vendredi 30 novembre 2012

Horaire de la journée et ordre du jour de l'assemblée générale

RÉSEAU DES SCIENCES HUMAINES DES COLLÈGES DU QUÉBEC (RHSCQ)
Journée d’étude d’hiver – Région de Québec
Date : Vendredi 11 janvier 2012
Lieu : Cégep Garneau, 1660 boulevard de l’Entente, Québec
Salle A-2090 (Salle des Sciences humaines)
Horaire de la journée
9h00 Accueil des participants
9h30 Ouverture de la journée
v Mot de bienvenue
v Mot de la présidente (Claire Denis)
9h45 Conférence de M. Maurice Angers
L’histoire du programme de Sciences humaines dans les cégeps
10h30 Pause
10h45 Atelier 1 : Les difficultés rencontrées quotidiennement en classe
12h00 Dîner
12h30 Assemblée générale (voir l'avis de convocation et l'ordre du jour ci-bas )
14h00 Atelier 2 : Les difficultés associées à la gestion des départements et des programmes
15h00 Pause
15h15 Atelier 3 : Conditions de travail et rayonnement du programme : pistes d’action
16h00 Fin de la journée (suite en juin au Collège Édouard-Montpetit)
________________________________________________________________________
SCIENCES HUMAINES DES COLLÈGES DU QUÉBEC (RHSCQ)
Assemblée générale – 11 janvier 2013
Par la présente, vous êtes cordialement invités à participer à l'assemblée générale
du Réseau des Sciences Humaines des Collèges du Québec (RSHCQ)
qui se tiendra le vendredi 11 janvier 2013 au Cégep Garneau
local A-2090 (Salle des Sciences humaines).

Ordre du jour
1.Lecture et adoption de l’ordre du jour
2.Lecture et adoption du procès verbal du 24 mai 2011
3.Rapport des activités :
a.Rapport de la présidente
b.Rapport du responsable du blogue
4.Rapport financier
5.Mise en place des comités de soutien
6.Cotisation des membres
7.Projet de cours complémentaire par l’APHCQ
8.Orientations du Réseau pour l’année 2013-2014
9.Élections (à finaliser en juin)
10.Autres questions :
a.
b.
c.
11.Ajournement de l’assemblée (à juin 2013) (16h00)


Claire Denis, présidente du RSHCQ

vendredi 16 novembre 2012

Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?


Quel avenir pour le programme des sciences humaines ?

Les sciences humaines et l’avenir de leur enseignement inquiètent.  Partout dans le monde, on s’interroge. Par exemple, au Royaume-Uni, l'Académie des sciences sociales a lancé une campagne de financement pour faire une promotion de valorisation des sciences sociales (http://www.campaignforsocialscience.org.uk ). Aux États-Unis, à la demande du Sénat et de la Chambre des Représentants, l'Académie américaine des Arts et des Sciences a mis sur pied en 2010 la Commission sur les Humanités et les Sciences Sociales pour analyser l’avenir de ces disciplines. (http://www.humanitiescommission.org) En France, le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) a entrepris une démarche sur l’avenir des sciences humaines et sociales. (http://www.ciep.fr/ries/ries49.php ).

Je crois que partout où on s’interroge,  on constate que les sciences humaines forment un vaste champ de «connaissances molles» dont on ne sait pas trop quoi en faire. Je dirais ici que quatre visions s’affrontent :

1.      Les sciences humaines sont un patrimoine important de connaissances académiques ; il faut le transmettre afin de former des érudits…

2.     Les sciences humaines se positionnent comme la conscience critique qui pose son regard sur la société contemporaine ; il faut former des analystes au regard critique.

3.     Les sciences humaines constituent le cadre de la culture générale que chaque homme devrait posséder pour devenir un bon citoyen.

4.     Les sciences humaines forment une espèce d’ingénierie sociale au service de la collectivité. Cette instrumentalisation des sciences humaines amène la formation de techniciens dans divers métiers spécialisés.

Au Québec, on n’échappe pas à ces visions. Elles façonnent nos contenus de cours, déterminent notre pédagogie. Au niveau secondaire, avec le renouveau pédagogique, on a carrément tablé pour la vision de la culture générale et de la formation du bon citoyen. Il faut saluer cette décision.
Au niveau collégial, le programme des sciences humaines vise à :

rendre l'étudiant ou l'étudiante apte à poursuivre des études universitaires dans les grands domaines des sciences humaines, du droit, des sciences de l’éducation et des sciences de l’administration, par une formation scientifique basée sur l’acquisition et l’intégration de connaissances et de méthodes de diverses disciplines des sciences humaines.
Ainsi donc, le programme doit d’abord et avant tout transmettre le patrimoine important de connaissances académiques des sciences humaines. Il n’est pas là pour former des analystes à l’esprit critique ou encore des « ingénieurs sociaux ». Laissons les universités jongler avec ces visions.

