit.

La formation générale et complémentaire est souvent mal perçue par les étudiantes et étudiants du secteur technique. Les problèmes de réussite qu’ils y rencontrent les amènent à en questionner la pertinence et à douter de son utilité dans le cadre de leur future profession. Généralement, les professeurs des programmes techniques défendent la présence de la formation générale. Cependant, plusieurs d’entre eux partagent plus ou moins entièrement le point de vue étudiant. On souhaiterait qu’elle prenne moins de place, puisque la formation spécifique est habituellement très chargée et que cela contribue à alourdir grandement les programmes. On estime aussi qu’elle contribue à retarder la diplomation et à accroitre les risques d’échec et d’abandon. On souhaiterait qu’elle se colle davantage aux besoins spécifiques de formation : des cours de français adaptés, des cours d’anglais sur mesure... Les tensions occasionnées par le mariage entre la formation générale et spécifique existent depuis toujours. En ce qui a trait aux cours complémentaires, certains programmes ont d’ailleurs réussi à les utiliser pour satisfaire des besoins spécifiques de formation, ne laissant plus qu’un seul cours hors programme, au choix de l’étudiante ou de l’étudiant, voire aucun choix, dans quelques rares programmes. En outre, dans plusieurs cégeps, ces cours servent essentiellement à stabiliser du personnel, ce qui a pour effet de situer l’offre de cours complémentaire dans une logique de tâche qui l’éloigne de son objectif initial.

Des critiques à l’endroit de la formation générale proviennent aussi des sciences humaines. La grande place occupée par la formation générale (presque la moitié du programme Sciences humaines) est sujette à controverse. Elle s’explique notamment par l’importance de la philosophie dans les écoles classiques et par les choix effectués lors de la fondation des cégeps. Comme on l’a entendu récemment, lors de la création des cégeps, on a choisi d’exclure l’histoire de la formation générale, mais aussi toutes les sciences humaines. Plusieurs d’entre elles mériteraient pourtant d’y apparaître. C’est d’ailleurs l’option choisie dès le départ par les cégeps anglophones qui ont remplacé la philosophie par les « humanités ». Également, parmi les choses souvent dites à mots couverts, on critique le quatrième cours de français et parfois aussi le deuxième cours d’anglais. Que ces critiques soient justifiées ou non, bien des professeurs aimeraient revoir un peu la donne… Ce type de remarque n’est pas très agréable à entendre par nos collègues de la formation générale, étant donné les enjeux d’emploi que cela sous-tend inévitablement.

Il n’y a pas que les critiques envers la formation générale qui animent les discussions sur l’organisation des cégeps. Au fil du temps et des réformes, la diminution des cours complémentaires et la façon dont ils sont utilisés ont fait en sorte que cette formation a perdu de son sens. Cela en a fait une cible facile pour répondre à d’autres besoins de formation. Il n’est donc pas étonnant que, pour éviter de réinvestir dans les cégeps ou de faire des choix encore plus douloureux comme celui de toucher à d’autres cours de la formation générale, on vise un cours complémentaire pour lui aménager une place.

L’arrivée d’un nouveau cours vient ébranler encore le fragile équilibre entre la formation générale (et complémentaire) et la formation spécifique. Les enjeux d’emplois se situent au cœur du problème et ils génèrent inévitablement des tensions et des remises en question. Ce sont probablement les professeurs de philosophie et d’éducation physique qui se sentent les plus menacés par l’actuel projet. Comme ils ont historiquement déjà perdu une portion de la place originale qu’ils occupaient, ils savent que cette place peut être à nouveau précarisée. À l’époque, plusieurs cégeps avaient compensé les pertes encourues dans ces départements par un accès à ce qu’il restait de cours complémentaires, qui semblent présentement en voie de disparition...

En fait, à l’heure actuelle, tous ceux dont les emplois tiennent à la présence des cours complémentaires doivent être inquiets. Plusieurs postes seront créés alors que d’autres risquent de disparaitre ou réduits à du temps partiel. Bien que, en Sciences humaines, la venue de ce cours soit jugée positivement par la majorité du personnel enseignant, selon les choix qui seront faits, dans certains cas, le changement proposé touchera directement les disciplines qui offrent des cours complémentaires. Il engendrera inévitablement des remaniements dans certaines grilles de cours. Il existe un certain nombre de vases communicants entre disciplines et entre programmes. Les pertes seront inévitablement absorbées quelque part. Si du personnel permanent est touché, cela occasionnera des mouvements qui, en Sciences humaines, seront épongés en bonne partie par les cours de méthodologie. D’ailleurs, on peut penser que le cours complémentaire qui survivra (s’il survit…) servira aussi à stabiliser le personnel touché. Cet important changement ne s’effectuera pas à coût zéro...