Transmettre le patrimoine des sciences humaines est une tâche colossale. Cela implique qu’on bâtisse un programme qui embrasse très large. Il faut d’abord initier les étudiants aux théories, aux lois générées par les diverses disciplines : économie, géographie, histoire, politique, psychologie, sociologie, etc… Est-ce bien réaliste ? Il faut aussi initier les étudiants à l’esprit scientifique et aux méthodes que cela implique. Et finalement, il faut marier les deux, connaissances théoriques et méthodes scientifiques. Ce sont carrément les travaux d’Hercule, reconnaissons-le.

Le programme de sciences humaines tel que déployé dans nos collèges parvient-il à ses fins ? À la sortie du collège, nos étudiants peuvent-ils expliquer quelques théories ? Ont-ils développé leur esprit scientifique ? Avons-nous les outils pour mesurer ces phénomènes ? Ces questions se posent…

Avant de répondre à ces questions, il faut d’abord regarder les conditions objectives dans lesquelles le programme de sciences humaines est offert. Je dirais qu’en premier lieu, il faut s’intéresser à qui on offre le programme. Nos étudiants ! Combien sont réellement motivés ? Combien sont là de passage – en attendant de trouver leur voie ?

En fait, bien que la « fonction manifeste » des sciences humaines soit de transmettre un patrimoine important de connaissances académiques, j’ai parfois l’impression que le programme sert aussi de carrefour aux indécis, aux non décidés pas assez forts pour aller en sciences nature, aux «drop in», etc… J’ai parfois l’impression que le programme de sciences humaines a aussi une « fonction latente » importante dans le réseau collégial : accueillir des clientèles diverses atterries en sciences humaines «par défaut».

À la Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC), on a reconnu l’éclectisme de la clientèle du programme  et son impact sur sa qualité:

Les élèves qui s’inscrivent en Sciences humaines au collégial arrivent avec des résultats au secondaire très variables, ils n’ont pas développé les mêmes habitudes de travail scolaire, ni la même motivation à l’égard des études, plusieurs ont une bonne idée de leur orientation future et de nombreux autres sont incertains de cette orientation, quand ils ne choisissent pas le programme par défaut. Cette diversité dans la préparation et l’orientation des élèves se reflète sur le taux de diplomation et sur la qualité du programme.[1]

Étant donné la place particulière des sciences humaines dans notre système d’éducation et dans la société,  avons-nous les conditions pour attirer de bons étudiants et bien servir ceux que nous avons (notamment ceux qui choisissent ce programme par défaut…) ? Étudier en sciences humaines au cégep, est-ce encore une voie attrayante et pertinente? Être professeur en sciences humaines, est-ce mission impossible?   

Lors d’une journée d’études qui pourrait se tenir en janvier, nous aborderons ces questions. Pour de plus amples informations, prochainement sur le blogue, vous pourrez prendre connaissance du programme de la journée.



[1]     Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC). L’évaluation du programme de Sciences humaines au collégial,  [ En ligne ], 27 octobre 1997,   http://www.ceec.gouv.qc.ca/fr/gen/CommuniqueTexte/ComScHumaines.pdf, (page consulté le 15 novembre 2012)

vendredi 9 novembre 2012

LE QUÉBEC ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE


LE QUÉBEC ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

L’amélioration se manifeste par le changement.

Le Québec peut être fier d’avoir eu, pendant 9 ans, un gouvernement qui a fait preuve d’ouverture face au développement durable : il a fait adopter à l’unanimité la Loi sur le développement durable (2006), il a amélioré les lois et règlements sur la gestion des matières résiduelles ainsi que les normes d’émissions de gaz à effet de serre pour les véhicules automobiles, etc. Bref, sur papier, nous avions une bonne équipe cependant la mise en œuvre et l’application de ces nouveautés législatives se sont avérées plutôt floues, voire même discrétionnaires. Bien qu’il ait disposé de tout le temps et la latitude nécessaire, le gouvernement aurait pu passer davantage de la parole aux actes.

Le nouveau gouvernement, quoique minoritaire, a démontré dès le début de son mandat une détermination remarquable à bien vouloir appliquer les trois piliers du développement durable. En effectuant un virage à 1800, cette nouvelle gouvernance prend le beau risque d’essayer de combler les besoins de la société québécoise sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs, et ce, autant au niveau environnemental, social qu’économique.

De prime abord, quel honorable cadeau que de sortir une nation du nucléaire! N’oublions pas que Gentilly-II a déjà généré des milliers de tonnes de déchets radioactifs entreposés sur place et dont la durée de vie dangereuse se calcule quelques fois en dizaines de milliers d’années. Une réfection estimée à 4,3G$ afin de préserver 800 emplois??? Le calcul est simple : 5 375 000$ par emploi sauvé! En avons-nous les moyens et surtout en avons-nous réellement besoin? Cette centrale, arrêtée depuis juillet dernier suite à de nombreuses fuites d’eau lourde, ne représentait que 3% de l’électricité québécoise.

Il faut également souligner la tout aussi responsable décision d’interdire toute exploration et exploitation du gaz de schiste. Ces activités auraient définitivement contaminé des quantités pharaoniques d’eau et mis du même coup en péril les sources d’approvisionnement en eau potable de la population autant en qualité qu’en quantité. Toutefois, puisque les problèmes de contamination déjà identifiés ailleurs dans le monde sont davantage liés à la technique d’exploitation qu’à la ressource elle-même, le moratoire imminent devrait, en plus d’interdire l’exploration et l’exploitation de cette ressource fossile, empêcher toute fracturation hydraulique sur le territoire québécois.

Que dire maintenant de la mine Jeffrey? Il faut se rappeler que le 18 janvier 2011 les directions de la santé publique (DSP) des 18 régions sociosanitaires du Québec répétaient à monsieur Clément Gignac l’existence du lien causal scientifiquement reconnu entre l’exposition à l’amiante chrysotile et l’incidence de l’amiantose, du mésiothéliome et du cancer du poumon. Combinée avec le désir de l’Organisation Mondiale de la Santé de bannir cette substance fibrogène et cancérogène, cette recommandation de la DSP aurait dû inciter l’ancien gouvernement à annuler la garantie de prêt de 58M$ promis à la mine. Et pourtant! Il a fallu attendre le changement de garde du 4 septembre dernier pour voir nos élus prendre cette décision, difficile certes, mais combien salvatrice pour tout humain digne de ce nom.

Du point de vue social, le nouveau gouvernement s’est empressé, à notre grand soulagement, d’écouter la position des étudiants, indignés par une augmentation sauvage de 75% des frais de scolarité en 5 ans et d’abroger la loi 12 qui, selon la Commission des droits de la personne, « portait atteinte […] aux libertés de conscience, d’opinion, d’expression, de réunion pacifique et d’association » énoncées dans la Charte. En conjuguant cette mesure à la disparition graduelle de la taxe santé de 200$ par année, il appert que nos élus cherchent vraiment à diminuer les inégalités sociales plutôt qu’à les exacerber.

Le poids de ces mesures sociales et environnementales sera assumé par la frange de la société civile la plus apte à le faire : les mieux nantis. Pour ceux et celles gagnant plus de 130 000$ par année, le taux d’imposition passerait de 24% à 28% tandis que pour ceux et celles dont le revenu annuel dépasse le quart de million de dollars, ce taux serait fixé à 31%.

En ajoutant ces mesures à une révision du calcul des redevances minières, on peut s’attendre à ce que ces annonces ne fassent pas l’unanimité. Combien seront-ils à revendiquer le titre de riches indignés? Aucune idée, mais ils seront sûrement moins nombreux que les étudiants du «printemps érable» et que les indignés du printemps dernier. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir qu’ont ces gens à conserver pour eux la richesse qui devrait être mieux répartie et surtout qui ne devrait pas provenir d’une détérioration éhontée de notre écosystème.

Quand un changement vise à améliorer le sort d’une majorité nécessiteuse au détriment d’une minorité déjà grassement sclérosée en respectant davantage notre écosystème, il mérite au moins d’être encouragé.