Depuis longtemps, la position occupée par certaines disciplines dans les grilles de cours, l’accès aux cours transdisciplinaires ou encore au bassin de cours complémentaires suscitent de fortes discussions dans la plupart des cégeps. Cela est particulièrement vrai en Sciences humaines, parce que les disciplines sont nombreuses et les places limitées. Une forme d’arbitrage est parfois nécessaire pour réduire les tensions que cela occasionne. Le ministère détient une part de responsabilités à cet égard; espérons qu’il en a conscience et qu’il l’assumera.

Un cours ayant pour objet le Québec est jugé pertinent par bon nombre de professeurs et d’experts. Les discussions autour de ce remaniement doivent demeurer constructives. La meilleure façon d’y arriver est indéniablement de se placer du point de vue des étudiantes et étudiants. L’institution collégiale a le devoir d’offrir une formation de qualité, pertinente et cohérente! Il est un peu étonnant d’ailleurs que l’on s’apprête à rédiger un cours de niveau collégial sans savoir exactement ce qui s’enseignera au niveau secondaire... Dans tous les cégeps, veiller à la cohérence des Sciences humaines constitue une préoccupation importante. L’ajout de ce cours devient l’occasion d’en renforcer la présence et d’en revaloriser l’image. Souhaitons que cela serve d’abord à rehausser significativement la qualité de la formation de tous les cégépiens et cégépiennes!

Claire Denis, présidente du RSHCQ

jeudi 3 octobre 2013

Appel de candidatures pour la formation d'un groupe de travail sur le cours d'histoire du Québec contemporain


Voici les deux documents du MESRST concernant la formation d'un groupe de travail chargé d'élaborer un objectif et standard pour le futur cours d'histoire du Québec contemporain ;

  • la lettre du Ministère présentant la création du groupe de travail;
  • la fiche de description du groupe de travail.
Ceux qui sont intéressés, vous avez jusqu'à quatre heures aujourd'hui, le 4 octobre pour envoyer votre lettre d'intention.



    APPEL DE CANDITATURES

    La Direction de l’enseignement collégial est à la recherche d’enseignantes et d’enseignants intéressés à participer à un groupe de travail chargé de l’élaboration d’un objectif et standard de la formation générale sur l’histoire du Québec contemporain.

    Disciplines recherchées :       Histoire, politique, sociologie, géographie, économie, «humanities»`

    Toute autre candidature d’une personne faisant valoir une expérience pertinente sera considérée.


    Nombre de personnes :        Environ 7.


    Durée :                                  Deux rencontres d’une journée, en  octobre et novembre, les vendredis;

                                                   Le cas échéant, une rencontre d’une journée, en avril.


    Critères de sélection :          Avoir une expérience d’enseignement d’au moins 5 ans;

                                                   Avoir une bonne connaissance des programmes d’études collégiales;

                                                   Écrire un texte de présentation d’au plus une page faisant ressortir son

    intérêt et son expérience.


    Mandat du groupe de travail :  Élaborer un objectif et standard de formation dans le domaine des études sur le Québec contemporain;

                                                   Élaborer les buts de formation associés à l’objectif et standard;

    Le cas échéant, faire des recommandations visant l’harmonisation des objectifs et standards et des buts de formation des autres disciplines de la formation générale.

    Pour la réalisation de son mandat, le groupe de travail tiendra compte des orientations qui suivent.

                Dans une perspective multidisciplinaire, tenant compte des visées de la formation générale, les éléments de formation viseraient :

    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->Les origines et les caractéristiques de la société québécoise contemporaine;

    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->La culture et l’identité québécoise;

    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->Les institutions démocratiques, les droits et devoirs des citoyens, la participation à la vie publique;

    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->La vie économique, les régions;

    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->La communauté anglophone;

    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->Les nations autochtones et leur place dans le Québec contemporain;
    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->L’immigration te l’intégration à la société québécoise;
    <!--[if !supportLists]-->·         <!--[endif]-->La place du Québec dans le monde.
    Les personnes intéressées à poser leur candidature doivent le faire en adressant leur texte  de présentation (ne pas faire parvenir de curriculum vitae), de même que leurs coordonnées, d’ici le 4 octobre 2013, par courriel, à :
    Les choix des candidates et des candidats sera annoncé vers le 10 octobre 2013.