Marie-Claude Pelchat, philosophie CBA

Nicolas Rochette, mathématiques, CBA

mercredi 7 novembre 2012

Accroissement de la recherche dans les cégeps : des enjeux importants à soupeser

Accroissement de la recherche dans les cégeps : des enjeux importants à soupeser

Le dernier congrès de la Fédération des cégeps, tenu à Québec les 24 et 25 octobre et intitulé Les cégeps, moteurs de recherche, a examiné la question de l’élargissement et du renforcement de la mission de recherche au niveau collégial. Les cégeps font de la recherche pédagogique depuis au moins 40 ans. Ils ont également donné naissance aux Centres collégiaux de transferts de technologie et de pratiques novatrices (CCTT) dont les premiers sont apparus il y a 30 ans. Actuellement, dans le réseau, l’on trouve 40 CCTT qui effectuent de la recherche et du transfert technologique et six CCTT en pratiques sociales novatrices (PSN), tous membres du Réseau Trans-tech :  http://reseautranstech.qc.ca/   Ainsi, une authentique tradition de recherche est apparue dans plusieurs collèges et elle s’exprime à travers une quantité appréciable de projets financés par différents programmes : PAREA, PART, etc.

Si l’enseignement demeure la mission centrale des cégeps, un accroissement des activités de recherche aura nécessairement un impact significatif sur la structure et le fonctionnement du réseau collégial. Lors du congrès, une table ronde a été organisée pour discuter des motifs qui poussent la Fédération des cégeps à souhaiter prendre cet important virage. Pourquoi effectuer davantage de recherche dans les cégeps, quel type de recherche y faire et comment? Un impressionnant panel a été réuni pour en débattre : Luc Desautels, président de l’Association pour la recherche au collégial (ARC); Yves Gingras, historien et sociologue des sciences, UQAM;  Hélène P. Tremblay, ex-sous-ministre adjointe à l’enseignement supérieur (MELS) et ex-présidente du Conseil de la science et de la technologie; Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec; Jean Trudelle, ex-président de la FNEEQ et professeur de physique; le tout animé par Michel Venne de l’Institut du Nouveau Monde (INM). 

Si cette avenue de travail paraît fort alléchante et prometteuse, reste que ce virage ne s’effectuerait pas sans risques. Parmi les enjeux soulevés lors de la discussion, il y a celui de voir les cégeps se transformer en une pâle imitation des universités. En renforçant la dimension recherche, qu’est-ce qui distinguerait désormais les cégeps des universités? La tension que l’on observe dans les universités entre la mission d’enseignement et celle de la recherche se reproduirait-elle au collégial? L’un des reproches fréquemment entendus au sujet des universités québécoises est le peu d’intérêt que l’on semble accorder à l’enseignement. Les étudiantes et étudiants de premier cycle sont-ils vraiment bien servis dans un modèle qui fait une large place à la recherche? Les cégeps ne risqueraient-ils pas de tomber dans le même piège? Par ailleurs, historiquement, les fonds de recherche sont généralement attribués à des détenteurs de doctorat. Pour développer la recherche au collégial, il faudrait modifier les règles de certains programmes de soutien à la recherche pour les rendre davantage accessibles aux détenteurs de maîtrise. Cela aurait-il un impact sur la qualité ou le type de recherche autorisé? Quels impacts cela aurait-il également sur la tâche des enseignants, qui serait nécessairement à réévaluer? Ne risquerions-nous pas de voir apparaître deux classes de professeurs? Par ailleurs, une autre question se posera inévitablement : comment financer suffisamment la recherche au collégial à une époque où la plupart des institutions publiques crient famine?  D’où viendront les fonds? Par delà ces enjeux, les intervenants étaient assez d’accord pour dire que, si la recherche se développe davantage au collégial, il faudra qu’elle le fasse avec sa spécificité propre, tant dans le type de recherche à privilégier que dans la manière de le faire.


Les arguments favorables à l’expansion de la recherche dans les cégeps sont assez évidents : soutien au développement régional, production d’innovations technologiques, rôle actif dans la croissance économique, développement d’une expertise riche et d’une main-d'œuvre très qualifiée, capacité d’attraction et de rétention de divers spécialistes vers les cégeps, financement accru des activités collégiales, visibilité plus grande des cégeps, contribution à l’essor de la société québécoise… Toutefois, un certain nombre d’enjeux également importants à soupeser n’ont pas été abordés clairement. Par exemple, si le secteur privé y investit davantage, quels types de liens se tisseront entre le réseau collégial public et les entreprises privées? Qu’arrivera-t-il lorsque des innovations lucratives auront été mises au point? Comment se partager les redevances? Dans le présent univers techno-industriel, où l’innovation peut se transformer en profit, quelle place fera-t-on aux sciences humaines et à des domaines comme les arts ou la philosophie? Seront-ils encore les parents pauvres de la recherche, comme on le constate dans les universités? Pour toutes ces raisons, il y a clairement matière à avancer prudemment.

En somme, voici quelques enjeux importants qui se posent autour de l’accroissement de la recherche au collégial:

-          Maintien de la spécificité de l’ordre collégial…
-          Développement d’une approche originale, différente des universités…
-          Maintien de la priorité à l’enseignement, en évitant notamment que les étudiants ne fassent les frais du développement de la recherche…
-          Évaluation de l’impact sur la tâche des enseignants et des tensions possibles autour de l’apparition d’un statut de chercheur créant deux classes de professeurs…
-          Embauche de personnel qualifié en recherche… 
-          Définition des liens entre les institutions d’enseignement et les entreprises collaborant ou bénéficiant des travaux de recherche…
-          Définition du partage des redevances, le cas échéant (Éviter le « public risk, private profit »)… 
-          Poursuite de la tradition de la recherche pédagogique…
-          Croissance probable du secteur technique…
-          Place qui sera faite à la recherche liée aux sciences humaines, aux arts, aux lettres et à la philosophie…

Maintenant que cette pratique est établie, elle croitra sur sa lancée, inévitablement. Reste à veiller à ce que cette transformation de l’ordre collégial demeure positive et profite à tous.

Claire Denis
Cégep de Sherbrooke

dimanche 4 novembre 2012

Arts et lettres en Culture et communication; un camouflet au programme de Sciences humaines


Arts et lettres en Culture et communication;
un camouflet au programme de sciences humaines

Tout le monde le moindrement informé dans le petit monde collégial le sait : le programme d’Arts et lettres est en révision et un  projet quasiment final a été déposé. Il est tard pour réagir puisque selon l’échéancier déterminé par le MELS, le programme réformé aurait dû être adopté cet automne.[1] Mais il est encore temps, du moins espérons-le.
Le processus de révision du programme a suivi son cours normal. On a demandé aux universités quelles étaient leurs attentes. On a consulté les acteurs impliqués dans le programme. Le Comité-conseil du programme d’Arts et lettres a dû être impliqué à toutes les étapes du processus... À la suite de ces consultations, et après des discussions probablement animées, on a fini par bâtir le projet de réforme qu’on connaît. Ainsi, Arts et lettres deviendrait Culture et communication![2]
Pour avoir passé par là en sciences humaines, on sait que les attentes des universités ont un poids très importants dans la décision de réformer un programme pré-universitaire. Regardons donc les attentes des universités, attentes très légitimes évidemment. De prime abord, on constate qu’elles concernent beaucoup les sciences humaines. Ainsi, lorsqu’on consulte le document sur le Profil attendu par les universités chez les diplômées et diplômés d’Arts et lettres, on lit dès le premier point l’attente suivante :
 
La personne diplômée est apte à exploiter des connaissances générales et des éléments de culture en lien avec les disciplines du programme Arts et lettres (histoire, géographie, littérature, politique, actualité, arts, philosophie, anthropologie, etc.)[3]

Allô?! Histoire, géographie, politique, anthropologie, n’est-ce pas là des disciplines des sciences humaines ?  Combien de cours d’histoire les étudiants d’Arts et lettres suivent-ils dans leur programme ? Combien de cours de géo, de politique, d’anthropologie ?
Ou bien on a l’intention d’intégrer dans le programme Culture et communication de vrais cours de sciences humaines, ou bien on se moque des sciences humaines.  Ou bien, on a erré!
Dans le deuxième point, on lit ceci : «La personne diplômée est apte à exploiter des connaissances disciplinaires spécifiques de base liées aux domaines des arts, des lettres et langues, des sciences de l’éducation et des sciences humaines.»[4]
Une fois de plus, on sollicite les sciences humaines! Super! Ou bien on a l’intention d’intégrer dans le programme Culture et communication de vrais cours de sciences humaines, ou bien on se moque des sciences humaines.  Ou bien, on a erré!
Choses certaines cependant, les universités semblent être vraiment préoccupées par le fait que les étudiants qui arrivent dans leurs facultés devraient avoir des notions de base en sciences humaines. Cela devrait faire partie de leur bagage culturel.
Vérifions maintenant comment se traduisent ces attentes des universités dans les Objectifs et standards du programme révisé. Verra-t-on l’apport important des sciences humaines apparaitre dans le programme réformé ? Je ne suis pas sûr! 
On sait d’abord que les étudiants de Culture et communication pourront peut-être suivre quelques cours complémentaires en  sciences humaines. Je dis peut-être car nous savons que les cours complémentaires en sciences humaines sont noyés dans une mer de six domaines d’études différents.
En ce qui a trait à la formation spécifique du programme, on a formulé 5 objectifs communs au programme :
XX00 : Expliquer les caractéristiques essentielles d’un champ culturel dans une perspective sociohistorique.
XX01 : Appliquer des méthodes permettant l’étude en culture et communication.
XX02 : Critiquer des objets culturels.
XX03 : Analyser des enjeux historiques et nationaux en culture et communication.
XX04 : Démontrer l’intégration personnelle d’acquis en culture et communication.[5]
Les compétences 00 et 03 s’apparentent à mes yeux à des sciences humaines. En fait, on est en plein dans le champ des sciences humaines! On a juste à regarder les critères de performance de chacune de ces compétences pour se rendre à l’évidence…

01
·        Utilisation appropriée de concepts et de méthodes propres à l’analyse sociohistorique et socioculturelle.
03
·        Utilisation appropriée de concepts et de méthodes propres à l’analyse sociohistorique et socioculturelle.
·        Identification appropriée du processus de légitimation culturelle. [6]

Voilà donc… Il y a là matière à introduire dans ce programme réformé au moins un cours d’histoire et un cours de sociologie. Ce serait bien cela de pris! Est-ce prévu? Je ne crois pas que ce soit l’intention des acteurs de ce programme d’introduire des cours de sciences humaines. Pourtant, il me semble que ça devrait être le cas.
Maintenant, comme professeur œuvrant dans le programme de Sciences humaines,  je me sens coincé. Introduira-t-on véritablement des cours de sciences humaines dans le programme de Culture et communication? Je le souhaite ardemment – au moins autant que les universités!
Et s’ils introduisent vraiment des cours de sciences humaines dans ce programme, seront-ils donnés par des profs patentés ayant  le diplôme dans la discipline? Je ne crois pas – non plus.  Pourtant, on ne fait pas donner des cours de génie civil par des profs spécialistes en travail social! Et on ne fait pas donner des cours propres au travail social par des ingénieurs! Alors, pourquoi les cours de sciences humaines devraient être enseignés par des spécialistes de la littérature?
Par respect pour les disciplines de sciences humaines,  je crois qu’il faut réagir à ce projet. S’ils n’introduisent pas de cours de sciences humaines dans le programme «Culture et communication», ce sera quasiment un détournement de réforme. Les universités s’y attendent! Et s’ils en introduisent (ce qui me surprendrait!), il faudra veiller à ce qu’ils soient donnés par des profs réputés compétents pour le faire. Sinon, c’est irrespectueux!
J’espère simplement que le programme intitulé «Culture et communication»  n’est pas uniquement un exercice de marketing fait dans le but d’attirer une clientèle qui se dirige traditionnellement en sciences humaines. Ce serait se moquer des sciences humaines… et on aurait erré!!!

Michel Huot, secrétaire du RSHCQ



[1] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Travaux de révision  du programme d’études préuniversitaires  arts et lettres (500.a1), année 2012, [En ligne], http://www.mels.gouv.qc.ca/ens-sup/ens-coll/COMITE/3fev2012.pdf (Page consultée le 31octobre 2012)
[2] Note : Que voilà un beau profil du programme de sciences humaines!
[3] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT,  Profil attendu par les universités chez les diplômées et diplômés d’Arts et lettres, Québec, 2012.
[4] IBIDEM
[5] QUÉBEC, MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DES LOISIRS ET DU SPORT, Culture et communication -programme d’études préuniversitaires - 500.xx (PROJET), Québec, 2012, p. 13.
[6] IDEM., p. 17 et 21.

lundi 29 octobre 2012

Arts et Lettres ou Culture et Comminication???


Le programme Culture et communication  alias  Arts et lettres : le changement de nom se concrétise…

Concernant le projet de refonte du programme Arts et lettres, à la suite d’une consultation assez large, il semble que la version définitive du nouveau programme sera prête pour les Fêtes. Pour l’instant, au MELS, une équipe travaille à rajuster la version préliminaire de ce programme qui tiendra compte de certains commentaires émanant du réseau. Le titre Culture et communication (500.xx) ne fait pas l’unanimité, mais on maintient le cap pour l’instant, malgré les critiques soulevées. En ce qui a trait aux effets que ce choix aura sur le programme Sciences humaines, cela reste à voir. Cependant, les programmes universitaires en communication font largement appel aux sciences humaines, dans leur démarche scientifique notamment. Il est clair que le choix des concepteurs du nouveau programme, qui valorise la nouveauté, ne respecte pas les compétences des sciences humaines et empiète, à sa face même, sur notre champ d’études.  
 
 
Le printemps dernier, une lettre[1] a été adressée à la Direction des études collégiales pour présenter le point de vue du comité d’enseignants et d’enseignantes des sciences humaines.  Également, des pressions ont été faites sur les directions des études, dans plusieurs collèges, par les coordinations de programme de Sciences  humaines --- parfois aussi par les coordinations d’Arts et lettres qui ne sont pas en accord avec ce changement--- pour tenter de faire modifier le titre proposé du programme et le libellé de quelques compétences. Il n’est pas trop tard pour effectuer de nouvelles pressions sur votre direction des études, pour faire valoir le sentiment d’empiètement sur les compétences de sciences humaines et le risque de conflit qui pourrait en découler… Sans monter aux barricades, reste que, encore une fois, les sciences humaines se font dépouiller sans que cela ne choque personne… Que dire également de la disparition des Lettres de l’offre de programmes au niveau collégial??? Restera le petit programme Sciences, lettres et arts pour représenter ce vaste champ d’études… Y a de quoi s’interroger et s’indigner…   
 
 
N’hésitez pas à signifier votre désaccord et à exiger une intervention auprès du MELS. Il faut signifier clairement, possiblement par l’entremise de votre comité de programme ou en amenant le sujet à votre Commission des études, que les professeurs des Sciences humaines n’apprécient pas la situation et s’opposent à cette orientation! Éventuellement, dans nos cégeps respectifs, pourquoi ne mettrions-nous pas sur pied des profils Communication en Sciences humaines? Cela montrerait peut-être le côté absurde de la situation?  Si nous ne disposons que de peu de pouvoir pour influencer le processus de révision d’un programme, surtout lorsque ce n’est pas le nôtre, nous avons, à tout le moins, le pouvoir de ne pas nous laisser damer le pion sans rien dire!  
 
Claire Denis 
Cégep de Sherbrooke
Responsable du Comité d’enseignants et d’enseignantes du programme préuniversitaire
Sciences humaines
 
P.S.: Pour ceux qui veulent suivre cette refonte du  programme d'Arts et Lettres, voici de bonnes  adresses pour alimenter votre réflexion :
 


[1]  Si vous souhaitez une copie de cette lettre, demandez à votre coordonnateur de programme qui est habituellement celui ou celle qui représente votre collège au Comité d’enseignantes et d’enseignants du programme Sciences humaines. Vous pouvez également communiquer avec moi pour en obtenir une copie.  

mardi 9 octobre 2012

Écoutez cela - ça fait du bien aux sciences humaines !

Liz Coleman, présidente de l'université Bennington au Vermont, appelle à une réforme en profondeur des sciences humaines. Un discours de 18 minutes qui fait réfléchir... Rapidement résumé, disons qu'elle croit que, pour plusieurs raisons qu'elle mentionne dans son discours,  les sciences humaines n'assument plus leur fonction première : conscientiser la population et s'attaquer aux grands problèmes contemporains par l'action citoyenne... 

Elisabeth Coleman

Des développements dans le projet du monorail Trens-Québec

Depuis le début du blog, nous suivons l'aventure du monorail Trens-Québec. 

Depuis l'élection du PQ, les acteurs du  projet semblent enthousiastes - comme vous pouvez le constater dans ce courriel :
 
 
Bonjour cher(e) ami(e),
Nous avançons dans la réalisation du monorail TrensQuébec.

M. Claude Béland, ex-président du Mouvement Desjardins, fait partie de notre équipe pour que le TrensQuébec devienne une Coopérative Nationale de Transport. Celle-ci sera lancée bientôt.

Au mois d'octobre nous rencontrons les gens d'Investissement Québec pour préciser le montage financier.

Le nouveau Conseil des ministres contient plusieurs ministres favorables au TrensQuébec, dont J.-F. Lisée, Daniel Breton, Martine Ouellet et Stéphane Bergeron. Plusieurs députés sont également favorables, autant du PQ que de la CAQ. Dans ce sens, pourriez-vous nous rendre un immense service ?

Pourriez-vous envoyer un court message à votre député nouvellement élu pour l'informer et l'encourager d'appuyer le développement du Monorail au Québec ? (Courriel députés)

Aussi, auriez-vous l'obligeance d'envoyer un court message à vos amis internautes pour leur demander de visiter notre site, si ce n'est pas déjà fait ? L'onglet Vidéo donne un aperçu global du projet qui va certainement créer plusieurs milliers d'emplois au Québec.

Plus de 35 500 personnes de partout au Québec ont déjà voté pour le monorail. Avec votre appui, nous allons réussir!

Très sincères salutations,

Jean-Paul Marchand PhD coordonnateur


On redémarre…

Le Réseau des sciences humaines des collèges  du Québec

On  redémarre…

 
Le RSHCQ entreprend sa deuxième année d’existence. Pour lancer cette nouvelle année, l’exécutif du Réseau souhaite rappeler sa raison d’être et préciser la ligne éditoriale de son blogue. Le principal objectif du Réseau est de valoriser les sciences humaines et de créer un espace de discussion concernant les sciences humaines au sens large et, plus spécifiquement, le programme de Sciences humaines du réseau collégial québécois.  Le besoin de veiller à promouvoir, à défendre et à valoriser les sciences humaines est apparu suite à différents constats. En premier lieu, les participants au comité d’enseignants des sciences humaines lié au MELS ont compris que leur capacité d’influencer les processus décisionnels est extrêmement limitée, dans le cadre de cette structure.  Il ne reste que les instances patronales reliées à la Cap (Commission des affaires pédagogiques) et autres lieux de concertation de la Fédération des cégeps comme interlocuteur possible pour le programme Sciences humaines.   Souhaitons-nous réellement nous en remettre uniquement à ces instances pour déterminer les orientations à prendre concernant les sciences humaines?
 
Plusieurs programmes techniques ont des associations disciplinaires susceptibles de se mobiliser et de se concerter au besoin. En Sciences humaines, actuellement, il existe quelques associations disciplinaires fonctionnelles (économie, histoire, psychologie, sociologie…), mais aucune n’est chargée précisément de veiller à la santé du programme Sciences humaines dans le réseau collégial.  Par ailleurs, il est clair que, d’une manière générale, les sciences humaines constituent le parent pauvre de l’enseignement et de la recherche universitaires, étant donné le peu d’applications directes dans les entreprises… Un organisme capable de mobiliser, au besoin, les principaux acteurs du programme et qui crée une voix pour les sciences humaines constitue certes un atout non négligeable. Ceux qui ont à cœur les sciences humaines dans l’univers des sciences, le développement de ce programme et sa place dans les cégeps disposent désormais d’un outil permettant de veiller au grain… 
 
Concernant la ligne éditoriale de notre blogue, il est important de mentionner que les objets de réflexions pouvant être pertinents pour les membres du Réseau sont extrêmement nombreux. En plus des sujets portant sur le programme, les activités pédagogiques ou notre profession, tout ce qui concerne les sciences humaines peut faire l’objet de discussions! Les sujets sont donc pratiquement illimités.  Bien que la ligne éditoriale à privilégier soit surtout celle de l’analyse, reste que la confrontation des idées est grandement souhaitable!  Il n’existe d’ailleurs aucun groupe ou organisation dont les membres présenteraient des opinions unanimes sur tous les sujets… sauf peut-être dans le cas d’une secte… Il ne faut pas avoir peur de présenter des idées et d’en débattre. Ces échanges pourront parfois nourrir notre enseignement ou notre réflexion générale sur diverses questions de société. Ce type d’intervention sur la place publique est facilité par le Web 2.0… Profitons-en!  Il me semble que cela fasse partie de la nature même des sciences humaines de débattre et d’analyser. N’hésitez surtout pas à nous soumettre vos textes.  L’an dernier, nous avons maintenu un rythme élevé de publications… L’enthousiasme nous portait. Notre collègue Michel Huot a été particulièrement productif (et on l’en remercie). Cette année, si nous ne recevons pas davantage de textes en provenance du Réseau, le rythme des communications fluctuera selon l’inspiration et les disponibilités de l’exécutif. 
 
Le Réseau est soutenu par des bénévoles et il a besoin de renfort. Une journée d’étude et une assemblée générale ont été reportées à la suite de la grève étudiante de la session dernière. Espérons que la participation à cette journée, qui se tiendra probablement en janvier, sera à la hauteur de nos attentes. Nous souhaitons que le Réseau se développe, se renforce et que l’intérêt qu’il suscite grandisse. L’enjeu est important, il nous concerne et si nous n’assumons pas cette responsabilité,  personne ne le fera à notre place!!!

 Bonne rentrée et bon courage à nos collègues qui subissent encore les contrecoups de la grève de l’hiver dernier!  

 Claire Denis
Présidente de l’exécutif du RSHCQ
Enseignante  au Cégep de Sherbrooke